Présence policière accrue à l’église Sainte-Brigid, le groupe TUPC refuse de partir

Le représentant du groupe TUPC William Komer s'est présenté jeudi matin armé d'un fusil à eau et coiffé d'une couronne sur la tête.
Photo : Radio-Canada / Alexander Behne
Malgré l'arrivée à échéance d’un avis de résiliation de bail, le groupe Peuples unis du Canada - The United People of Canada (TUPC), en anglais - demeure toujours à l’église Sainte-Brigid, à Ottawa. Jeudi après-midi, le Service de police d’Ottawa (SPO) a expliqué dans un communiqué avoir dû intervenir à plusieurs reprises sur les lieux pour maintenir la paix et a indiqué qu’elle allait effectuer une surveillance accrue jusqu’à ce que le conflit se règle.
L’avis de résiliation affiché sur les portes de l’église indiquait que les membres du controversé groupe associé au convoi des camionneurs avaient jusqu’à mercredi soir pour rassembler leurs affaires et partir.
Cette échéance est arrivée à 0 h 01, jeudi, de sorte que l’ordre peut maintenant être appliqué à tout moment.
Le Service de police d'Ottawa (SPO) a décrit le conflit entre le propriétaire et le locataire comme une affaire de tribunal civil
, et non comme une affaire criminelle. Il a déclaré, lundi, que des agents avaient été appelés à la propriété à trois reprises au cours du week-end, et que la police continuait à enquêter sur une plainte de harcèlement.
Nous ne commenterons pas le litige, car il s'agit une affaire de tribunal civil
, a rappelé le SPO. Le service de police a cependant dit avoir accru sa présence à proximité de l'église jusqu'à ce que le différend civil soit résolu
, selon un communiqué envoyé aux membres du Conseil de ville d'Ottawa jeudi en après-midi. Le SPO a aussi indiqué offrir son assistance si un ordre d'expulsion du tribunal devait éventuellement être exécuté, mais rencontrait de la résistance.

Un avis a été apposé sur la fenêtre de l'église la semaine dernière (archives).
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
Des résidents en attente
Dans la nuit de mercredi à jeudi, une vingtaine de curieux se sont rassemblés près de l’immeuble, surveillant l’arrivée possible d’un huissier qui n’est jamais venu.
Le groupe TUPC a d’ailleurs offert du maïs soufflé aux spectateurs qui attendaient devant l'église.
Je ne m’attendais pas à ce qu’il arrive à 0 h 01, mais je savais aussi que je ne dormirais pas, alors je suis sortie
, a expliqué une résidente du secteur, Heather Cole.
Elle a mentionné avoir vécu beaucoup de montagnes russes au cours des derniers mois, depuis que le TUPC a fait de l’église Sainte-Brigid son ambassade
.
Le quartier ne veut pas de violence. Nous ne voulons pas d'expulsions forcées. Nous voulons simplement que ces gens reconnaissent la réalité de la situation et s'en aillent.

Des membres du TUPC ont offert des sacs de maïs soufflé aux personnes qui s'étaient présentées pour savoir si le groupe controversé serait expulsé par la force.
Photo : Radio-Canada / Dan Taekema
Au petit matin, certains partisans du TUPC et des membres de la communauté qui dénoncent leur présence ont eu une altercation.
L’un des directeurs du groupe, William Komer, et un autre homme portant l’un des chandails rouges du groupe ont aspergé des personnes avec des pistolets à eau et en ont ensuite plaisanté sur Twitter.
Les agents de la force de sécurité du Peuple ont déployé avec succès des munitions non conventionnelles pour repousser les intrus de la nuit. Les intrus risquent d'être trempés
, ont-ils écrit sur le réseau social.

William Komer est l'un des directeurs du groupe controversé (archives).
Photo : Radio-Canada / Dan Taekema
Un citoyen, Chris Grinham, faisait partie des membres de la communauté de la Basse-Ville. Il a déclaré que l'absence d'expulsion à Sainte-Brigid a le potentiel de devenir un désastre de relations publiques
pour la Ville d’Ottawa et pour le corps policier.
Mon espoir est que cela ne soit pas reporté longtemps. Le quartier a besoin qu'on s'occupe de cela. Nous avons fait face à tant de choses avec le convoi
, a-t-il déclaré. À ce stade, si le TUPC veut faire quelque chose de bien pour la Basse-Ville, qu'il parte de la Basse-Ville.

