Rentrée : des parents plus inquiets d’une grève que de la COVID en Ontario

Le port du masque sera optionnel à l'école en Ontario cette année, contrairement à la dernière rentrée (archives).
Photo : iStock
Plus de 55 000 travailleurs de l'éducation en Ontario doivent tenir un vote de grève à la fin de septembre. De leur côté, des experts recommandent le port du masque à l'école, même s'il sera optionnel cette année.
La rentrée scolaire s'amorce mardi dans l'Est de la province, alors que la plupart des écoles du Nord et du Sud de l'Ontario rouvriront seulement après la fête du Travail.
La province note que des purificateurs d’air Hepa ont été installés dans les écoles et qu’elle distribuera gratuitement, encore cette année, des tests rapides de dépistage de la COVID-19 et des couvre-visages aux élèves qui en désirent.
Le masque ne sera pas obligatoire comme lors de la dernière rentrée. Selon le président du groupe Parents partenaires en éducation, Paul Baril, beaucoup de parents s’en réjouissent, citant les données d'une consultation menée en juin dernier.
Les parents avaient hâte que les enfants puissent enlever le masque pour voir leurs amis, sourire, etc.
Il ajoute néanmoins qu’il faut respecter
les parents qui veulent que leur enfant continue à porter un masque en classe.
Il se réjouit également de la reprise des activités parascolaires et du retour en classe en personne. Le ministre de l'Éducation, Stephen Lecce, a promis de garder les élèves en classe toute l'année, après deux années marquées par des mois d'apprentissage en ligne à cause de la pandémie.

Les parents sont préoccupés par la possibilité d'une grève des travailleurs de l'éducation, selon Paul Baril, président du groupe Parents partenaires en éducation.
Photo : Radio-Canada
Pour M. Baril, le plus grand stress à l’approche de la rentrée n’est pas le coronavirus, mais le risque de débrayage. Plus de 55 000 éducatrices, employés administratifs et de soutien dans les écoles doivent tenir un vote de grève à partir du 23 septembre.
Le gouvernement est aussi en négociation avec les enseignants pour le renouvellement de leurs conventions collectives.
[Le risque de grève] stresse les parents en Ontario. Ce qu'on veut, c'est que nos enfants puissent être à l'école et puissent continuer à apprendre et même rattraper le manque à gagner des années passées.
On espère que ça va se faire de façon respectueuse, puis que ça soit gagnant-gagnant pour le ministère, pour les parents et pour le personnel de l'éducation
, ajoute-t-il.
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Porter le masque en classe?
La Dre Anna Banerji, pédiatre et professeure à l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto, recommande aux élèves et au personnel des écoles de porter un masque, même si ce n’est pas obligatoire.
Les systèmes de ventilation de nombre d’écoles n’ont pas été modernisés depuis le début de la pandémie, sans parler du fait que les Premières Nations du Nord de l’Ontario n’ont pas toutes reçu des purificateurs d’air Hepa, ajoute-t-elle.
Il y a toujours beaucoup de cas de COVID et porter un masque est une mesure simple.
Tous les enfants de la classe respirent le même air, ce qui permettra à la COVID de se propager rapidement dans la classe et à la maison
, dit-elle. Or, il peut y avoir des aînés et d’autres personnes vulnérables, comme les femmes enceintes, à la maison.
Elle s’attend à une autre vague de coronavirus et incite le public à se faire aussi vacciner contre l’influenza avant l'hiver.
L’épidémiologiste Raywat Deonandan, professeur à l’Université d’Ottawa, aimerait que le masque soit obligatoire à l’école, mais il souligne qu’il n’y a pas de volonté politique ou publique pour une telle mesure
.
Il doute par ailleurs que les bureaux locaux de santé publique usent de leurs pouvoirs pour le faire. Il se réjouit de voir certains collèges et universités continuer à exiger le masque.
Sa collègue ergothérapeute Christine Guptill, elle aussi en faveur du masque obligatoire à l’école, presse le gouvernement de fournir de meilleurs masques aux élèves que des couvre-visages en tissu. Les masques devraient être des N95 autant que possible
, dit-elle.
Elle rappelle que les personnes qui ont contracté la COVID peuvent être infectées à nouveau.
Le variant BA.5 donne seulement à peu près un mois de protection contre une infection subséquente.
Selon la mère de famille, les élèves devraient aussi manger leur lunch et faire de l’éducation physique à l’extérieur autant que possible. À l'école de ma fille, elle n'a pas le droit de prendre le lunch dehors. J'ai demandé une discussion et un changement de politique depuis un an. Ça dépasse l'entendement
, déplore-t-elle.
Pour sa part, le Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID-19 souligne que le port du masque aide à prévenir la transmission du coronavirus, mais affirme qu'il n'y a pas de consensus parmi les experts quant à la nécessité de le rendre obligatoire dans les écoles.
Les enseignants veulent plus de mesures
Bien que le port du masque ne soit pas obligatoire, nous sommes d’avis qu’il est important que des masques soient mis à la disposition des élèves et du personnel qui souhaitent en porter
, affirme Anne Vinet-Roy, présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO).
Nous croyons aussi que les protocoles d’hygiène, de nettoyage et les mesures de ventilation doivent continuer d’être une priorité
, ajoute-t-elle.
Elle réclame aussi plus d’investissements gouvernementaux dans le rattrapage scolaire et la santé mentale. Pour elle, le plan présenté en juillet par le gouvernement Ford était un recyclage de financements déjà annoncés
.
La présidente de la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), Karen Littlewood, réclame des améliorations à la ventilation des écoles et des purificateurs d’air Hepa dans toutes les classes. Elle affirme aussi que les filtres de certains de ces appareils ne sont pas changés régulièrement.
Elle réclame par ailleurs un meilleur plan de dépistage et de traçage des cas : Tous les travailleurs de l’éducation devraient avoir accès régulièrement à des tests rapides antigéniques et devraient être admissibles en priorité, tout comme les élèves, à des tests PCR si leur résultat est positif.
Le bureau du ministre Lecce note que des tests rapides sont déjà offerts gratuitement dans de nombreuses épiceries et pharmacies et que ce sera aussi le cas dans les écoles à la rentrée.