Arénas, patinoires : la Ville de Gatineau doit-elle revoir ses ambitions?

Selon un comité d'experts, Gatineau devrait revoir à la baisse ses investissements dans les grands projets d'infrastructure.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Piscines, terrains de soccer, bibliothèques, arénas : on entend souvent que ces infrastructures manquent cruellement sur le territoire de Gatineau.
Selon le Plan financier à long terme de la Ville de Gatineau 2023-2032, présenté ce matin par un comité indépendant, il faudrait toutefois limiter les investissements dans ces projets.
Jusqu’ici, la Ville évoquait d’un montant d’un milliard de dollars dans le développement d’infrastructures au cours des prochaines années.
Or, la recommandation du comité est de limiter ces investissements à 250 millions de dollars sur 10 ans
, a indiqué le consultant Pierre Prévost qui présentait le rapport au conseil municipal.
Financer les infrastructures existantes
La recommandation est très différente en ce qui concerne les infrastructures existantes, que ce soit les routes, les centres sportifs ou les centres communautaires vieillissants.
Le comité recommande d'investir plus massivement dans le maintien et les réparations.
Plus on attend, plus le problème va grandir. On arrive à la fin de durée de vie utile des constructions [des dernières décennies], le vieillissement commence à paraître
, a indiqué Pierre Prévost.
Le comité recommande de faire passer les investissements pour la réfection et le rattrapage de 131 millions de dollars à 236 millions de dollars par année.
Les réactions du conseil municipal
Ces recommandations, qui font partie d'un plus vaste plan financier qui propose de revoir la stratégie fiscale de la Ville de Gatineau, ont fait réagir la mairesse et les conseillers municipaux mardi.
À la question de savoir si la Ville va devoir abandonner certains grands projets, la mairesse France Bélisle a répondu ceci : Je le vois plutôt comme prioriser, ce qui n’a pas été fait au cours des dernières années.
Elle a ajouté : On parle dans le rapport de 250 millions de dollars en [nouveaux] investissements, mais ça, c’est si la Ville de Gatineau joue seule. Or, dans plusieurs centres sportifs et communautaires, on a des investissements combinés avec le fédéral et le provincial.
Plusieurs conseillers municipaux ont reconnu que les discussions s’annoncent animées autour de la table du conseil, s’il faut prioriser certains projets au détriment d’autres.
Oui, on va avoir des discussions franches, mais c’est notre job, on est des adultes et j’ai hâte de ces discussions-là, parce qu’on parle des intérêts de nos citoyennes et citoyens
, a indiqué Steve Moran, le conseiller municipal du district de Hull-Wright.
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Des citoyens plus taxés qu'ailleurs
Autre question : où aller chercher l’argent pour tous ces investissements?
« Il n’y a pas tant de marge de manœuvre pour aller augmenter la taxation des citoyens. »
La charge fiscale et les taxes per capita sont parmi les plus élevées
, si l’on compare Gatineau avec d’autres villes au Québec, a-t-il ajouté, précisant qu'il y a par contre une marge de manoeuvre pour taxer davantage le non-résidentiel.
Le comité se questionne aussi sur la pertinence de conserver la taxe affectée aux infrastructures.
Depuis 2015, la Ville de Gatineau se situe pratiquement au sommet des hausses de taxes des grandes villes et la taxe dédiée n’est certainement pas étrangère à cet état
, lit-on dans le rapport.
Le comité conseille à la Ville de Gatineau d’utiliser davantage la dette, tout en se mettant des balises.
Vu la hausse des taux d'intérêt, M. Prévost a ajouté : Vous avez des liquidités, servez-vous-en dans les prochaines années
.
Diversifier les revenus
En fin de présentation, le comité a fait une série de propositions pour diversifier les revenus fiscaux.
Parmi celles-ci, il y a l’idée d’une redevance aux activités de divertissement. La Ville de Gatineau pourrait, par exemple, bénéficier de retombées financières lors d’un événement sportif ou culturel.
Autres pistes : une taxe sur les installations publicitaires, les stationnements privés, les immatriculations, ou encore une redevance sur le changement climatique.
Le conseil municipal doit maintenant débattre de ces recommandations et prendre ses propres orientations budgétaires pour les dix prochaines années.