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L’Université Laval se défend d’allégations de censure

Panneau d’accueil de l'Université Laval en été.

Le syndicat qui représente les professeurs de l'Université Laval affirme que les plaintes à l'égard des comités d'éthique ont bondi ces dernières années (archives).

Photo : Radio-Canada / Marc-André Turgeon

À l’heure d’une rentrée marquée par un nombre d’inscriptions record et un sommet historique dans les fonds alloués à la recherche, l’Université Laval doit à nouveau se défendre d’entraver la liberté universitaire de ses professeurs.

Dans un rapport publié le 24 août dernier et dont l’existence a d’abord été rapportée par Le Devoir mercredi, le Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL) dénonce les contraintes abusives imposées à ses membres en matière d’éthique.

Le SPUL a recueilli au cours du printemps les témoignages d’une cinquantaine de professeurs qui se plaignent des difficultés rencontrées dans leurs interactions avec les Comités d’éthique et de la recherche de l’Université Laval (CÉRUL).

Plusieurs reproches

Interventions intrusives et excessives, refus injustifié de pratiques de recherches largement reconnues, application uniforme de critères standardisés qui stérilise la créativité en recherche, récurrence de délais déraisonnables dans le traitement des demandes d’approbation éthique, etc. : la liste des griefs formulés à l’endroit des CÉRUL est longue.

Le campus de l'Université Laval en automne.

Le SPUL affirme que les récits recueillis «témoignent du désarroi et de la détresse des chercheurs» (archives).

Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin

Plusieurs témoins allèguent que les multiples exigences tatillonnes des CÉRUL trahissent une volonté de protéger à tout prix la réputation de l’Université Laval et de mettre l’institution à l’abri d’éventuelles poursuites.

Ce n’est pas l’éthique qui est en jeu, mais plutôt la protection de l’Université contre toute forme de recherche qui pourrait éventuellement donner lieu à des critiques ou des plaintes ou qui pourrait nuire à sa réputation, écrit l’un des participants à l’enquête du SPUL.

La responsable du dossier au sein du syndicat, Madeleine Pastinelli, affirme que les contraintes abusives dénoncées par les professeurs n’ont pas leur raison d’être dans un contexte universitaire.

C’est vraiment fondamental. Pour qu'on puisse faire avancer les connaissances et faire un vrai travail scientifique, il faut qu'on puisse poser les questions qu'on a envie de poser. Il faut, dans le respect des règles existantes bien sûr, qu'on puisse adopter les méthodes qu'on juge les plus appropriées et les plus pertinentes et donc, qu'il n'y ait pas de limitation de quelque nature que ce soit, insiste-t-elle en entrevue à Radio-Canada.

Mme Pastinelli lors d'une entrevue sur le campus de l'Université Laval, en été.

La liberté universitaire est quelque chose de «vraiment fondamental», insiste Madeleine Pastinelli.

Photo : Radio-Canada

Invitée à commenter les témoignages recueillis par le SPUL cités dans Le Devoir, la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, a fait part de son étonnement.

Pas un prétexte valable

Elle a indiqué que la préservation de la réputation de l’institution ne pouvait justifier l’imposition d’obstacles à un projet de recherche.

C'est certain que la lecture de ce passage-là nous a surpris et ce n'est pas une pratique qu'on connaît. Donc, c'est clair que ça surprend et les comités d'éthique ne peuvent pas bloquer un projet sous ce prétexte-là. Les professeurs ont le droit de critiquer l'Université, a assuré la rectrice.

« À l’Université, on peut aborder tous les sujets et on s'anime autour de ces questions importantes [...] On cherche à [...] protéger cet espace-là. C'est très, très important. C'est l'essence même d'une université. »

— Une citation de  Sophie D’Amours, rectrice de l'Université Laval

De son côté, la vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation, Eugénie Brouillet, s’est engagée à faire la lumière sur les problèmes soulevés par le SPUL et à apporter, si besoin est, les correctifs qui s’imposent.

On est toujours en mode dialogue avec toutes les parties prenantes et c'est certain qu'au cours des prochains mois, on va analyser le tout et s'il y a des ajustements à faire à cet égard-là, bien évidemment qu'ils seront faits, a-t-elle assuré.

Sophie D'Amours écoute la question d'un journaliste lors d'une conférence de presse. Elle est assise à côté du vice-recteur André Darveau.

Sophie D'Amours assure que tous les sujets peuvent être abordés à l'Université Laval. «C'est l'essence même d'une université», dit-elle.

Photo : Radio-Canada / Bruno Boutin

Inscriptions en hausse

Mmes D’Amours et Brouillet ont réagi à la problématique soulevée par le SPUL en marge d’une conférence de presse visant à marquer la rentrée universitaire automnale.

Malgré les restrictions liées à la pandémie, l’institution rapporte une augmentation des inscriptions étudiantes de 11,6 % au cours des cinq dernières années. De plus, pour la première fois de son histoire, ses fonds de recherche ont franchi la barre du demi-milliard de dollars, atteignant 515 millions $ en 2021-2022.

Même si les statistiques finales ne seront pas connues avant le 20 septembre, date limite pour modifier ou annuler ses choix de cours, l’Université Laval anticipe déjà une hausse des inscriptions de 20 % au cours de la présente session.

Avec la collaboration de Marie-Pier Mercier et de Pierre-Alexandre Bolduc

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