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Baseball, fierté et identité nationale à Taïwan

Les Canadiens ont le hockey. Les Brésiliens, le soccer. À Taïwan, le sport national est le baseball, une partie importante de l’identité nationale. Comme au Japon ou en Corée, la fête qui règne dans les stades n’a rien à voir avec l’ambiance qu’on connaît en Amérique du Nord.

Des joueurs sur les buts

Vue d'un match de baseball depuis le champ droit.

Photo : Radio-Canada / Afore Hsieh

TAINAN – Chaque soir est un moment de communion sportive. Des milliers de partisans dansent et chantent en chœur, en suivant la chorégraphie dictée par les meneuses de claque de l’équipe locale.

Un chant et une danse sont dédiés à chacun des joueurs pendant le jeu. Même si on peut croire le contraire à première vue, les spectateurs sont attentifs au déroulement de la partie et n’hésitent pas à interrompre des chants pour célébrer.

C’est vraiment une autre façon de regarder les matchs que chez vous, lance un amateur dans les estrades de Tainan. On dirait qu’en Amérique, les gens veulent plutôt prendre une bière, jaser et manger pendant la partie.

Dans les estrades en fête, c’est un moment magique pour la petite Shu-Yun vêtue en orange comme l’équipe locale, les Unilions (les équipes sont nommées en fonction de leur commanditaire principal, NDLR). Ses couettes se balancent de gauche à droite sans arrêt en suivant les danses qu’elle connaît déjà par cœur.

Elle partage déjà la passion de son papa Eddie qui tente de la suivre dans le stade, elle qui court partout pour voir jeu, mascotte et meneuses de claque. Eddie est venu étudier et vivre à Tainan dans les années 90 pour pouvoir suivre son équipe de près.

Je parle souvent des Unilions avec ma fille à la maison. Je lui raconte des histoires du passé, dit-il. Elle en connaît beaucoup sur l’équipe. Aujourd’hui, c’est son premier match en personne. Elle est surexcitée!

La ligue CPBL (China Professional Baseball League) en est à sa 33e saison. Elle a vu le jour après l’ère de la loi martiale qui n’a pris fin qu’en 1987 sur l’île. La ligue se relève d’importants scandales de paris sportifs en 1996 et en 2008. Le gouvernement taïwanais a même dû intervenir pour nettoyer le sport.

Des joueurs ont été accusés d’avoir accepté de l’argent et des avances sexuelles avec des prostitués dans une affaire de matchs truqués. Deux des six équipes de l’époque ont fermé boutique à ce moment-là.

Le baseball a été introduit à Taïwan par les Japonais qui ont colonisé l’île après que la Chine lui en eut cédé le contrôle en 1895. Le sport fait partie de l’identité taïwanaise. Le billet de 500 nouveaux dollars de Taïwan illustre d’ailleurs un moment historique du baseball taïwanais, la première victoire nationale contre une équipe japonaise.

C’est le sport national, celui dans lequel on excelle. C’est une grande fierté, dit un partisan des CTBC Brothers venu encourager son équipe dans les estrades de Tainan. Tout le monde suit le baseball!

Taïwan a remporté la toute première médaille d’argent olympique en baseball à Barcelone en 1992. Des parties de la Classique mondiale de baseball (l'équivalent de la Coupe du monde) y seront d’ailleurs disputées en mars prochain. Sur la scène internationale, l’équipe nationale compétitionne sous le nom de Chine Taipei en raison des pressions chinoises.

Une foule assise.

La foule observe le déroulement du match de base-ball.

Photo : Radio-Canada / Afore Hsieh

La chaleur peut être étouffante l’été à Taïwan. De nombreux partisans apportent de petits ventilateurs à piles sur pied pour pouvoir apprécier la partie. L’ambiance carnavalesque règne dans les stades de Taïwan, comme partout en Asie. Ça peut être déroutant pour les joueurs étrangers, comme le lanceur étoile des Unilions, l’Ontarien Brock Dykxhoorn.

Portrait de Brock Dykxhoorn dans un stade de baseball

Brock Dykxhoorn mène une carrière de baseballeur à Taïwan.

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

Le bruit assourdissant m’a dérangé à mes premiers matchs en Asie, c’était en Corée du Sud, avoue-t-il. Des fois, lorsque la foule s’emballe, ça peut m’inciter à modifier mon rythme, ce qu’il ne faut pas faire. J’aime vraiment l’ambiance. On a l’impression que c’est la fête et un match important du samedi soir chaque soir de la semaine.

Les partisans ont chanté et dansé pendant près de quatre heures ce samedi soir de match au début d'août. La partie s’est terminée par une victoire écrasante des Unilions 11 à 6. À voir les sourires des partisans des CTBC Brothers, l’équipe qui a perdu ce soir-là, on comprend vite qu’il n’y a pas de défaites. Que des victoires ou des leçons à retenir pour les joueurs. Que du bon temps et quelques heures à oublier tous les tracas du quotidien pour les partisans.

Notre correspondant en Asie Philippe Leblanc sera basé à Taïwan pour les prochains mois, afin de nous faire découvrir cette île de près de 24 millions d'habitants, sa société et les défis qui l'animent. Et aussi afin de couvrir les enjeux d'actualité de toute la région Asie-Pacifique.

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