Le profit des entreprises pétrolières est « immoral », dénonce le chef de l’ONU

Antonio Guterres estime à près de 100 milliards de dollars les profits réalisés au premier trimestre de 2022 par les géants des hydrocarbures.
Photo : Getty Images / ANGELA WEISS
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé mercredi la « cupidité » des grandes entreprises pétrolières et gazières, qui réalisent des profits « scandaleux« sur « le dos des plus pauvres » grâce à la crise provoquée par la guerre en Ukraine, et a appelé les gouvernements à les taxer.
La vérité, c'est que nous voyons ces profits excessifs et scandaleux des entreprises pétrolières et gazières à un moment où nous perdons tous de l'argent
, a lancé Antonio Guterres lors d'une conférence de presse à l'occasion de la publication du troisième rapport de l'ONU sur les conséquences mondiales de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
« Il est immoral que les entreprises pétrolières et gazières fassent des profits records grâce à cette crise énergétique, sur le dos des populations et des communautés les plus pauvres, avec un coût massif pour le climat. »
J'appelle tous les gouvernements à taxer ces profits excessifs et à utiliser ces fonds pour soutenir les plus vulnérables en ces temps difficiles
, a-t-il ajouté, pariant sur le fait qu'une telle décision serait sans aucun doute populaire
.
Il a estimé à près de 100 milliards de dollars les profits réalisés au premier trimestre de 2022 par les géants des hydrocarbures. Avec la hausse des cours du pétrole et du gaz, BP, ExxonMobile, Chevron, Shell ou encore TotalEnergies ont également annoncé d'énormes profits au deuxième trimestre.
Cette cupidité ridicule punit les plus pauvres et les plus vulnérables tout en détruisant notre seule maison commune : la planète
, a insisté Antonio Guterres.
Depuis la précédente évaluation, en juin, les impacts de la crise du pouvoir d'achat se font sentir plus profondément et plus largement dans le monde entier
, souligne le rapport.
Il rappelle notamment que d'ici la fin de 2022, 345 millions de personnes pourraient se retrouver en situation d'insécurité alimentaire dans 82 pays, soit 47 millions de plus à cause de cette guerre.
De nombreux pays en développement sont noyés dans les dettes sans accès au financement, luttent pour se relever de la pandémie de COVID-19 et pourraient basculer dans le précipice
, a mis en garde le secrétaire général de l'ONU en notant des signes avant-coureurs d'une vague de révoltes économiques, sociales et politiques qui pourrait n'épargner aucun pays
.
Dans ce contexte, le rapport, qui se penche plus précisément sur la crise énergétique majeure
, appelle les gouvernements à définir les populations les plus vulnérables et à leur permettre d'avoir accès à une énergie abordable
.
Pour faire face à cette crise sans remettre en cause les engagements pour limiter le réchauffement climatique, il appelle en particulier les gouvernements à prendre des mesures pour réduire la demande d'énergie, par exemple réduire le chauffage et l'air climatisé, réduire les transports aériens, rénover les bâtiments, etc., tout en accélérant le développement des énergies renouvelables.