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Twitter accusé de mensonges et de manipulation par son ex-chef de la sécurité

Une silhouette d'une personne sur sont téléphone avec le logo de Twitter en arrière-plan.

Twitter fait face à des accusations de mensonges et de manipulation de la part d'un ancien employé.

Photo : Getty Images

Agence France-Presse

Peiter Zatko, chef de la sécurité de Twitter congédié en janvier dernier, a accusé le réseau social d'avoir dissimulé des vulnérabilités de son système de protection et menti sur sa lutte contre les faux comptes. Cette question est au cœur d'une querelle judiciaire qui oppose Twitter à Elon Musk, qui a reculé sur sa tentative de rachat du réseau des gazouillis.

Dans un document de 84 pages adressé le mois dernier au département de la Justice des États-Unis, à l’organisme de régulation boursière et à l'autorité de la concurrence du pays, révélé mardi par le Washington Post et CNN, Peiter Zatko dénonce des défaillances graves et choquantes, de l'ignorance volontaire et des menaces à la sécurité nationale et à la démocratie.

De son côté, Twitter assure que la sécurité et la protection des données font partie de ses priorités et affirme, dans un message transmis à l'AFP, que la plainte est truffée d'incohérences et d'imprécisions.

L'entreprise accuse aussi son ancien responsable d'opportunisme visant à porter atteinte à Twitter, sa clientèle et ses actionnaires.

Un lanceur d’alerte?

Peiter Zatko, qui se présente comme un lanceur d'alerte, évoque dans son document des serveurs obsolètes et des logiciels vulnérables aux attaques informatiques. Il affirme également que la haute direction de Twitter a cherché à masquer le nombre de tentatives de piratages aux autorités américaines ainsi qu'aux membres du conseil d'administration.

Portrait de l'homme devant un drapeau américain.

Peiter Zatko, ancien chef de la sécurité de Twitter

Photo : Reuters / U.S. federal government

Ces manquements, d’après l'ex-responsable, ont rendu le réseau social particulièrement exposé aux cyberattaques d'origine étrangère qui veulent mettre en péril la sécurité nationale américaine.

Peiter Zatko affirme également que l'entreprise n'a eu de cesse de privilégier la croissance de son nombre d'utilisateurs et d’utilisatrices à la lutte contre les polluriels (spams) et les faux comptes.

Il qualifie ainsi de mensonge un gazouillis publié en mai par le patron de la plateforme, Parag Agrawal, dans lequel le dirigeant assurait que Twitter faisait tout pour déceler et retirer les polluriels aussi vite que possible.

Elon Musk utilise les informations de l’ancien employé

La question des faux comptes est au cœur de la bataille judiciaire qui oppose Twitter à Elon Musk. Le milliardaire a accusé à de multiples reprises l'entreprise de minimiser la proportion de faux comptes et de polluriels, évaluée à 5 % par la plateforme.

D’ailleurs, Elon Musk compte sur cet argument pour justifier l'abandon, début juillet, de son projet de rachat de Twitter et éviter de payer des indemnités de rupture.

Elon Musk en tenue de soirée fait un salut de la main.

Elon Musk

Photo : Associated Press / Evan Agostini

Nous avons déjà cité Peiter Zatko à comparaître et nous trouvons étrange son licenciement et celui d'autres membres clés du personnel à la lumière de ce que nous avons découvert, a déclaré Alex Spiro, l'un des avocats d’Elon Musk, dans un courriel à l'AFP.

De son côté, l'entrepreneur a réagi en publiant, sur Twitter, un dessin du personnage de dessin animé Jimini Cricket qui sifflote. Une allusion au mot anglais désignant les personnes lanceuses d'alerte.

Un ancien pirate

Peiter Zatko a été licencié en janvier, en raison d'un leadership inefficace et de mauvaises performances, selon un porte-parole de Twitter.

Ancien pirate connu sous le surnom Mudge, il avait été embauché fin 2020 par le cofondateur et ancien patron de Twitter, Jack Dorsey, après le piratage des comptes de nombreuses personnalités (Joe Biden, Barack Obama, Elon Musk, Jeff Bezos, Kim Kardashian, etc.).

L'homme tient deux doigts devant la bouche et regarde au loin.

Dans cette photo de 2018, l'ancien PDG de Twitter, Jack Dorsey témoigne devant un comité du Sénat américain.

Photo : Associated Press / Jose Luis Magana

Il est représenté dans ses démarches par l'association de protection des personnes lanceuses d'alerte Whistleblower Aid, qui a déjà défendu Frances Haugen, une ex-informaticienne de Facebook dont les révélations avaient terni la réputation du géant des réseaux sociaux l'automne dernier.

Il a fallu le courage d'un lanceur d'alerte de haut rang avec une réputation irréprochable sur les questions d'éthique et d'intégrité pour que les agences gouvernementales et le public apprennent la vérité, a estimé Libby Liu, la directrice de Whistleblower Aid, dans un communiqué.

Selon le Washington Post et CNN, le comité du renseignement du Sénat américain souhaite s'entretenir avec Peter Zatko pour discuter de ses accusations. Le comité judiciaire de la chambre haute a également fait part de son intérêt.

Son président, Dick Durbin, a estimé que les allégations du lanceur d'alerte concernant des failles sécuritaires généralisées de Twitter, des présentations délibérément erronées de la part de la haute direction à des agences gouvernementales et l'infiltration de l'entreprise par des services de renseignement étrangers suscitent de sérieuses inquiétudes.

Si ces accusations sont exactes, elles peuvent faire craindre des risques pour la protection des données et la sécurité des utilisateurs et utilisatrices de Twitter dans le monde, a ajouté l'élu démocrate dans un communiqué.

La plainte montre aussi que la faiblesse de la réponse de la plateforme à la désinformation est extraordinaire, estime Paul Barrett, spécialiste de l'impact des réseaux sociaux sur la démocratie à l'université new-yorkaise NYU.
Selon le document, Twitter n'a embauché que deux personnes expertes dédiées à la désinformation, emploie peu de personnes parlant d'autres langues que l'anglais et s'appuie principalement sur des gens qui font la modération n'ayant pas les connaissances culturelles et géographiques pour identifier la désinformation, dénonce-t-il dans un message transmis à l'AFP.

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