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« Je suis dans la souffrance toute seule », dit la mère de Jean René Junior Olivier

Marie-Mireille Bence lors d'un point de presse derrière plusieurs micros.

Marie-Mireille Bence attend toujours des réponses concernant la mort de son fils aux mains des policiers de Repentigny.

Photo : Radio-Canada

Ça fait un an jour pour jour que Jean René Junior Olivier a été abattu par la police de Repentigny, pas loin de sa résidence familiale. Sa mère, Marie-Mireille Bence, qui a entendu les coups de feu, attend toujours les résultats de l'enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI).

« Ce que je vois devant moi, c’est la façon dont mon fils est parti. Je sens toujours un fardeau parce que c'est moi qui ai appelé le 911 », affirme Mme Bence, qui ne peut retenir ses larmes en entrevue avec CBC.

Les policiers qui ont assassiné mon fils sont chez eux et vaquent à leurs préoccupations […]. Ils vont bien, alors que je suis dans la souffrance toute seule et je ne vais pas bien. Chaque jour, je pleure, ajoute-t-elle avec insistance et en larmes.

Quels que soient mes problèmes, je ne vais plus jamais appeler le 911. Non, c’est fini pour moi, confie la mère de l'homme de 37 ans, père de deux garçons.

Le 1er août 2021, Mme Bence a composé le 911 afin d'obtenir de l'aide pour son fils en état de détresse psychologique. Elle souhaitait qu'il soit hospitalisé. Selon le BEI, Jean René Junior Olivier avait un couteau en sa possession et se montrait menaçant envers les policiers. C'est dans ces circonstances que les policiers ont tiré sur lui.

Ils [les policiers] m’ont demandé de rentrer dans la maison et de verrouiller les portes, et c’est là qu’ils l’ont assassiné. J'ai entendu des coups de feu, mais je ne pouvais pas imaginer que c'était ça, soutient Marie-Mireille Bence. Pourquoi m'ont-ils demandé ça?

Mme Bence affirme qu'un policier est venu la voir après les faits pour lui dire qu'ils avaient tiré trois balles dans l'estomac de son fils. C’est vraiment dur, et c'est inacceptable, fait-elle savoir.

Ce que j'aimerais, c'est que cela ne se reproduise plus jamais dans notre communauté. Parce que je souffre, et je ne souhaite pas qu'un autre parent traverse ce que je suis en train de vivre.

Une citation de Marie-Mireille Bence
La mère tient un cadre dans lequel se trouve une photo de son fils.

Marie-Mireille Bence attend des mesures fortes pour qu'aucune autre personne de sa communauté ne soit tuée comme son fils.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Aucune nouvelle de l'enquête

Le BEI a conclu son enquête en mai. Mme Bence en a été informée en juin, sans pouvoir connaître les résultats de ladite enquête, dit-elle. Elle affirme par ailleurs que, depuis, elle n'a plus de nouvelle.

Le BEI m’a dit [...] que le dossier est entre les mains de la Direction des poursuites criminelles et pénales [DPCP]. On me répète la même chose : "L'enquête est en cours", se désole-t-elle.

Je ne sais pas s'il y aura des accusations, seul Dieu sait, poursuit-elle.

« Si j'avais été dehors avec mon téléphone à la main et que j'avais filmé ce qui s'est passé, alors je pourrais être confiante de la suite du dossier, mais là, c'est entre [les policiers]. »

« On ne nous respecte pas », a déploré Mme Bence, faisant référence à la communauté noire. Ce n’est pas facile, estime-t-elle, d'autant plus que le gouvernement ne souhaite pas reconnaître le racisme systémique. Ça, c’est une plaie, une plaie qui ne guérit pas. S'il ne le reconnaît pas, on ne va pas agir, craint-elle.

La police de Repentigny fait l'objet de plusieurs accusations de profilage racial envers la population noire.

Des personnes rassemblées devant un édifice, tandis qu'on voit une bannière disant «Black Lives Matter, Non!» accrochée à un mur.

Quelques dizaines de personnes ont participé à un rassemblement à la mémoire de Jean René Junior Olivier devant l'hôtel de ville de Repentigny, lundi soir.

Photo : Radio-Canada

Quitter Repentigny ?

À Repentigny, tu ne vois personne, je reste le plus le souvent à la maison, dit Mme Bence, qui souligne cependant pouvoir compter sur le soutien de sa famille et de ses amis.

Après le drame, je ne voulais même pas sortir, c’est comme si dans ma tête tout le monde me regarde, fait savoir Mme Bence, qui dit aussi avoir pensé à quitter Repentigny. Mais pour moi, ce n’est pas une bonne affaire pour l’instant, explique-t-elle.

Elle souhaite un plan d'action pour éviter les drames associés aux interventions policières. C'est pourquoi elle recommande que celles-ci soient encadrées par des associations ou des personnes indépendantes.

Et lorsqu'on lui rappelle qu'un plan est prévu par le service de police de Repentigny, dont les agents se feront désormais accompagner par six travailleurs sociaux lors des interventions liées à des problèmes de santé mentale, elle attend de le voir pour le croire.

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