La Fonderie Horne se dit en mesure d’atteindre les 15 ng/m3 en 2027

La Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda
Photo : Radio-Canada / Thomas Gerbet
Les dirigeants de la Fonderie Horne ont dévoilé ce matin un plan attendu depuis des semaines à Rouyn-Noranda. L’entreprise, propriété de Glencore, annonce qu’elle sera en mesure d’atteindre la cible d'émissions d'arsenic de 15 nanogrammes par mètre cube dans l’air d’ici 5 ans, soit à l’été 2027, pour tout le territoire de Rouyn-Noranda, et de 3 nanogrammes pour 84 % du périmètre urbain.
On est pleinement engagés et on va continuer de s'améliorer
, a affirmé Claude Bélanger, chef des opérations de cuivre de Glencore en Amérique du Nord.
Les améliorations technologiques contenues dans le plan de la Fonderie Horne permettront de proposer une diminution progressive des émissions au fur et à mesure que seront terminées les différentes étapes du processus de modernisation des infrastructures, soit les projets PHÉNIX (révision du procédé de transformation du cuivre), R3 (système d’épuration d’air), ECCO (une nouvelle roue de coulée écoénergétique) et l’aménagement d’une zone de transition.

Claude Bélanger (au centre), chef des opérations de cuivre pour Glencore en Amérique du Nord, en compagnie de Marie-Lise Viger, première responsable en environnement pour Glencore en Amérique du Nord, et Donald Piché, directeur de l’ingénierie et des services techniques pour la Fonderie Horne
Photo : Radio-Canada / Lise Millette
L’objectif dévoilé par la Fonderie Horne est de faire passer le maximum d’émissions de 100 nanogrammes par mètre cube d’air à 65 ng en 2023, à 45 ng en 2025 et à 15 ng à l'été 2027, toujours à la station légale, soit la borne de captation située le plus près de l’usine.
Au niveau des autres métaux lourds rejetés dans l’air, Claude Bélanger affirme que la Fonderie Horne pourra atteindre les nouvelles normes imposées par la nouvelle attestation d’assainissement du gouvernement provincial. Les projets dont on parle aujourd’hui vont nous permettre de rencontrer ces normes […]. On sera en mesure de les rencontrer autant pour le cadmium, le plomb et le nickel
, a-t-il souligné.
La Fonderie Horne a aussi mis de l’avant sept projets d’amélioration transitoire pour les systèmes actuels dans son plan d'amélioration qu'elle estime à plus d'un demi-milliard de dollars.
Ce plan vient calquer ce que demandait lundi le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, qui annonçait à Rouyn-Noranda que la prochaine entente exigerait l’atteinte d’un maximum permis de 15 nanogrammes par mètre cube d’ici 5 ans dans la prochaine attestation gouvernementale, laquelle doit être délivrée à l’échéance en novembre 2022.

Les prévisions d'émissions d'arsenic de la Fonderie Horne par secteurs de Rouyn-Noranda
Photo : Gracieuseté : Fonderie Horne
L’entente actuelle permet aux émissions de la fonderie d’atteindre une moyenne annuelle de 100 nanogrammes par mètre cube, soit 33 fois plus que la norme québécoise de 3 ng. Cette attestation d'assainissement de la Fonderie Horne, délivrée par le ministère de l'Environnement, arrive à échéance en novembre prochain.
Rappelons que le 10 août dernier, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a recommandé l’atteinte de 3 nanogrammes par mètre cube d'air. D’ici là, l’INSPQ estime qu’une concentration de 15 ng/m3 protège les individus les plus vulnérables
, ajoutant qu’il faut également déterminer une concentration maximum journalière pour l’arsenic de 200 ng/m3, de 350 ng/m3 pour le plomb et de 30 ng/m3 pour le cadmium.

Le reportage de Marc-André Landry
Il y a trois jours, le ministre de l'Environnement s'est engagé à reprendre les orientations de la santé publique et se donne 5 ans pour atteindre le 15 ng. Le ministre Charette a aussi annoncé qu’il imposera une concentration maximale journalière, ce qui n’a jamais été exigé jusqu’ici. Des stations de captage des émissions supplémentaires seront également installées, ce que demandait la Ville de Rouyn-Noranda.
Une cible problématique, selon la députée Lessard-Therrien
La députée de Rouyn-Noranda/Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, soutient que la population ne sera pas protégée pendant les 5 prochaines années même si Glencore a annoncé vouloir réduire ses émissions d'arsenic à 15 nanogrammes par mètre cube d'air d’ici 2027.

Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
Photo : Radio-Canada / Andrei Audet
La porte-couleurs de Québec solidaire a l’impression que la Fonderie Horne et le gouvernement caquiste se sont entendus, derrière des portes closes, pour déterminer la cible à atteindre.
On ne protège pas la population pour les 5 prochaines années pour les risques de naissances de bébés de petit poids ou encore pour la perte de QI chez les enfants. Cette cible-là, d’emblée, elle est problématique. J’ai l’impression qu’on est dans une histoire où la CAQ a demandé à Glencore : ''Dites-moi combien vous voulez polluer et je vous dirai combien vous pouvez polluer''. On a l’impression que les dés étaient pipés d’avance
, mentionne Mme Lessard-Therrien.
Le ministre Charette commente
De son côté, le ministre de l'Environnement, Benoît Charette, ne s'est pas trop avancé sur le sujet. « Nous avons fixé la barre à 15 ng, en plus d’exposer nos principales exigences pour la prochaine période d’autorisation, a-t-il commencé par dire.

Benoit Charette, ministre de l'Environnement
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roussel
« Maintenant, la prochaine étape, c’est la consultation publique qui s’amorcera le 6 septembre. Tous les citoyens de Rouyn-Noranda et de la région auront l’occasion de se prononcer sur le sujet. Je rappelle que Mme Hélène Proteau, l’administratrice que nous avons nommée au dossier, aura le mandat, au cours des prochaines semaines et des prochains mois, d’être le point de chute pour tous les acteurs concernés et de s’assurer d’une bonne communication des informations », a raconté M. Charette.