Propos antisémites : Ottawa cesse le financement d’un groupe antiracisme

Le ministre fédéral du Logement et de la Diversité et de l’Inclusion, Ahmed Hussen, a annoncé la suspension du projet financé par son gouvernement au sein du Community Media Advocacy Centre.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Le gouvernement libéral met fin au financement du Community Media Advocacy Centre (CMAC), un groupe de lutte contre le racisme, après la publication de propos antisémites sur Twitter par l’un de ses principaux consultants.
La semaine dernière, indigné par des propos du consultant Laith Marouf sur son compte Twitter personnel, le ministre fédéral de la Diversité et de l'Inclusion, Ahmed Hussen, avait demandé à Patrimoine Canada d’examiner le financement octroyé à cet organisme qui a reçu 133 800 $ d’Ottawa pour lutter contre le racisme dans la radiodiffusion.
Précisant que les propos publiés par M. Marouf sur son compte Twitter personnel sont répréhensibles et ignobles
, le ministre Hussen a ajouté sur Twitter : Nous avons signifié au Community Media Advocacy Centre que son financement a été coupé et que son projet a été suspendu.
L'antisémitisme n'a pas sa place dans ce pays.
Le ministre ajoute que le CMAC, un organisme qui se présente en tant que champion de la lutte contre le racisme
, devra rendre des comptes sur le processus qui a conduit à l’embauche de Laith Marouf et sur la façon dont l’organisme prévoit rectifier la situation compte tenu de la nature de ses propos antisémites et xénophobes
.
Nous attendons avec impatience une réponse appropriée sur les prochaines étapes et une prise de responsabilité claire dans cette affaire
, a ajouté le ministre.
Consultant principal au CMAC, Laith Marouf est l’une des figures de proue du projet de lutte contre le racisme dans la radiodiffusion dans lequel Patrimoine Canada a investi l’an dernier pour faire la chasse aux propos racistes sur les ondes canadiennes.
Propos antisémites et francophobes
Or, M. Marouf a attiré l’attention dernièrement en publiant sur son compte Twitter privé un message sans équivoque, dans lequel il qualifie les suprémacistes blancs juifs de sacs d’excréments humains qui parlent fort
avant d’ajouter : Quand nous aurons libéré la Palestine et qu'ils devront retourner d'où ils viennent, ils redeviendront les "low voiced bitches" ("putes dociles", NDLR) de [leurs] maîtres suprématistes blancs chrétiens/séculiers
.
Selon l’avocat de Laith Marouf, Me Stephen Ellis, son client n’est pas antisémite. L’avocat a d’ailleurs demandé que les tweets de son client soient cités textuellement
pour faire la distinction, expliquait-il, entre la référence claire de Marouf aux "suprématistes blancs juifs" et les juifs ou les juifs en général
.
Le consultant ne nourrit aucune animosité à l'égard de la religion juive en tant que groupe collectif
, assurait l'avocat dans un courriel.
Laith Marouf n’a pas commenté le contenu de ses publications sur Twitter.
Outre plusieurs publications à teneur antisémite, Laith Marouf n’était par ailleurs pas plus tendre envers les francophones dans ses échanges sur Twitter.
Dans des extraits de son compte privé publiés sur le site de TFO, le consultant principal du Community Media Advocacy Centre écrivait en juillet 2021 dans un échange avec un interlocuteur francophone : Je crois que les Frogs ont un quotient intellectuel de moins de 77, et que le français est une langue laide
.
Dans sa publication Twitter où il dénonce sans détour les propos antisémites de M. Marouf, le ministre Ahmed Hussen ne fait cependant aucune allusion à ces propos dénigrants à l'égard des francophones.