Le retrait d’Esquimalt de la police de Victoria relance un débat sur l’île de Vancouver

Quatre corps de police régionaux, en plus de la GRC, fournissent les services de police aux habitants du Grand Victoria.
Photo : Radio-Canada / Liz McArthur
La décision de la municipalité d’Esquimalt, sur la pointe sud de l’île de Vancouver, de se retirer du projet de service de police unifié du Grand Victoria relance le débat sur la pertinence d’une police régionale.
Lorsque le canton d’Esquimalt s’est joint à la police de Victoria, en 2002, l’intention était de créer un corps de police régional qui servirait toutes les municipalités du Grand Victoria, explique la mairesse d’Esquimalt, Barb Desjardins. Vingt ans plus tard, le projet ne s’est toujours pas réalisé.
La municipalité de 15 000 habitants a choisi, mardi, de redevenir responsable de ses propres services policiers et refuse, par conséquent, de renouveler l’entente avec la Ville de Victoria qui expire le 31 décembre 2023.
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Entre la police unifiée et les coûts divisés
Une révision de la Loi sur la police de la Colombie-Britannique complétée en 2020 note que la région de Victoria fait cavalier seul, au Canada, en n’ayant pas de police unifiée pour assurer la sécurité de ses quelque 400 000 habitants.
Le Grand Victoria compte en effet quatre corps de police régionaux en plus des municipalités desservies par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Ce modèle complique le travail de la police, selon l’ancien chef adjoint de la police de Victoria John Ducker. Cette division n’a pas de sens
, explique-t-il.
Elle crée des problèmes dans les enquêtes et rend la vie plus facile aux criminels qui peuvent se déplacer alors que l’information ne passe pas d’un corps de police à l’autre.
La seule exception à cette division était Esquimalt, dont le service de police a été assimilé par celui de Victoria le 1er janvier 2003. Cette décision n’a toutefois pas toujours souri aux habitants de la municipalité, qui ont l’impression de subventionner les services offerts à la capitale britanno-colombienne.
C’est également l’impression de Kevin Murdoch, le maire d’Oak Bay, une municipalité ayant son propre corps policier à quatre kilomètres à l’ouest de Victoria. Selon lui, même si la police régionale a des avantages sur papier, sa gouvernance serait compliquée par la diversité des villes desservies.
Ce qui nuit à la relation entre Victoria et Esquimalt est le modèle de gouvernance hybride adopté, qui n’aurait fait que se détériorer en ajoutant d’autres municipalités
, soutient le maire Murdoch.
Esquimalt demande aujourd’hui 150 000 $ au gouvernement provincial afin d’embaucher un consultant pour mener la transition vers une force policière locale.
Le ministre provincial de la Sécurité publique, Mike Farnworth, exige d’Esquimalt un plan de transition détaillé que le gouvernement devra évaluer avant de lui donner le feu vert.
L’unité profiterait à tous, dit Victoria
Le chef de la police de Victoria, Del Manak, se dit désolé de voir Esquimalt partir et espère que la province privilégiera une approche régionale.
La conseillère et aspirante mairesse de Victoria Marianne Alto espère que la décision du canton voisin relance le débat sur l’intégration des services policiers. J’espère que ça ouvrira la porte à une discussion avec la province
, affirme-t-elle.
La capitale britanno-colombienne croit qu’une police régionale permettrait notamment de mieux répartir les coûts d’une ville-centre dont le tourisme et les services sociaux, entre autres, profitent aussi aux municipalités avoisinantes.
Le but est d’offrir de meilleurs services, avec une offre plus complète
, explique Marianne Alto.
Avec les informations d’Emily Vance