Le chef d’un organisme de défense des droits des migrants risque l’expulsion

Le président de Migrante Canada, Danilo De Leon, risque d'être expulsé vers les Philippines le lundi 29 août.
Photo : Radio-Canada / Nathan Gross
Le président de Migrante Canada, un groupe pancanadien de défense des droits des migrants, lutte contre sa propre déportation. Danilo De Leon a reçu un avis d’expulsion de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC
) et doit quitter le pays vers les Philippines lundi.La résidence temporaire de Danilo De Leon a expiré en 2016. Depuis, il est considéré comme un travailleur sans papiers.
Pour moi, être sans-papiers n'est pas illégal. Ce n'est pas un crime
, a affirmé Danilo De Leon au moment de préparer ses valises en prévision de son expulsion.
Pendant plus d’une dizaine d’années, il a aidé de nombreuses personnes à se frayer un chemin dans le système d'immigration canadien.
L’homme de 51 ans est arrivé à Edmonton en provenance des Philippines en 2009 grâce au programme des travailleurs étrangers temporaires. Il pourvoyait un poste d’agent de nettoyage dans l’entreprise Bee Clean Building Maintenance.
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En janvier 2017, il a tenté de prolonger son permis de travail, qui devait expirer quelques mois plus tard, tout en essayant de renouveler son statut de résident temporaire, qui avait expiré en décembre.
Le mois suivant, le gouvernement lui a fait savoir que sa demande de prolongation de permis de travail était rejetée, faute de statut de résident temporaire. Il n'a toutefois pu rétablir son statut dans les 90 jours, comme l'exige la loi.
En mars 2018, il a fait face à une mesure d'exclusion, mais a été autorisé à conclure une entente avec l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC
) afin de pouvoir rester au pays le temps d'en appeler de son expulsion.Il a toutefois reçu un avis d'expulsion le 21 juillet 2022. En vertu de cet avis, il doit quitter le pays avant le 29 août et de retourner aux Philippines.
Activisme en faveur des sans-papiers
L'un des premiers actes de militantisme de Danilo De Leon au Canada remonte à 2010, lorsqu'il a organisé une campagne intitulée Justice pour les concierges
et contribué à la formation d'un syndicat dans l’entreprise Bee Clean.
Il est ensuite devenu un membre fondateur de l’organisme Migrante Alberta, sous l’égide de Migrante Canada, de dimension nationale.
Dans une déclaration, Migrante Canada indique que Danilo De Leon pourrait faire l'objet de persécutions politiques s'il était contraint de retourner aux Philippines en raison de ses activités de défense des droits des migrants et des droits de la personne.
Selon cette organisation, la loi antiterroriste promulguée aux Philippines en 2020 pourrait être utilisée contre lui.
Ils utilisent cette loi contre toute personne qui s'exprime contre le gouvernement
, a affirmé Danilo De Leon.
Je pourrais être tué, je pourrais être envoyé en prison. Donc, c'est une des raison pour lesquelles j'ai peur de rentrer chez moi
, a-t-il expliqué.
Danilo De Leon et son avocat, Manraj Sidhu, ont tenté de faire reporter l'expulsion en soumettant un examen des risques avant renvoi à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC
), en expliquant les risques de violence ou de persécution contre sa personne aux Philippines.Danilo De Leon a également déposé une demande pour être autorisé à rester au Canada pour des raisons humanitaires.
Le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada ne souhaite pas commenter le cas de Danilo De Leon.