Beaucoup de véhicules associés au convoi des camionneurs ont été aperçus près de l'église Sainte-Brigid, à Ottawa (archives).
Photo : Radio-Canada / Falice Chin
Le groupe nie catégoriquement l'existence d'un ordre d'expulsion
M. Komer a précédemment déclaré à CBC que les siens n’avaient pas l’intention de partir.
Il n'y a pas d'ordre d'expulsion
, a écrit TUPC sur Twitter, ajoutant avoir été prié, et non ordonné, de partir
.
Cette affirmation contredit l'huissier, qui a visité la propriété la semaine dernière et n'a pas hésité à déclarer que TUPC devait partir.
Il n'y a plus de bail. Maintenant, ils sont essentiellement en train de squatter. Cela ne va pas durer très longtemps.

Les propriétaires de l’église Sainte-Brigid n’ont pas répondu aux multiples demandes de CBC.
Photo : Radio-Canada / Dan Taekema
Lors d'une entrevue mardi, William Komer a mentionné qu'il pensait que le groupe avait le droit d'arrêter l'huissier pour intrusion s'il se présentait. Dans une déclaration écrite transmise à Radio-Canada jeudi après-midi, M. Komer répète qu'il est possible que TUPC se présente au tribunal aujourd'hui même pour y déposer des poursuites privées
. À mentionner que ce n'est pas la première fois que M. Komer évoque cette possibilité, sans qu'il y ait toutefois eu de suite connue à une telle initiative.
Les propriétaires de l’église Sainte-Brigid n’ont pas répondu aux multiples demandes de CBC.
Les serrures du Rectory Art House, qui se trouve sur la même propriété, ont été changées jeudi dernier, afin que seuls les propriétaires et les 10 artistes qui y louent des studios puissent y accéder.

Une nouvelle serrure a été installée la semaine dernière (archives).
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
L'avis de résiliation collé sur sa porte, qui était le même que celui affiché sur l'église, a été retiré. Il indiquait que le propriétaire avait résilié le bail à compter du 17 août pour 10 000 $ de loyer impayé et pour avoir omis de fournir une preuve d'assurance responsabilité civile d'un montant de 5 millions $.
Un avis indique que TUPC est également en violation de la Loi sur le patrimoine de l'Ontario pour avoir modifié l'apparence des locaux sans l'approbation écrite de la Fondation du patrimoine de l'Ontario. Il s'agit d'une violation de la Loi sur le code du bâtiment de l'Ontario pour avoir omis d'obtenir les permis et les approbations nécessaires pour les travaux de construction
qui ont eu lieu sur l’emplacement.
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M. Komer a montré aux journalistes une copie d'une traite bancaire de 5650 $, datée du 15 juillet, et l'original d'une autre traite, datée du 15 août, pour le même montant.
Il affirme que le propriétaire a refusé d'accepter le loyer de ce mois-ci.
Il a également montré une feuille de papier fortement expurgée avec les mots certificat d'assurance
en haut.
Le Bureau d'assurance du Canada a mentionné qu'il ne pouvait pas valider le certificat, et que seul le courtier ou l'assureur qui l'a délivré peut dire s'il est légitime.

M. Komer affirme que le propriétaire a refusé d'accepter le loyer de ce mois-ci (archives).
Photo : Radio-Canada / Pierre-Paul Couture
Mais toutes les informations sur le courtier sont masquées, ce qui rend impossible la vérification des affirmations de TUPC. Interrogé à ce sujet, M. Komer a déclaré qu'il avait fourni un certificat non modifié à la police, mais qu'il ne voulait pas le divulguer à CBC.
TUPC a répété que les propriétaires de l'église Sainte-Brigid tentent d'expulser illégalement
l'organisation après qu'elle a fait part de ses préoccupations concernant ce que nous comprenons être des violations du Code des droits de la personne de l'Ontario par les propriétaires
.
La déclaration indique également que les propriétaires de l'église punissent le TUPC pour avoir refusé de discriminer les gens en fonction de leurs croyances
.
Avec les informations Dan Taekema, de CBC News