La xylazine, une substance de plus dans un marché des drogues imprévisible et mortel

La xylazine, une substance utilisée normalement pour anesthésier des chevaux, inquiète des intervenants de première ligne ces derniers jours à Victoria, car elle est présente dans certaines drogues testées. D’autres font remarquer que ce n’est qu’une substance dangereuse de plus dans un marché totalement imprévisible qui tue 6 personnes par jour en Colombie-Britannique.

En ce moment à Victoria, nous voyons une nouvelle drogue toxique arriver dans les rues, [...] la roche turquoise [qui] contient de nouveaux sédatifs pour animaux que nous n'avons jamais vus auparavant, raconte Grant McKenzie, le directeur des communications d’Our Place Society.

Cela est définitivement en train de causer des [épisodes psychotiques] dans les rues et aussi plusieurs décès et surdoses.

Jeudi matin, sur la rue Pandora, un homme est mort d’une surdose, a priori liée à une roche turquoise, explique Grant McKenzie. Mercredi, la régie de santé de l’île de Vancouver a publié un avis d'empoisonnement des drogues pour le Grand Victoria.

Ce jour-là, il a fallu cinq utilisations de naloxone pour ramener à la vie une personne, raconte Grant McKenzie. C’est à ce moment-là qu’Our Place Society a fait appel au laboratoire Substance pour analyser la drogue en cause. La drogue contenait du carfentanil, des benzodiazépines et ce nouveau sédatif [pour animaux], qui est généralement mortel chez l'homme, explique Grant McKenzie.

À Substance, l’assistant de recherche Eric Poarch explique que cette drogue utilisée depuis assez longtemps en médecine vétérinaire, mais dont l'utilisation chez l'homme n'a jamais été approuvée, a été retrouvée dans 18 % des échantillons d'opioïdes testés par le laboratoire en juin.

La concentration moyenne était d'environ 1 %, la concentration maximale que nous avons trouvée était de 22 %, précise-t-il.

La naloxone est inefficace sur la xylazine

Eric Poarch dit que l'augmentation de la présence de xylazine a été remarquée par le laboratoire au cours des derniers mois. L’assistant de recherche explique que cette substance aggrave les effets du fentanyl ou des benzodiazépines si ceux-ci se trouvent également dans des échantillons.

Et surtout, la xylazine ne répond pas à la naloxone.

Je pense qu'il y a des médicaments utilisés en médecine vétérinaire qui sont bons pour contrer les effets de la xylazine [...] mais je ne pense pas qu'aucun de ceux-ci n'ait été testé sur des humains.

Mardi, les instructions du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique ont été mises à jour concernant la xylazine. On peut y lire que cette substance n’est pas approuvée pour les humains en raison de ses effets graves sur la tension artérielle, le pouls et la respiration. Les personnes qui prennent de la xylazine depuis un certain temps peuvent aussi développer des abcès et des infections cutanées.

Selon le centre, la xylazine pourrait n'être présente que dans moins de 2 % des opioïdes en Colombie-Britannique.

Un marché des drogues sécuritaires marginal en C.-B.

Selon le ministère de la Santé et des Dépendances, il est très troublant que la xylazine fasse maintenant son apparition dans l'approvisionnement des drogues illicites. Le ministère dit avoir instauré une politique d'approvisionnement en drogues sécuritaires justement pour séparer les gens des drogues empoisonnées.

Mais l’accès à ces drogues sécuritaires reste marginal dans la province. Interrogé sur la prévalence de la xylazine dans les drogues au Canada, le ministère fédéral de la Santé dit pouvoir répondre à nos questions la semaine prochaine.

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Pour Jeremy Kalicum, le cofondateur du Drug User Liberation Front (DULF, ou Front de libération des utilisateurs de drogues), la xylazine n'est qu’une substance parmi d’autres dans un marché complètement imprévisible. Ce qui préoccupe vraiment les gens en ce moment, c'est l'incapacité de prédire la puissance de leurs drogues.

Il est urgent, selon lui, que les consommateurs aient accès à des drogues mieux testées et étiquetées [pour qu'ils] sachent exactement ce qu'il y a dans leurs drogues.

Le DULF continue de distribuer des drogues achetées sur le web caché, avec une liste des composants, et ce, même si le gouvernement fédéral est complètement opposé à toute action significative pour régler le problème de contamination des drogues, selon l'organisation.

« La désobéissance civile directe » semble inévitable, et avec elle des coûts énormes pour notre propre liberté et sécurité, regrette Jeremy Kalicum.