Les fortes pluies mettent en évidence les problèmes d’infrastructures municipales

Les fortes pluies qui se sont abattues sur la région de Montréal mardi ont causé des infiltrations d'eau dans certaines stations de métro.
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas
Les fortes pluies qui se sont abattues mardi sur la grande région de Montréal ont causé des dommages, inondant une centaine de sous-sols de résidences et forçant l’interruption temporaire du service sur la ligne orange du métro. Mais elles soulignent aussi la désuétude des infrastructures qui ne sont pas en mesure de faire face à des quantités de pluie aussi importantes.
En fin de journée mardi, il est tombé de 80 à 100 millimètres de pluie en très peu de temps sur la région métropolitaine. Une inondation a été rapportée par le Collège Notre-Dame-de-Lourdes, à Longueuil, ce qui force sa fermeture mercredi. Le Collège Durocher de Saint-Lambert est lui aussi fermé en raison des fortes précipitations de mardi.
À Longueuil, les secteurs de la rue Saint-Charles et du quartier Laflèche ont été particulièrement touchés.
À Montréal, les voies de circulation sous au moins cinq viaducs ont été inondées, a dit le porte-parole de la Ville de Montréal Philippe Sabourin à l’émission D’abord l’info, diffusée à ICI RDI mercredi matin. Il y a aussi eu plusieurs refoulements d’égouts et des dégâts dans des résidences. Il a déclaré que de nombreuses équipes d’urgences ont été interpellées mardi, et qu’il y a eu près de 1400 appels de citoyens pour signaler des problèmes aux services de la Ville.

Il est tombé de 80 à 100 millimètres de pluie dans la région métropolitaine de Montréal mardi après-midi.
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas
La station Square-Victoria–OACI, qui a dû être fermée en début de soirée en raison des accumulations d’eau, a pu être rouverte vers 23 h suite à nos opérations de pompage et d’assèchement
, a par ailleurs expliqué le conseiller corporatif aux relations publiques de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Déry.
Il a aussi noté que des infiltrations d’eau ont été constatées dans quelques autres stations hier soir au plus fort de la pluie, notamment Crémazie et Berri-UQAM
, mais que cela n’a pas eu d’impact sur le service du métro.
Les nouvelles stations qui seront construites, notamment pour le prolongement de la ligne bleue, seront davantage surélevées par rapport au niveau de la rue, pour une meilleure protection face aux eaux de ruissellement
, a affirmé M. Déry.
Plusieurs sections de routes ont aussi été fermées en raison des fortes pluies à Montréal, notamment dans Rosemont, sur le Plateau-Mont-Royal, ainsi que dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Les intempéries auraient aussi causé un décès. Un homme de 52 ans des Laurentides aurait perdu la maîtrise de son véhicule à Morin-Heights et il est mort, possiblement à la suite d’un aquaplanage.
Les infrastructures vieillissantes en cause
Le professeur au Département de géographie à l’UQAM et directeur du Réseau Inondations InterSectoriel du Québec, Philippe Gachon, a indiqué que ces événements seront de plus en plus fréquents avec le changement climatique, et cela constitue un problème pour nos infrastructures
. Il a fait cette déclaration à l’émission Tout un matin diffusée sur les ondes d'ICI Première mercredi matin.
Pour M. Gachon, la réalité nous rattrape. Le climat se réchauffe, et on va voir des événements comme ceux-là de plus en plus
, a-t-il expliqué. Les études montrent que le climat se réchauffe plus rapidement qu’anticipé il y a quelques années
, et que le système [d’infrastructures] actuel n’est pas capable d’accumuler ou d'évacuer très rapidement cette eau qui tombe avec une intensité très grande
.
Or, lorsque les infrastructures pluviales ont été conçues, on ne tenait pas compte du changement climatique
ni de l'intensité des précipitations
, a-t-il rappelé.
Les infrastructures municipales qui doivent faire face à ces précipitations de forte intensité sont désuètes
, a ajouté M. Gachon, et elles auraient besoin d'investissements majeurs
.

Les infrastructures de la ville de Montréal ne parviennent pas à évacuer toutes les eaux pluviales lors d'intempéries de forte intensité.
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas
Il a mentionné que les systèmes d'égouts ne sont pas adéquats, et qu’une partie des eaux usées se retrouvent dans le fleuve et dans les cours d'eau, et que bien souvent, lors des événements de fortes pluies, il y a des surverses des eaux pluviales.
Il faut revoir une partie des infrastructures pour s’assurer qu’on respecte notre environnement [et] que les eaux soient traitées.
D’après M. Gachon, les eaux pluviales à Montréal vont dans les égouts, et lors des épisodes de fortes pluies, elles se retrouvent dans le fleuve sans être traitées. Il faudrait donc des investissements, parce qu’on fait du "patchage" à l’heure actuelle
, a estimé le professeur de l’UQAM. Et il faudrait également des investissements dans la recherche pour colliger des données, plutôt que d’utiliser des hypothèses
pour prévoir les besoins des infrastructures.
Mardi, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a demandé au prochain gouvernement du Québec d’investir 2 milliards de dollars par année pendant cinq ans pour aider les municipalités à mettre à niveau leurs infrastructures vulnérables au changement climatique et les épauler dans leur transition écologique.
La Ville de Montréal devra quant à elle investir 300 millions de dollars d’ici 10 ans pour construire des infrastructures capables de drainer l’eau de pluie.
Avec les informations de Karine Bastien et Diana Gonzalez