« Je dis au peuple allez voter », François Gendron
Avec cinq partis qui sillonnent les routes du Québec en quête de votes, l'ancien député péquiste François Gendron met en garde les électeurs.

L'ancien député péquiste François Gendron au salon rouge de l'Assemblée nationale du Québec.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
En 1976, René Lévesque le surnommait le flo. François Gendron n'avait que 32 ans lorsqu'il a été élu pour la première fois. Il a ensuite été réélu sans interruption à 11 reprises dans la circonscription d'Abitibi Ouest et il détient le record de longévité à l'Assemblée nationale. En 2018, après 42 ans de vie politique, il a décidé de ne pas se représenter et son château fort est tombé aux mains de la CAQ.
Aujourd'hui, le flo est devenu le sage de l'Abitibi. À l'aube de ses 78 ans, il s'inquiète de la représentation de la pluralité des voix dans le parlement québécois.
Monsieur Legault quand il prétend qu'il veut 100, 105 députés, sur le plan démocratique ça n'a aucun sens. Ça va être un drame démocratique dans le monde du multipartisme
déclare-t-il.

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon en compagnie du candidat Samuel Doré et de François Gendron, à l'une des étapes de la campagne électorale dans l’Abitibi-Témiscamingue.
Photo : Radio-Canada / Valérie Gamache
Avec cinq partis qui sillonnent le Québec en quête de votes, François Gendron met en garde les électeurs. Il y a beaucoup moins de citoyens qui lisent les programmes électoraux et analysent les contenus.
La propension est davantage de lire et d'apprécier les commentaires des « commentateux » que d'aller consulter l'information directement à la source, d'après lui.
Mettez-vous à la place du peuple, qui ne peut pas suivre ça comme nous. [...] Bien, il a envie de dire, moi, je suis la trail.
Il ne blâme pas les électeurs, qui sont encore conditionnés à un système électoral qui oppose les deux bons vieux mêmes partis que l'on connaît depuis des décennies sous toutes leurs coutures.
Dans l'ancien style du bipartisme, on n'avait pas d'affaire à lire les deux programmes. Ils étaient tellement différents, alors qu'aujourd'hui, le populo, il se dit qu'ils sont quasiment tous pareils, ce qui est complètement faux
, affirme-t-il.
Y a-t-il trop de commentateurs et sont-ils toujours avertis?
, s'interroge François Gendron.
Le déclin du Parti québécois
À ce chapitre, il évoque ses propres craintes face à la survie du Parti québécois. Fondamentalement, je suis obligé d'en avoir, mais elles ne sont pas fondées. Elle a été écrite trop souvent. Ça fait 15 ou 20 ans qu'on assiste aux funérailles du PQ
, admet-il.
Selon l'ancien député, à partir du moment où on traite quelque chose comme appartenant au passé, il devient très difficile ensuite de remonter la pente.
Le défi de tous les partis d'opposition est donc de maintenir l'intérêt des électeurs pour qu'ils aillent voter. Mais sans une réforme du mode de scrutin, qui donnerait une meilleure représentation de la volonté populaire, il est plus difficile de croire le vieil adage qui dit que chaque vote compte, déplore M. Gendron.
On aura accentué énormément le raisonnement de beaucoup de gens qui se demandent : ça donne quoi d'aller voter?
, constate-t-il.
Dans un vibrant appel aux électeurs à se rendre aux urnes, il rappelle qu'une opposition forte donne de meilleurs gouvernements. Je dis au peuple allez voter et quand vous irez voter, pensez à l'équilibre démocratique
, conclut-il.