Sans-abrisme : les municipalités du Nord vont demander plus d’aide au provincial

Les nombreux enjeux qui concernent les sans-abri coûtent cher aux municipalités du Nord de l'Ontario.
Photo : CBC/Sarah MacMillan
Armées de nouvelles données sur la progression du sans-abrisme, des dépendances et des troubles de santé mentale, les associations qui représentent les municipalités du Nord de l’Ontario comptent demander des fonds supplémentaires à la province pour la convaincre d’ouvrir son portefeuille pour les villes.
Un nouveau rapport de l’Institut des politiques du Nord propose une série de mesures, appuyées par des données, qui démontrent que le Nord de l’Ontario nécessite une plus grande contribution du gouvernement provincial pour s’attaquer à des enjeux de pauvreté qui ont empiré dans toutes les régions depuis 2016.
Ce rapport va servir de base à la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario (FONOM) et à l’Association municipale du Nord Ouest de l’Ontario (NOMA) pour leurs efforts de lobbying qui vont avoir lieu lors d’une rencontre avec le gouvernement provincial le 14 août.
Le rapport s’intitule Plus qu'un simple chiffre : résoudre la crise de l'itinérance, de la toxicomanie et de la santé mentale dans le Nord.
Fardeau pour les municipalités
Il fait état d’une hausse importante depuis 2016 du fardeau des municipalités pour ces enjeux, des services qui sont normalement couverts par le système de santé provincial selon la distribution traditionnelle des compétences depuis le début de la Confédération.
Et chacune des 163 municipalités du Nord de l'Ontario est officiellement considérée comme une zone où les besoins en médecins sont élevés
Le rapport fait huit recommandations afin de permettre une meilleure distribution des coûts entre la province et les municipalités et pour renforcer les initiatives régionales qui luttent déjà contre les enjeux inclus dans le rapport.
Les huit recommandations du rapport :
- Fournir un financement à long terme pour réparer les logements communautaires.
- Modifier la Loi de 1990 sur la protection et la promotion de la santé, afin de définir un centre de services du Nord et d’apporter un financement supplémentaire qui permettra de rendre un tel centre accessible dans les communautés.
- Créer un groupe de travail pour documenter les problèmes de rétention de professionnels de la santé dans le Nord de l’Ontario.
- Soutenir de nouveaux programmes et des programmes existants de Logement d’abord.
- Aider les installations nouvelles et existantes de logements communautaires adaptés à la culture des peuples autochtones.
- Créer un Centre d'excellence en santé mentale et en toxicomanie dans le Nord, afin de résoudre les problèmes uniques à la région.
- Passer un contrat avec une compagnie privée, pour gérer les transferts de patients entre établissements afin d’alléger le travail des ambulanciers.
- Établir des équipes mobiles d'intervention en cas de crise dans les municipalités du Nord de l’Ontario.
De plus, le rapport fait état des bureaux de santé publique qui rapportent que la santé mentale perçue par les habitants du Nord de l’Ontario est plus basse que la moyenne provinciale dans 10 des 11 districts de la région.
Dans la littérature, on dit souvent que dans les régions où la vitalité économique est plus faible, la santé mentale ressentie est moins bonne qu’ailleurs
, explique Martin Lefebvre, chercheur principal à l’Institut des politiques du Nord.
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Le rapport révèle de plus que 5 des 11 districts du Nord ont un taux de sans-abri par habitant plus élevé que celui de Toronto, et que deux autres districts suivent de près.
C’est dans le district de Cochrane, selon le rapport, que se trouve le plus grand nombre de sans-abri par 1000 habitants, avec 3,9.
À Toronto, on estime le nombre de sans-abri à 2,4 par 1000 habitants.

Les tentes se sont multipliées au parc Mémorial dans la dernière année (archives).
Photo : Radio-Canada / Zacharie Routhier
Parmi les sans-abri du Nord de l’Ontario, le lien entre les problèmes de santé mentale et de toxicomanie, et le sans-abrisme est par ailleurs très élevé : 9 des 11 districts ont plus de 50 % de leur population de sans-abri qui estiment vivre avec les 3 problèmes décrits dans le rapport.
De plus, depuis cinq ans, les taux d'hospitalisation liés aux opioïdes sont en hausse dans tous les districts, tout comme le nombre de sans-abri.
En ce qui concerne l’accès au logement social, qui pourrait être une porte de sortie de la crise du sans-abrisme, les listes d’attente continuent de stagner dans plusieurs districts du Nord de l’Ontario, selon le rapport.
Les municipalités espèrent faire passer un message
La présidente de l'Association des municipalités du Nord-Ouest de l'Ontario, Wendy Landry, affirme que des dirigeants régionaux tiennent déjà des discussions pour commencer à définir les carrefours de services du Nord. Ceux-ci s'appuient sur les données du rapport qui montrent le coût de l'extrême pauvreté.

Wendy Landry, la mairesse de Shuniah dans le Nord-Ouest de l'Ontario.
Photo : Radio-Canada / Cathy Alex/CBC
Le logement, le sans-abrisme, la santé mentale et les dépendances font tous partie de nos coûts municipaux lorsqu'il s'agit de services de police, de services d'urgence et de services hospitaliers. Si nous ne nous attaquons pas à la racine des problèmes sociaux, cela va continuer à coûter cher aux municipalités
, estime Mme Landry.
Nous espérons avoir fourni assez d'informations et assez de passion dans notre plaidoyer pour que le gouvernement constate que nous offrons des solutions pour aborder les problèmes qui ne font que croître
, ajoute-t-elle.
Nous espérons que cette approche aura plus d’impact que de la rhétorique ou une stratégie de communication sans données qui l’appuient
, indique-t-elle.
Avec les informations de Jon Thompson, de CBC