Le potentiel redécoupage électoral critiqué par des élus de l’Est-du-Québec

Les circonscriptions de l'Est-du-Québec pourraient être modifiées en vue des prochaines élections fédérales, qui auront lieu en octobre 2025 (archives).
Photo : La Presse canadienne / Chris Young
Le potentiel retrait de la carte électorale d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia est loin de faire l’unanimité au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, les deux régions administratives que chevauche la circonscription fédérale. Des élus qui critiquent vertement cette possibilité comptent faire des représentations pour renverser la vapeur.
La Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec a présenté, vendredi, une proposition qui éliminerait un comté dans l’Est-du-Québec.
La circonscription actuellement détenue par la bloquiste Kristina Michaud serait ainsi scindée en deux, ce qui donnerait naissance à Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine–Listuguj et à Rimouski–Matane.
Le maire de Gaspé et préfet de la MRC
de La Côte-de-Gaspé, Daniel Côté, se montre très critique quant à cette recommandation. L’élu était en entrevue à l’émission D’Est en Est lundi après-midi.Il a souligné que le redécoupage proposé aurait pour effet de rendre encore plus immenses nos circonscriptions fédérales qui sont déjà énormes
et, donc, de complexifier le travail des députés fédéraux. Ça rend le député moins accessible pour le territoire, qui s’agrandit. Ça a un impact collatéral chez nous.
C’est aussi l'avis du maire de Price et préfet de la MRCinhumain
pour les élus fédéraux d’arpenter et de représenter leur circonscription à Ottawa.
« Je pense qu’il faut éviter ça, sinon on va juste continuer à aller dans la même direction [que celle dans laquelle on va] actuellement, c’est-à-dire que les régions vont avoir de moins en moins de représentants, donc les besoins des régions seront de moins en moins représentés à la Chambre des communes. »
La nouvelle circonscription actuellement représentée par la députée fédérale Diane Lebouthillier, Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine, deviendrait aussi grande que la Belgique, soit 62 fois la superficie de l'île de Montréal, dit-elle.
L'élue croit que l'abolition de l'une des quatre circonscriptions de l'Est-du-Québec représenterait une attaque à la démocratie dans la région. « C'est une aberration. Il s'agit d'une perte d'une voix politique régionale à l'échelle fédérale », dénonce-t-elle avec véhémence.
Selon Daniel Côté, chaque fois que la Commission se penche le redécoupage des circonscriptions fédérales, c’est-à-dire tous les dix ans, c’est un éternel combat […] un éternel recommencement
.
« On se bat toujours contre des fonctionnaires dans une tour à bureaux qui prennent une calculatrice, qui évaluent seulement la démographie, qui tracent un coup de crayon sur une carte et qui disent que ce sera ça [notre] nouvelle circonscription. Ça ne fonctionne pas! »
Selon M. Côté, la réalité sur le terrain et le sentiment d’appartenance doivent être pris en compte lorsqu'il est question de carte électorale.
Soulignant que la Commission a par le passé eu tendance à entériner de nouvelles circonscriptions plus réduites que celles d’emblée proposées, le Gaspésien demeure optimiste pour la suite des choses.
Des audiences très attendues
Le préfet de La Côte-de-Gaspé, qui se considère comme un régionaliste convaincu
, compte faire des représentations lors des audiences publiques, prévues pour le mois prochain. Daniel Côté pense qu’il ne sera pas le seul à monter aux barricades.
« Je me dis que, si personne ne parle et que si on laisse passer ça, on va se retrouver avec des territoires de circonscriptions qui ne tiennent pas compte de la réalité terrain. »
Son confrère de La Mitis a aussi l’intention de livrer bataille et espère que les autres élus feront de même. Je ne m’attendrais pas, quand même, à ce que les gens aillent manifester, ça c’est sûr et certain, parce que ce n’est pas quelque chose qui les touche directement
, nuance-t-il.
Diane Lebouthillier entend elle aussi se joindre à la protestation contre cette réforme. Elle ne se dit pas fermée à l’idée de collaborer avec d’autres élus de l’Est-du-Québec, et ce, quelle que soit leur allégeance politique. « Quand on parle de voix politique et de réalité régionale, c'est important d'avoir une voix aux tables du Parlement pour en discuter », souligne-t-elle.
La ministre du Revenu national depuis 2015 ajoute qu'elle trouve particulier que la Commission présente ce remaniement en plein été, pendant les vacances de la construction.
« La Commission nous laisse seulement un mois pour nous mobiliser alors qu'elle sait que les élus et la population sont en vacances, en plus des élections provinciales en septembre. C'est comme si elle mettait tout en œuvre pour faire en sorte qu'il y ait le moins de représentation possible. »
La Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec sera de passage à Gaspé, Matane, Rimouski et Rivière-du-Loup les 6, 7, 8 et 9 septembre prochains.