Un seul ouragan depuis le début de la saison : est-ce le calme avant la tempête?

L’an dernier à la même date, quatre ouragans s’étaient déjà formés en Atlantique Nord, faisant plus d’une vingtaine de morts au total.

Jusqu’à maintenant, c’est très, très tranquille, a indiqué Jim Prince, météorologue au Centre canadien de prévision des ouragans.

Ça progresse très lentement vers le nord-est, et il reste confiné au large des côtes. Il n'y a pas de risque majeur pour le Canada, a assuré M. Prince, qui reconnaît que Danielle se développe cependant très vite.

Une hirondelle ne fait toutefois pas le printemps : l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique prévoit cette année au moins 14 tempêtes dont 7 ouragans, parmi lesquels 3 pourraient se transformer en ouragans majeurs.

La saison des ouragans s'étend généralement de juin à la fin novembre.

La tempête tropicale Danielle est devenue un ouragan avec des vents de 120 kilomètres à l'heure. Il s'agit du premier de la saison, la plus calme en 25 ans. L'an dernier à pareille date, quatre ouragans s'étaient déjà formés dans l'Atlantique Nord faisant plus d'une vingtaine de morts. Une accalmie qui pourrait cependant être de courte durée. Les météorologues s'attendent à un rebond des activités dans les prochaines semaines. Reportage de Danielle Kadjo.

Un air sec venu d'Afrique

L'accalmie notée dans l'Atlantique Nord s'explique par la présence d’une couche d’air sec en provenance de l’Afrique, selon le Centre canadien de prévision des ouragans.

Une affirmation confirmée par Philippe Gachon, professeur de géographie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

« On a des conditions qui ne favorisent pas la formation des cyclones. Les cyclones qui se forment dans l’Atlantique sont généralement originaires des perturbations qui viennent du Sahara et qui génèrent de tempête. »

C'est pourquoi il faudra surveiller la fin de la saison des pluies [généralement au mois de septembre, NDLR] en Afrique [de l'ouest, NDLR] pour voir si elle va permettre la formation des cyclones ou des tempêtes tropicales, a-t-il fait savoir.

C'est la raison pour laquelle il appelle à la prudence : Ça ne veut pas dire qu’on n’en aura pas plusieurs [ouragans] dans les prochains mois, et en plus, une seule tempête majeure peut être à l’origine de dégâts énormes.

Mais il est difficile d’établir un lien direct de la rareté des ouragans de cette année avec les changements climatiques, prévient quant à lui Pascal Geneviève, directeur et cofondateur du Groupe conseil carbone.

« Ce qui est important avec le climat, c’est de regarder ce qui s’est passé sur plusieurs années consécutives pour pouvoir déterminer dans quels sens vont les phénomènes métrologiques »

Un contexte favorable

Malgré un silence relatif des ouragans dans l'Atlantique Nord, l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique maintient toujours ses prévisions.

M. Gachon abonde à peu près dans le même sens en affirmant que le contexte reste favorable à la formation des tempêtes.

Actuellement, les températures sont plus froides dans le centre du Pacifique que [dans] l'Atlantique, ce qui donne une probabilité de formation d'un cyclone et des températures tropicales dans l'Atlantique. Cette situation risque de perdurer jusqu'au Noël, a fait valoir l'universitaire.

Qui plus est, l'Atlantique est plus chaud que d'habitude, ce qui pourrait engendrer des tempêtes qui pourraient atteindre le nord du continent américain. Plus les températures océaniques sont chaudes, plus il y a de chances de voir naître des tempêtes plus intenses. Et l'Atlantique se réchauffe plus rapidement que les autres océans.

Non seulement [...] il se réchauffe en surface, mais aussi en profondeur et pouvant atteindre 2000 mètres dans certains secteurs de l’océan, a-t-il indiqué.

Avec les informations de Danielle Kadjo