Climat : Maritime Electric veut réduire ses émissions de moitié d’ici 2030
Le distributeur d’électricité compte miser davantage sur l'énergie éolienne et solaire.

Des éoliennes à North Cape à l'Île-du-Prince-Édouard
Photo : Radio-Canada / François Pierre Dufault
Le distributeur d’électricité de l’Île-du-Prince-Édouard, Maritime Electric souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % d’ici 2030.
L’objectif de la compagnie a été annoncé lors de la publication de son premier rapport sur la durabilité du service.
« Nous pensons que c’est réalisable. Il y a beaucoup de façons d’y arriver et nous avons des plans. »
Pour le président-directeur général de Maritime Electric, Jason Roberts, le plan de sa compagnie est aligné avec l’objectif de la province de devenir carboneutre d’ici 2040.
Afin de réduire ses émissions, la compagnie souhaite ajouter environ 100 mégawatts d’énergie éolienne et 120 mégawatts d’énergie solaire au réseau.
Maritime Electric prévoit également de remplacer entièrement sa flotte de véhicules légers par des véhicules électriques.
Les défis de la mise en place du projet
Selon le professeur Jean-Thomas Bernard, du Département de science économique à l’Université d’Ottawa, l’intermittence dans l’exploitation de ces types d’énergie renouvelable pourrait représenter un obstacle pour Maritime Electric dans son projet.
« Cette électricité est produite lorsque le vent est fort ou lorsque le soleil brille, mais cela ne veut pas dire que cela coïncide avec la période où on a un besoin. »
Il ajoute qu’une forte demande pour de l'électricité à l'île obligerait la compagnie à continuer à s’apprivoiser de sources d’énergie moins vertes.
Cela prend une façon de faire l’entreposage, comme des batteries, mais il y n’y a pas encore de déploiement de batteries à grande échelle, ou encore, il faut faire appel à une électricité d’appoint, comme le gaz naturel,
explique-t-il.
Jean-Thomas Bernard explique qu’il y a d’autres options qui pourraient être envisageables pour que Maritime Electric atteigne son objectif, notamment faire appel à l’énergie hydroélectrique.
Selon le professeur en gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, un changement des habitudes de consommation serait nécessaire afin de réduire la demande pour de l’énergie, lorsque la production à partir des éoliennes et des parcs solaires sera plus faible à cause des changements météorologiques.
« Si vous avez un véhicule électrique, ce n’est pas le moment de charger votre véhicule durant la nuit, mais ce serait mieux de le faire durant le jour lorsqu’on a une production d’énergie solaire. »
Il ajoute que la mise en place de lignes de distribution d’électricité faciliterait l’importation d’énergie renouvelable à l’île.
C’est d’importer de l’électricité qui peut être disponible au Nouveau-Brunswick et au Québec et d’approvisionner l’Île-du-Prince-Édouard avec de l’énergie depuis des sources renouvelables
, précise Pierre-Olivier Pineau.
Le professeur Jean-Thomas Bernard rappelle que la grande majorité de l’électricité consommée à l’île provient déjà du Nouveau-Brunswick, où il existe encore des usines nucléaires et des usines à charbon.
Pour lui, les autres provinces de l’Atlantique devraient également procéder à ce virage vert pour que Maritime Electric puisse atteindre son objectif.
Une plus grande production locale
Le président-directeur général de Maritime Electric, Jason Roberts, souhaite que la production locale d’énergie renouvelable augmente.
Nous sommes tout à fait disposés à faire cet investissement et à mener ces projets
, a-t-il déclaré.
Le professeur Jean-Thomas Bernard explique néanmoins que l’objectif de 100 mégawatts d’énergie éolienne représenterait de 30 à 40 nouvelles éoliennes installées à l’île.
Il rappelle que la construction de nouveaux parcs éoliens peut causer du mécontentement dans certaines communautés.
Il faut se rappeler que ce n’est pas tous les résidents qui voient l’arrivée des éoliennes avec un œil favorable, que ce soit sur terre ou en mer, car cela affecte le paysage. Il ne faut pas négliger ces aspects
, explique le professeur.
Maritime Electric achète déjà toute l'énergie éolienne de l'île auprès de la compagnie P.E.I. Energy Corporation, ce qui représente presque 25 % de l’énergie utilisée dans la province.
Des coûts ajoutés
Le président-directeur général de Maritime Electric, Jason Roberts, a laissé entendre qu’une augmentation des frais d’électricité serait possible lorsque la compagnie fera son virage vert.
La transition vers une économie plus propre et plus verte va-t-elle avoir un impact ? Elle en aura
, dit-il.
L’objectif de la compagnie est néanmoins de réduire les effets de ce virage sur les clients en adoptant une approche graduelle et équilibrée, souligne le président-directeur général.
Maritime Electric a demandé une augmentation du prix de l’électricité d’environ 3 % par an pour les trois prochaines années.
La Commission de réglementation et d’appels de l’île analyse toujours la demande.
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Avec des informations de Kate McKenna de CBC