Pas d’usine d’hydrogène vert à Saguenay envisageable à court terme, selon un économiste

L'hydrogène vert est fabriqué à partir d'énergie propre.
Photo : Radio-Canada
Selon Jean-Thomas Bernard, économiste et professeur invité au Département de sciences économiques de l'Université d'Ottawa, il y a loin de la coupe aux lèvres avant qu'une usine d'hydrogène vert puisse être construite au Saguenay ou ailleurs au Québec.
Mercredi, une mission de la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, a été annoncée pour la Corée du Sud. Elle pourrait viser à attirer ici des investissements du côté de l’hydrogène vert.
En entrevue au Téléjournal Saguenay-Lac-Saint-Jean, Jean-Thomas Bernard a expliqué que la technique pour fabriquer de l'hydrogène à partir de l'eau et de l'électricité est loin d'être parfaitement au point.
Il a rappelé aussi que Terre-Neuve-et-Labrador a une longueur d’avance sur le Québec dans les échanges avec l'Allemagne, un important client potentiel, sur ce dossier.

Jean-Thomas Bernard, professeur au Département de sciences économiques à l'Université d'Ottawa
Photo : Radio-Canada
« Ce qui a été mentionné, ça serait de construire justement une usine d'hydrogène vert au Labrador où là on utiliserait de l’énergie éolienne et possiblement l’hydroélectricité, une partie de Muskrat Falls qui est déjà développée. Je pense encore une fois ici qu'il y aura de la compétition à ce niveau-là, mais nous sommes encore très loin de voir quel rôle va vraiment jouer l’hydrogène dans la transition énergétique », a expliqué le professeur spécialiste du secteur de l'énergie.
L'hydrogène est utilisé dans plusieurs procédés industriels et sert également comme carburant dans le secteur des transports. Il peut également se trouver dans les piles à combustible pour véhicules électriques.
Qu'est-ce que l'hydrogène vert?
L’hydrogène qualifié de vert est fabriqué avec des techniques de production moins polluantes que celles traditionnelles. L'hydroélectricité du Québec pourrait servir comme source d'énergie propre pour séparer les molécules d'eau et ainsi produire de l'hydrogène vert.
Peu de chances pour GNL Québec
Jean-Thomas Bernard a aussi été questionné en lien avec la visite de quatre jours au Canada du chancelier allemand, Olaf Scholz, à savoir si elle peut relancer le débat sur l'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL).
L'Allemagne a un urgent besoin d'énergie puisqu'elle dépend du gaz naturel russe et que la Russie menace de couper ses exportations en Europe de l'Ouest.
Selon lui, il y a cependant peu de chances que le projet de GNL Québec, dont l’usine aurait été construite à Saguenay, puisse être relancé.

Un accord sur le développement de l'hydrogène entre le Canada et l’Allemagne sera conclu à Terre-Neuve et Labrador.
Photo : Associated Press / Michael Sohn
Ça fera partie de l’ensemble des projets qui pourraient être considérés, mais somme toute je pense qu’il y a relativement peu d’espoirs. Il faut dire que le problème de l’Allemagne, il est urgent. C’est là qu’ils ont besoin de gaz naturel, donc on parle de mois, pour la prochaine saison de chauffage. Donc c’est certain que le Canada ne peut rien faire à l’égard de ce problème-là. On parle d’un horizon d’au moins cinq à dix ans que ça prend pour lancer des projets de cette nature-là, si tout va bien
, a-t-il indiqué.
Jean-Thomas Bernard a ciblé deux projets de GNL dans les Maritimes, dont un au Nouveau-Brunswick, où des installations portuaires pour une usine d’importation pourraient servir, et l’autre en Nouvelle-Écosse.
Je dirais que ces deux projets-là sont en avance par rapport à GNL Québec
, a-t-il exprimé.
Rappelons que le projet de GNL Québec a été refusé par Québec et Ottawa. Toutefois, l’entreprise a signé en juin dernier un accord avec la société d’État ukrainienne Naftogaz pour approvisionner en gaz naturel liquéfié et en hydrogène l’Ukraine.
Avec les informations de Gilles Munger, Jean-François Coulombe et Myriam Gauthier