Des drag queens ciblées par des menaces de mort lors d’un spectacle à Moncton

Les drag queens Chiquita Mere, Barbara Wire, Sami Landri et Rose Beef (alias Tommy Des Rosiers) lors du spectacle du 15 août au festival Acadie Rock, à Moncton au Nouveau-Brunswick.
Photo : Facebook de Rose Beef
Des drag queens ont été ciblées par de sérieuses menaces lors d’un spectacle de la fête nationale des Acadiens, le 15 août, à Moncton, au Nouveau-Brunswick.
On a été ciblés par des menaces de mort
, dénonce Tommy Des Rosiers, qui incarne Rose Beef et qui animait le grand spectacle organisé par le festival Acadie Rock.
C’est crazy, c’est insane
, se désole-t-il. Ce n’est pas la première fois qu’on reçoit des insultes, mais des menaces de mort, sérieuses, oui.
Tommy Des Rosiers raconte qu’il devait monter sur la scène du parc riverain, au centre-ville de Moncton, au moment de l’arrivée du tintamarre. Il a été mis au courant de ces menaces par les organisateurs du festival quelques minutes seulement avant le spectacle.
Ils m’ont dit qu’ils avaient reçu une menace de mort envers les drags, qui était sérieuse, et qu’il ne voulait pas que je monte sur scène, le temps qu’on appelle la GRC et qu’on soit sûr que ce soit safe
, dit-il.

Les drag queens sur scène, lors du spectacle du 15 août à Acadie Rock à Moncton, en compagnie du chanteur des Hôtesses d'Hilaire, Serge Brideau (au centre) et de Lisa LeBlanc (sur ses épaules).
Photo : Radio-Canada / Catherine Allard
Le directeur du festival Acadie Rock, Eric Cormier, n’a pas voulu préciser exactement la teneur de ces menaces, mais il indique qu’elles étaient assez graves pour demander aux artistes de ne pas monter sur scène.
On a pris ça très au sérieux. C’est un crime haineux, qu’on juge. On n'a pas laissé les artistes monter sur scène jusqu’à ce que la police nous confirme qu’ils avaient un suspect, la personne qui avait dit ces choses
, explique Eric Cormier.

Éric Cormier, directeur du festival Acadie Rock (archives)
Photo : Radio-Canada
Selon lui, c’est la première fois que le festival doit faire face à un incident d’une aussi grande ampleur au niveau de la sévérité des propos qui auraient été émis
.
De son côté, la GRC affirme qu’elle a ouvert une enquête à la suite d’une plainte pour menaces, le 15 août, au festival Acadie Rock.
Aucune accusation n’a été déposée dans cette affaire, pour le moment, selon la police.
Une présence plus importante que jamais
Tommy Des Rosiers et les autres drag queens qui participaient à l’événement – Chiquita Mere (Xavier Gould), Barbara Wire (Annabelle Babineau), Sami Landri (Samuel Landry) et Heather Silk – ont finalement décidé de monter sur scène le 15 août.
On l’a fait, mais on l’avait tous un peu dans la tête. À un moment donné, on a vu la sécurité courir et on s’est dit : "ça y est, ça se passe", mais finalement c’était une autre affaire
, raconte Tommy Des Rosiers.
Cette menace justifie pourquoi on était là et pourquoi il fallait qu’on aille sur la scène. C’était pour la représentation, la diversité.

Tommy Des Rosiers croit que ce malheureux événement prouve l'importance de la présence des drag queens sur la place publique.
Photo : Radio-Canada
Il affirme qu’il reçoit, de façon générale, beaucoup plus de commentaires haineux, en personne et sur les médias sociaux
que par le passé. Des menaces, de la violence, on en reçoit constamment.
Je ne sais pas c’est qui la personne qui a fait la menace. Mais je pense que sa menace a été envenimée par le fait que le drag, en 2022, c’est un sujet politique et que c’était un événement familial et qu’on était là
, croit-il.
En plus des artistes touchés et des responsables du festival, cet incident a aussi ébranlé de nombreuses personnes dans la communauté.
Ça me pince le cœur à chaque fois
, a dit le président de Fierté Dieppe, Joshua Vautour, lundi. En 2022, c’est une des raisons pour lesquelles on a encore une fierté, parce qu’en 2022 on a encore des menaces contre des artistes de drag.
Avec des informations de Noémie Avidar.