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6 % des enseignants francophones au Manitoba abandonnent le métier en début de carrière

Des élèves dans une classe

Ottawa souhaite que la majorité anglophone ait un plus grand accès aux programmes d’immersion.

Photo : iStock

Radio-Canada

Au Manitoba, 6 % des enseignants des programmes de langue française ou d'immersion abandonnent leur emploi cinq ans ou moins après le début de leur carrière. Des travaux de recherche menés par une professeure de l'Université de Saint-Boniface viennent corroborer ces données de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones.

Précision

Une version précédente de ce texte attribuait la proportion de 6 % aux travaux de Mme Desmarais alors qu'elle provient de données de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones.

Les enseignants sont des gens passionnés par les enfants, qui veulent les aider. C'est extrêmement difficile de s'avouer à soi-même qu'on pense changer, que l'on n'aime plus ça ou qu'on n’est pas sûr si on va continuer, relate la professeure en éducation inclusive à l'Université de Saint-Boniface, Marie-Élaine Desmarais.

Ses travaux portent sur les enseignants de la maternelle à la 12e année qui œuvrent dans les programmes de langue française et d'immersion. Mme Desmarais met toutefois en garde contre la généralisation que l'on pourrait faire à partir des données.

Selon la professeure en éducation, un manque d'occasions de formation et de matériel peut pousser les enseignants à l'extérieur de la profession.

C'est le manque de développement professionnel, c'est le manque de ressources à l'intérieur de la salle de classe. Par exemple, pendant la pandémie, il n'y avait pas toujours le matériel informatique nécessaire pour enseigner, explique Marie-Élaine Desmarais.

Marie-Élaine Desmarais est photographiée devant  l'Université de Saint-Boniface, à Winnipeg, le 23 août 2022.

Marie-Élaine Desmarais, professeure en éducation à l'Université de Saint-Boniface

Photo : Radio-Canada / Trevor Lyons

Cette perte de talent est néfaste, surtout pour les écoles de la minorité francophone, observe-t-elle.

Quand on est dans un contexte minoritaire, on a moins d'enseignants dès le départ, surtout ici au Manitoba, ou en Ontario, partout où les anglophones sont dominants. On a moins le luxe de perdre les enseignants qu'on vient juste de former ou de perdre les enseignants qu'on a, parce qu'on a un bassin moins grand.

Selon la directrice générale de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, Valérie Morand, la mission d'assurer la survie du français peut aussi être vue comme une lourde responsabilité par les enseignants des écoles françaises.

Il y a un double mandat qui est celui de la transmission de la langue et de la culture, c'est certain que c'est une charge additionnelle. Certains le voient comme un défi, soutient-elle.

Alors que le dernier rapport de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones établit que 6 % des enseignants quittent leur emploi avant le cap des cinq ans, Valérie Morand estime fort probable que dans la réalité, ils soient encore plus nombreux à quitter la profession. À la Division scolaire franco-manitobaine, avant la pandémie, c'était le cas d'un enseignant sur cinq.

Pour expliquer cette donnée, le directeur général de la DSFM, Alain Laberge, explique que certains enseignants francophones vivaient le mal du pays et retournaient d'où ils venaient. Pour d'autres, la profession d'enseignant était beaucoup plus complexe qu'ils ne le pensaient.

la directrice générale de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, Valérie Morand, en entrevue en visioconférence, le 23 août 2022

La directrice générale de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, Valérie Morand.

Photo : Capture d'écran - Google Meet

Mme Morand affirme que certaines recommandations de l'étude de Mme Desmarais qui touchent la rétention du personnel sont déjà mises en œuvre pour freiner l'exode de la profession enseignante.

On offre des programmes de bourses pour aller chercher des étudiants pendant qu'ils terminent leurs études. Ils s'engagent à venir travailler pour un conseil scolaire francophone. En revanche, le conseil scolaire va payer les frais de scolarité, dit-elle.

Elle ajoute que le mentorat est aussi une stratégie employée. Dans ce cas, un membre du personnel prend sous son aile les nouveaux enseignants.

Cette initiative est en place à la DSFM, indique Alain Laberge.

Un enseignant hors de notre système est accompagné par un enseignant ou enseignante qu'on qualifie de leader pour pouvoir faire les premiers mois et s'adapter à la réalité.

Une étude plus large sur le décrochage de la profession enseignante

Mme Morand souligne que la Fédération nationale des conseils scolaires francophones travaille avec son pendant anglophone et d'autres partenaires en éducation dans le cadre d'une grande enquête intitulée Faisons parler les données.

On est en train de compiler les données des conseils scolaires francophones et anglophones qui offrent un programme en immersion française pour avoir un portrait plus juste du taux de décrochage du personnel. On doit mieux outiller les départements de ressources humaines, explique-t-elle.

Mme Morand anticipe que des résultats de cette recherche pourraient être publiés au printemps prochain.

Avec les informations de Godlove Kamwa

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