Les conservateurs britanniques choisissent Liz Truss pour succéder à Boris Johnson

Liz Truss deviendra la troisième femme première ministre du Royaume-Uni, après Margaret Thatcher et Theresa May.
Photo : La Presse canadienne / AP / Victoria Jones
Liz Truss a remporté lundi la course pour succéder à Boris Johnson et devenir première ministre britannique avec, pour défi immédiat, de s'attaquer à la crise historique du pouvoir d'achat qui frappe le Royaume-Uni.
Mme Truss, qui a mené une campagne très à droite axée sur les baisses d'impôt, deviendra mardi la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May.
Sans surprise, la ministre des Affaires étrangères âgée de 47 ans s'est imposée (57 %) devant son ancien collègue des Finances Rishi Sunak (43 %), selon les résultats annoncés par Graham Brady, responsable de l'organisation du scrutin interne déclenché par la démission de Boris Johnson au début juillet.
La sélection de Mme Truss a été annoncée lundi à Londres, après une course à la direction de deux mois, au terme de laquelle seuls les 180 000 membres cotisants du Parti conservateur étaient autorisés à voter. Elle accédera automatiquement au poste de première ministre en raison de la majorité dont bénéficient les tories à la Chambre des communes.
La reine Élisabeth II devrait nommer formellement Mme Truss mardi. La cérémonie aura lieu en Écosse, où la monarque est en vacances, plutôt qu'au palais de Buckingham à Londres. Durant ses 70 ans de règne, la reine a vu se succéder 15 chefs gouvernement, en incluant Liz Truss.
Sitôt élue, Mme Truss a livré un discours devant les membres du Parti conservateur.
Je proposerai un plan audacieux pour réduire les impôts et développer notre économie. Je m'attaquerai à la crise de l'énergie, en m'occupant des factures d'énergie des contribuables [...] mais aussi aux problèmes d'approvisionnement à long terme que nous avons.
Restée fidèle jusqu'au bout à Boris Johnson – qu'elle a fait applaudir en énumérant le Brexit, sa victoire face aux travaillistes et son soutien à l'Ukraine –, Liz Truss va s'installer au 10 Downing Street dans un contexte économique et social explosif, marqué par une inflation qui dépasse les 10 %, une hausse exorbitante des factures d'énergie prévue à l'automne et des grèves qui s'éternisent.
Dans une campagne très à droite, parfois au point de sembler déconnectée de l'aggravation dramatique de la crise économique pendant l'été, Mme Truss – tardivement convertie au conservatisme comme au Brexit – a séduit les membres du Parti conservateur en promettant des baisses d'impôt massives et en adoptant un ton très dur contre les syndicats.
Elle a cependant refusé de dire comment elle résoudrait la crise du coût de la vie.
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Appels à la solidarité
Le premier ministre sortant Boris Johnson s'est exprimé sur Twitter à l'issue du vote pour lancer un appel à l'unité.
Félicitations à Liz Truss pour sa victoire décisive. Je sais qu'elle a le bon plan pour s'attaquer à la crise du coût de la vie, unir notre parti et poursuivre le grand travail d'unification de notre pays. Il est maintenant temps pour tous les conservateurs de la soutenir à 100 %.
Similairement, l'ancienne première ministre conservatrice Theresa May a appelé les membres de son parti à travailler ensemble pour relever les défis auxquels notre pays est confronté
, tout en garantissant son soutien à la nouvelle dirigeante.
À deux ans d'élections où l'opposition travailliste, qui dispose d'une nette avance dans les sondages, espère déloger les conservateurs au pouvoir depuis 2010, le chef du Labour Party, Keir Starmer, a d'abord félicité Mme Truss pour sa victoire avant d'imputer aux précédents mandats conservateurs des salaires bas, des prix élevés et une crise du coût de la vie
.
Le premier ministre irlandais, Micheal Martin, a fait part de son impatience alors que les relations entre les deux pays ont été affaiblies par les conséquences du Brexit.
Premier dirigeant étranger à réagir après l'annonce officielle, le chancelier allemand Olaf Scholz a fait part de sa hâte
de travailler avec la nouvelle dirigeante britannique, tandis que le premier ministre indien, Narendra Modi, s'est dit confiant
quant à un renforcement du partenariat stratégique entre les deux pays.
De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré espérer le respect intégral
des accords entre le Royaume-Uni et l'UE.
Alors que des voix se sont élevées pour demander des élections anticipées, Liz Truss a semblé exclure ce scénario, en soulignant qu'elle mènerait son parti vers une large victoire en 2024.
Les prochaines élections générales devraient avoir lieu en décembre 2024 ou en janvier 2025 au plus tard, soit cinq ans après celles qui ont conduit Boris Johnson au pouvoir.
Avec les informations de Reuters, Agence France-Presse et Associated Press