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La police d’une ville ontarienne veut avoir accès aux caméras de surveillance de citoyens

À Greenstone, les citoyens peuvent offrir leurs images de caméras de surveillance si la police en a besoin. Un élu croit que l’initiative peut améliorer la sécurité publique, tandis qu’une professeure de droit y voit des problèmes relatifs à la protection de la vie privée.

Une caméra de surveillance à 360 degrés

La Police provinciale de l'Ontario propose aux citoyens de mettre à sa disposition leurs caméras de sécurité à l'aide d'une base de données.

Photo : Credit: iStock

Le détachement de Greenstone de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) a lancé la semaine dernière un programme qui permet à des citoyens de partager volontairement les images de leurs caméras de sécurité à la maison afin qu'elles puissent être utilisées dans des enquêtes sur des crimes.

Dans un communiqué de presse publié le 31 août, la PPO de Greenstone a invité la population de la région à participer à son programme d’Aide numérique.

La police demande à toute personne intéressée de remplir un formulaire pour donner quelques informations sur elle et sur le système de surveillance par caméra qu’elle a à la maison.

La PPO affirme que ce projet ne force pas les individus à donner accès aux images de leur caméra. Seules les données de contact seront préservées dans des serveurs sécurisés.

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Lors d’une enquête, la PPO révisera la liste des participants au programme pour savoir qui contacter afin d’obtenir les images des caméras.

Brian Frost, porte-parole de la PPO, affirme que depuis le début du programme, celui-ci a reçu un peu d’intérêt, mais que le service de police souhaite inciter plus de gens à y participer.

Rénald Beaulieu devant un terrain vague.

Le maire de Greenstone, Rénald Beaulieu

Photo : Radio-Canada Martine Laberge

Le maire de Greenstone, Rénald Beaulieu, affirme qu’il n’avait pas reçu les fins détails du programme, mais qu’il s’agit d’une bonne idée pour la communauté.

C’est un peu comme être témoin de quelque chose sans avoir rien à faire avec ça parce que ça peut être ton voisin qui s’est fait défoncer; c’est un peu comme un programme de surveillance citoyen des voisinages, indique-t-il.

Selon lui, beaucoup de gens de la région ont déjà plusieurs caméras pour surveiller leur propriété.

Comme plusieurs autres dans la région, j’ai plusieurs caméras à mes commerces, à ma maison que j’ai à Longlac, dans mes bureaux, et puis ce n’est pas des caméras pour tout le monde, mais si je me fais défoncer ou que quelqu’un rentre chez nous, c’est une bonne chose que la police ait ces images-là, ajoute-t-il.

Il affirme que la PPO travaille depuis plusieurs années à des stratégies communautaires de sécurité à Greenstone.

Des problèmes de protection de la vie privée?

Selon Céline Castets-Renard, professeure titulaire à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, la création d’un programme comme celui de Greenstone pose plusieurs problèmes relatifs à la protection de la vie privée.

Elle craint notamment que ce type de programme ajoute une couche de surveillance dans la société.

Quand on est dans des espaces publics, on peut plus s’attendre à être observés, on peut dire qu’on a peut-être moins de vie privée dans les lieux publics. En revanche, quand il s’agit plutôt d’espaces privés, on parle des maisons ou de jardins, on peut penser qu’on est dans des espaces privés et qu’il n’y a pas nécessairement de partage d’informations, explique-t-elle.

Si le service de police affirme que les données sont sécurisées, Mme Castets-Renard croit que les images peuvent être à risque à partir du moment où on choisit de les transférer à la police.

Le risque zéro n’existe pas même si on est la police, surtout à partir du moment où il faudra interagir avec des systèmes privés, dit-elle.

Céline Castet-Renard devant une bibliothèque.

Céline Castets-Renard pense que ce type de programme accroît la surveillance, même dans les lieux privés.

Photo : Radio-Canada / Francis Beaudry

Elle indique que les images des caméras privées pourraient être les plus vulnérables aux cyberpirates à partir du moment où il y aura un échange d’informations.

Et les données qui pourraient faire l’objet de fuite sont importantes, selon Mme Castets-Renard.

Il suffit de reconnaître les lieux et de croiser avec les informations immobilières pour identifier les personnes, voir encore plus directement avec le modèle de véhicule et la plaque d’immatriculation, bien évidemment ce sont des informations très personnelles, explique-t-elle.

On peut aussi en savoir plus sur nos allées et venues et aussi sur qui vient chez nous, donc il y a un risque pour la vie privée, ajoute-t-elle.

Mme Castets-Renard rappelle que les caméras de surveillance, bien que technologiquement avancées, ne peuvent pas raconter toute l’histoire et que les corps policiers qui les utilisent et les citoyens qui les consultent doivent respecter la présomption d’innocence des personnes que l'on voit sur les images.

Selon le maire de Greenstone Rénald Beaulieu, le caractère volontaire de participation au programme est un facteur qui aide à la protection de la vie privée.

Gaston St-Onge, agent enquêteur au détachement de Geraldton de la PPO, assure que le transfert des données des citoyens va se faire de façon sécurisée et sans la participation de la police.

Avec le consentement des citoyens, nous allons leur donner une clé USB, sur laquelle ils vont eux-mêmes mettre les images demandées, pour ensuite la prendre directement pour l’utiliser dans l’enquête, indique-t-il. Il ajoute que les données vont être utilisées seulement par la police.

Un programme permis par les lois ontariennes

Du côté du Bureau de la commissaire à l’information et à la vie privée de l’Ontario (CIPVP), on indique que la PPO n’a pas consulté le bureau de la commissaire avant de mettre en place son programme d’Aide numérique, mais que la loi ne les force pas de le faire.

Dans un communiqué de presse, la CIPVP indique qu’une telle consultation est recommandée.

La CIPVP indique que les lois ontariennes sur la vie privée permettent la collecte d’informations sur la vie privée pour mener des enquêtes.

Les corps policiers doivent toutefois s’assurer d’avoir l’autorisation légale de collecter ces images tant auprès des propriétaires des caméras que des personnes qui sont filmées par celles-ci.

Le communiqué indique que les organismes sont encouragés à consulter largement avant d’implanter ces programmes, notamment auprès des communautés qui pourraient se retrouver disproportionnellement affectées par ce type de surveillance.

Avec des informations de CBC

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