Une politique de déneigement « désuète », selon la VG de Gatineau

Cette politique, qui date de 2006, n’est pas appuyée par des directives et des procédures appropriées, peut-on lire dans le rapport déposé mardi au conseil municipal. On y apprend aussi que les coûts de déneigement par citoyen sont inférieurs à la moyenne de villes similaires d’environ 15 %.

Mis à part un organigramme, le Service des travaux publics ne dispose que de très peu d’informations pour cartographier son processus décisionnel, est-il écrit dans le communiqué de presse qui accompagne le rapport de la VG, Johanne Beausoleil.

La Ville a commencé à la réviser l’an passé, donc elle était déjà au courant qu’elle était désuète, souligne Mme Beausoleil. Avec nos recommandations, elle va pouvoir étoffer et améliorer sa politique. [...] Ce n’est pas une surprise pour eux.

La vérificatrice générale Johanne Beausoleil est d'avis que la Ville de Gatineau doit se doter de meilleurs outils pour évaluer le rendement des employés municipaux.

Photo : Radio-Canada

Mme Beausoleil recommande notamment que Gatineau adopte une meilleure description des niveaux de services en matière de déneigement pour tenir compte d’un plus grand nombre de conditions météorologiques.

La Ville a des niveaux de service définis, mais très peu détaillés. [...] Il faudrait que ce soit établi de manière plus granulaire, explique la vérificatrice générale.

Cela voudrait dire d’être plus précis sur les services requis selon la quantité de neige reçue ou le type de précipitation. La politique ne tient pas compte des changements climatiques. [...] On ne tient pas compte des événements de verglas ou de pluie verglaçante, détaille Mme Beausoleil.

Le rapport fait aussi état d'un manque de processus systématique d’inspection et d’évaluation de la qualité du déneigement. Le Service des travaux publics est carrément à risque advenant un changement de personnel ou une perte de ressource, selon Mme Beausoleil.

Il faudrait donc établir une documentation des processus [et] la formation, le coaching et le suivi de la formation. [...] Ça permet que, si les gens partent à la retraite ou s’absentent, on est capable de fonctionner de façon efficace et efficiente.

Selon ses conclusions, on se fie présentement à l’expérience des équipes en place ainsi qu’à l’historique des précipitations des dernières années pour planifier les travaux de déneigement. En conséquence, le Service des travaux publics est à risque en cas de perte de ressources ou de changement de personnel.

Hausse des coûts de déneigement

Gatineau a enregistré la plus forte hausse des coûts de déneigement par rapport aux autres grandes villes du Québec, selon la vérificatrice générale.

Cela représente une augmentation de 68 % entre 2012 et 2019. Ce qu’on a recommandé, c’est de faire une analyse du marché. La prochaine ronde d’appels d’offres va être faite en 2023. Ce qu’on a recommandé, c’est de faire une rencontre d’intérêt, poursuit Mme Beausoleil.

« Si on fait une rencontre d’intérêt avec les entrepreneurs, et qu’il y en a un dans la salle, on va se poser des questions. S’il y en a 18, pourquoi vous ne soumissionnez pas? »

Mme Beausoleil évoque ainsi la possibilité que peu d’entrepreneurs souhaitent soumissionner à Gatineau en raison de la période où ils sont sous contrat avec la Ville, soit du 15 octobre au 30 avril.

Ça n’attire pas certains entrepreneurs. Certains éléments pourraient être regardés pour améliorer les plans et devis de ces soumissions pour attirer plus d’entrepreneurs, conclut Mme Beausoleil, à propos de ce dossier.

Un cadre de gestion à améliorer

Johanne Beausoleil met aussi le doigt sur l’absence d’outils pour évaluer le rendement des employés qui travaillent pour la Ville de Gatineau.

La Ville a fourni des directives et des outils pour le télétravail, mais elle va devoir établir un cadre de gestion permanent pour avoir plus d’outils, de directives et d’indicateurs de performance, croit-elle.

Le rapport de la vérificatrice se penche aussi sur les questions de la gestion des congés et de l’assiduité dans le contexte de la fin des contraintes sanitaires.

Le document aborde aussi le taux d’application des recommandations formulées par son bureau entre 2016 et 2020, qui serait de l’ordre de 45 %. Cette performance était de 25 % à son dernier rapport annuel.

On voit une amélioration notable, mais je crois qu’il y a encore des efforts à faire à ce niveau-là, conclut Mme Beausoleil.

La mairesse prend acte

En conférence de presse après la publication du rapport, la mairesse de Gatineau ne s’est pas montrée surprise des conclusions de Johanne Beausoleil.

En lisant le rapport, c’est cohérent avec ce qu’on a entendu sur le terrain, répond France Bélisle, qui dit être allée à la rencontre des cols bleus pour connaître leur réalité.

La mairesse de Gatineau, France Bélisle, dit avoir déjà apporté des améliorations au déneigement de la Ville (archives).

Photo : Radio-Canada

Ils avaient des suggestions intéressantes pour le déneigement. [...] Par exemple, l’utilisation de l’équipement. Où se trouve l’équipement dans les secteurs pour que l’ensemble des secteurs soient bien déneigés?, raconte Mme Bélisle.

La mairesse s’est ainsi dite en mouvement, de même que le conseil municipal, pour améliorer dès maintenant le déneigement en vue du prochain hiver, sans attendre la mise en œuvre de la nouvelle politique.

La politique, elle est vieille, mais le conseil a voté des sommes assez importantes pour des aménagements. [...] L’achat de neuf tracteurs pour entretenir et déneiger les trottoirs, on a déjà dit oui à ça, ajoute-t-elle. On a commandé l’équipement, on l’attend. On aura deux ressources supplémentaires pour faire des inspections de réglementation. Il y a 18 nouveaux postes qui seront ajoutés.

Concernant les autres recommandations du rapport, France Bélisle s’est voulue rassurante. Elle souhaite notamment une modernisation des outils de la Ville, entre autres pour suivre le déneigement en temps réel, comme à Ottawa.

Je pense que le conseil qui était en rencontre tout à l’heure, on partage tous la même préoccupation que ces recommandations-là vivent. Sinon, à quoi ça sert d’avoir une vérificatrice générale? L’amélioration continue c’est une culture, conclut Mme Bélisle.

Avec les informations de Nelly Alberola