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La Vérif : y a-t-il vraiment plus de Québécois qui ont accès à un médecin?

Christian Dubé et François Legault.

François Legault promet de former 5000 professionnels de la santé, dont 660 médecins, d'ici quatre ans.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Potvin

Nahila Bendali

La Coalition avenir Québec (CAQ) promet de former et de recruter davantage de médecins et de professionnels de la santé. L’accès à un médecin de famille reste difficile dans la province. Le chef caquiste s’est vanté d’avoir augmenté le nombre de Québécois ayant accès à un médecin de famille ou à un groupe de médecine de famille (GMF). Mais qu’en est-il vraiment?

Lors de son point de presse jeudi, François Legault a affirmé : Aujourd’hui, on a 6,7 millions de Québécois qui ont accès à un groupe de médecins de famille. C’est 300 000 de plus que ce que les libéraux nous avaient laissé.

Le chef caquiste a raison… mais il ne dit pas tout.

Selon les indicateurs du ministère de la Santé et des Services sociaux, 6,4 millions de Québécois avaient accès à un médecin de famille quand la CAQ est arrivée au pouvoir en octobre 2018.

Ce nombre a fluctué au cours du mandat caquiste. À la fin 2020, la barre des 6,6 millions d’inscrits a été franchie… avant de redescendre en juin 2022, au même point qu’en octobre 2018.

Et puis, tout juste avant les élections, le ministère de la Santé annonçait l’inscription de près de 300 000 patients à un médecin de famille, ou à un GMF.

Cela veut dire que ces patients pourront faire appel à une équipe interdisciplinaire de première ligne, que ce soit un médecin ou un autre professionnel de la santé, par exemple. Ces patients ne sont pas nécessairement attribués à un omnipraticien en particulier.

C’est le résultat d’une entente conclue avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) au printemps dernier.

Quelques personnes sont assises dans la salle d'attente d'un groupe de médecine de famille.

Au total, environ 500 000 patients devraient être pris en charge par des GMF d'ici mars 2023.

Photo : CISSS de l'Outaouais

Toujours plus de patients en attente

Mais parallèlement, le nombre de Québécois inscrits au Guichet d’accès à un médecin de famille dans l’espoir d’obtenir un médecin ou d’être attribués à un GMF, a pratiquement doublé depuis le début du règne de la CAQ.

Ils étaient environ 488 000 en octobre 2018. En date du 15 août, ils sont plus de 834 000.

Ce n’est pas tout le monde à la recherche d’un médecin qui est inscrit sur cette liste. Selon le MSSS, il y a 1,2 million de patients orphelins au Québec.

Comment se fait-il qu’il y ait plus de patients qui ont accès à un médecin de famille ou à un GMF, mais que le nombre de ceux inscrits au Guichet d’accès ne baisse pas?

Le professeur à l'École de santé publique de l’Université de Montréal Régis Blais propose une analogie simple : C’est un peu comme la logique du nombre d’emplois qui augmente, alors que le taux de chômage augmente : c’est parce que le nombre de personnes qui cherchent du travail a augmenté plus vite que le nombre d’emplois.

Donc, la demande des Québécois d'un médecin de famille augmente rapidement, plus que le nombre de places disponibles. Parmi les causes probables, souligne le professeur Blais, il y a le vieillissement de la population. Ces personnes plus âgées ont plus de problèmes de santé, qui nécessitent le suivi d’un médecin de famille. Ils sont donc plus nombreux à vouloir y accéder.

La COVID a également pu contribuer à cette demande accrue, croit-il. Il y a eu la COVID, mais tout ce qui découle autour de la crise aussi, comme le stress, l'épuisement, la dépression. Ça veut dire que peut-être des gens qui n'avaient pas de médecin de famille et qui étaient en bonne santé il y a quatre ans ont été confrontés à des besoins qu'ils n'avaient pas ou qu'ils n'attendaient pas. Et là, qui se sont mis à penser que ça pouvait être important d'avoir un médecin de famille.

La population québécoise vieillit… mais les médecins aussi. Ils sont nombreux à prendre leur retraite, ce qui laisse leur clientèle à la recherche d’un nouveau médecin.

Le départ de cette cohorte de médecins et d'autres professionnels va mettre de la pression sur le réseau, estime M. Blais.

Accès à la première ligne

Le MSSS observe aussi un engouement pour le Guichet d’accès à un médecin de famille lorsque les médias traitent du sujet. Les patients sans médecin de famille sont donc plus nombreux à s’inscrire sur la liste d’attente.

De plus, le gouvernement leur propose maintenant l’inscription à un groupe de médecins plutôt que d’avoir un médecin attitré. Les patients pourront donc rencontrer un médecin ou un professionnel de la santé différent à chaque rendez-vous.

C'est une bonne chose d'utiliser ou de mettre à profit l'expertise des autres professionnels, parce que les médecins ne peuvent pas ou ne pourront pas, à court terme, répondre à tous les besoins, estime l’expert Régis Blais.

Mais, ajoute M. Blais, encore faut-il que les personnes inscrites puissent réellement avoir accès à un professionnel de la santé ou à un médecin de famille lorsque le besoin se fera sentir.

Avec la collaboration d'Olivier Bachand et de Nathalie Lemieux

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