La vie après mon rêve olympique

Quelques mois après avoir participé aux Jeux de Tokyo, Alexis Lepage, Karol-Ann Canuel et Camille Bérubé ont tour à tour annoncé leur retraite.
Photo : Radio-Canada / Photos : Octavio Passos, Getty Images / Andrew Medichini, La Presse canadienne / Jamie Squire, Getty Images / Shaun Botterill, Getty Images / Charles Lalande, Radio-Canada / Jonathan Franchomme
Quelques mois après avoir participé aux Jeux olympiques de Tokyo, trois sportifs de l’Outaouais ont tour à tour annoncé leur retraite. Jusqu'à cette décision mûrement réfléchie, le quotidien d’Alexis Lepage, de Karol-Ann Canuel et de Camille Bérubé était réglé au quart de tour pour la pratique de leur sport.
Maintenant que leur parcours d’athlète est chose du passé, ils peuvent se consacrer à d’autres projets tout en passant davantage de temps à la maison avec leurs proches, ce que leur ancienne vie d’athlète ne leur permettait pas souvent.
ICI Ottawa-Gatineau a eu l’occasion de leur poser quelques questions afin d’en apprendre davantage sur leur après-carrière.

Retraitée à 34 ans, Karol-Ann Canuel continue de rouler, mais seulement pour le plaisir (archives).
Photo : Associated Press / Tim de Waele
À quel moment as-tu choisi de prendre ta retraite en n’ayant plus aucun doute que c’était la meilleure décision?
À 28 ans, Alexis Lepage s’est accordé une longue période de réflexion. Depuis sa tendre enfance, son but ultime a toujours été de participer aux Jeux olympiques. Une fois cet objectif atteint, le triathlète n’avait plus de but qui le motivait.
Je ne ressentais pas le besoin d’aller nager chaque jour ou d’aller faire des intervalles. On dirait que j’avais juste envie de m’entraîner sans pousser la machine au maximum
, confie le Gatinois qui habite maintenant à Québec.
De vivre dans mes valises pendant neuf mois, chaque année, depuis sept ou huit ans, ça commençait à peser lourd dans ma vie.
La paranageuse Camille Bérubé, elle, a bien failli tout abandonner en 2017, mais son entraîneur du club de natation de Gatineau, Craig McCord, a été un catalyseur qui l’a propulsée pendant cinq autres années! Après avoir pris part à ses troisièmes Jeux paralympiques cet été, elle a vu les Jeux du Commonwealth comme le moment idéal pour se retirer.
Je trouvais que c’était une belle note de finir sur une compétition internationale à laquelle je n’avais jamais pris part
, explique la Gatinoise qui a pu savourer une médaille de bronze au 100 m brasse.

Les Jeux du Commonwealth ont marqué la fin de la carrière de Camille Bérubé (archives).
Photo : Getty Images / Shaun Botterill
La cycliste Karol-Ann Canuel avait déjà décidé d’accrocher son vélo après la grande fête du sport amateur à Tokyo où elle a fait sa place parmi les 15 premières au contre-la-montre. Quand les Jeux ont été repoussés d’un an en raison de la pandémie, elle a choisi de continuer jusqu’en septembre 2021.
D’avoir pu choisir le moment de te retirer a-t-il rendu la transition plus facile?
Les trois athlètes de l’Outaouais ont eu la chance de prendre leur retraite au moment où ils l’ont bien voulu. Ils n’ont pas été contraints de le faire en raison d’une blessure sérieuse ou parce que leur équipe nationale ne voulait plus d’eux.
Cela aide énormément à être en paix avec la fin de ce chapitre de leur vie, particulièrement pour Camille Bérubé qui a vécu son lot de moments difficiles au cours des dernières années.
J’aurais eu 1001 raisons d’abandonner, mais je ne voulais pas laisser mon sport avec un sentiment d’amertume.
Maintenant, quels sont tes projets?
L’entraînement fait évidemment partie de la vie d’un athlète de haut niveau. Les sacrifices aussi, et les retraités ne s’en ennuieront pas.
Le cyclisme continue de faire voyager Karol-Ann Canuel à l'étranger, mais cette fois, elle ne pédale pas. Elle a travaillé pour une équipe de télédiffusion lors du Tour de France féminin à la fin du mois de juillet. À peine rentrée à la maison, elle repart en Europe afin d'accompagner l’équipe nationale à des compétitions en France et aux Pays-Bas.
Cette année, je suis en transition, alors j'en profite pour redonner à mon sport qui m'a tellement apporté.
À court terme, Camille Bérubé va profiter d’une période de vacances avant de travailler comme conseillère en accessibilité au Musée des sciences et de la technologie du Canada, à Ottawa. Je m’en vais en camping avec ma conjointe et des amis. Ensuite je pars dans l’Ouest canadien. Pour la première fois en 13 ans, je vais pouvoir partir sans avoir un sentiment de culpabilité.
Quant à Alexis Lepage, il a développé une passion pour l’immobilier avec sa conjointe et quelques amis. On construit une maison unifamiliale pour un couple et six maisons de ville pour un ami et pour moi. En ce moment, je gère le projet de construction
, explique celui qui a pris part au relais mixte avec l’équipe canadienne à Tokyo.

Alexis Lepage n'a plus «aucun plan d’entraînement. J’y vais au feeling», dit le nouveau retraité (archives).
Photo : Gracieuseté de Alexis Lepage
Est-ce que tu continues de t’entraîner? Si oui, dans quel but?
Comme le veut l’adage, on peut sortir l’athlète de son sport, mais pas le sport de l’athlète. L’expression cadre bien avec le trio, qui continue de s’entraîner pour le plaisir.
J’essaie de me tenir en forme. Après tout, ça fait partie de ma vie, mais il n’y a plus de pression quotidienne ou de performance
, explique l’ancienne cycliste amossoise qui a grandi en Outaouais.
La retraitée la plus récente du trio, Camille Bérubé, s’accorde une période de repos loin des piscines, mais rapidement, elle va inclure la natation dans son horaire. En attendant, je fais aussi du vélo et de l’escalade
, dit la diplômée de l’Université d’Ottawa.