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Printemps érable : les nouvelles générations d’électeurs toujours marquées

Une marée de manifestants et de pancartes envahit une rue du centre-ville de Montréal.

Plusieurs manifestations de grande envergure ont eu lieu au printemps 2012 afin de dénoncer la hausse des frais de scolarité prévue par le gouvernement libéral de Jean Charest. La grogne avait conduit à l'élection d'un gouvernement péquiste minoritaire en 2013.

Photo : The Canadian Press / Ryan Remiorz

Il y a 10 ans, une mobilisation étudiante d’une ampleur historique frappait le Québec. Aujourd’hui, en ce début de campagne électorale, des experts estiment que toute une nouvelle génération d'électeurs a été marquée par cet événement.

Maya Labrosse a 20 ans. En 2012, au moment où des milliers d’étudiants tenaient tête au gouvernement libéral de Jean Charest, elle n’en avait que 11. Depuis, elle a fait son entrée au cégep et est maintenant présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

Manifestation à Montréal dans le cadre de la grève étudiante de 2012.

Le mouvement étudiant a rassemblé des milliers de personnes lors de manifestations en 2012 (archives).

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Malgré son jeune âge, Maya est catégorique : l’événement l’a marquée.

À ce moment-là, c’est un premier souvenir politique de comment la population peut décider, par elle-même, de changer les choses.

Une citation de Maya Labrosse, étudiante et présidente de la FECQ

Élections Québec 2022

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Des fleurs devant l'édifice du Parlement, à Québec.

Même son de cloche pour Thomas Harton, 23 ans, qui s’implique auprès de l’Association des étudiants et étudiantes en sciences sociales (AESS) à l’Université Laval .

J'avais 12 ou 13 ans et je voyais beaucoup ça à la télévision et dans les médias. Je voyais les étudiants traverser les rues avec leurs pancartes. [...] C'était un peu un repère d'exemples de militantisme, explique le jeune homme.

Une première référence politique pour plusieurs

Selon Éric Montigny, professeur au Département de science politique à l’Université Laval, la crise étudiante a joué un rôle prépondérant dans la socialisation politique des nouvelles générations dont font partie Maya Labrosse et Thomas Harton.

Ç’a été un événement important, le printemps érable, parce que ça a socialisé et structuré politiquement une génération, la génération Z, explique M. Montigny.

Éric Montigny en studio.

Le professeur de sciences politiques à l’Université Laval Éric Montigny estime que la crise étudiante de 2012 a socialisé politiquement une partie de la nouvelle génération d'électeurs (archives).

Photo : Radio-Canada / Nicolas Bilodeau

La génération Z est composée des personnes nées entre 1995 et 2010 et, pour une génération, les premiers référents politiques ont leur importance, soutient Philippe Dubois, professeur à l’École nationale d’administration publique (ENAP).

Nos premières expériences politiques, généralement, ça compte beaucoup, indique M. Dubois.

Selon les deux experts, des événements comme la chute du mur de Berlin ou encore l’échec de l’accord du lac Meech ont servi de premiers référents politiques pour les plus vieilles générations tandis que pour les générations futures, la pandémie pourrait en devenir un.

Montée de l’axe gauche-droite

Cet événement a donc non seulement participé à la socialisation politique de toute une génération, mais il a aussi confirmé un réalignement des enjeux de la société québécoise.

Ce sont de nouveaux électeurs qui ont été socialisés, non plus avec des enjeux associés à l’indépendance du Québec [...] mais à un nouveau clivage plus structurant pour eux sur l’interventionnisme de l’État, indique le professeur Éric Montigny.

Philippe Dubois en entrevue.

Philippe Dubois, professeur à l'École nationale d'administration publique (ENAP), note que le printemps érable a contribué à un réalignement du débat politique au Québec (archives).

Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin

L’éducation, l’économie, l’immigration… tous des enjeux propres à la gauche et à la droite politique. Bien loin de la question nationale qui a dominé le débat dans les chaumières québécoises depuis les années 1960.

Ces jeunes-là qui ont été socialisés dans la foulée de 2012, eux, leur principal référent politique, l’enjeu avec lequel ils se sont mobilisés et ont été socialisés s’inscrit dans le clivage gauche-droite, ajoute le professeur Philippe Dubois.

Un coup à jouer pour QS?

S’il en est à sa seconde campagne électorale, l’ancien leader du mouvement étudiant lors de la crise, Gabriel Nadeau-Dubois, en sera à sa première comme chef de file de Québec solidaire.

Gabriel Nadeau-Dubois, lors d'une manifestation en mai 2012.

Gabriel Nadeau-Dubois a été l'une des figures de proue du mouvement étudiant de 2012. Dix ans plus tard, il tente de devenir premier ministre du Québec (archives).

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Il est toutefois encore impossible de savoir à quel point sa présence saura influencer le vote de la génération qu’il a contribué à socialiser. Selon M. Montigny, le défi sera de joindre le passé de Gabriel Nadeau-Dubois aux aspirations futures de son parti.

Le Gabriel Nadeau-Dubois qu'on voit aujourd'hui, il est porteur de cet héritage-là du conflit étudiant. Ça fait partie de sa notoriété, mais en même temps ce qu'on voit de ce Gabriel Nadeau-Dubois, c’est de vouloir démontrer une plus grande maturité, on le sent dans un processus d'institutionnalisation de Québec solidaire, mentionne le professeur de science politique.

Philippe Dubois abonde dans le même sens qu’Éric Montigny. Cependant, il estime que le parti ne pourra pas seulement exploiter les racines étudiantes de son co-porte-parole pour battre François Legault le 3 octobre prochain.

Ces éléments de socialisation nous suivent toute notre vie, mais ne conditionnent pas nécessairement notre comportement politique à chaque élection, conclut M. Montigny.

Avec la collaboration de Camille Carpentier

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