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À la découverte de communautés autosuffisantes de la Gaspésie

Une ferme.

La ferme maraîchère à Saint-Louis-de-Gonzague

Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Plusieurs sociétés alternatives se sont formées dans les dernières années en Gaspésie. Pour des raisons économiques, politiques ou sociales, certains ont envie de vivre autrement, notamment dans la MRC de Bonaventure et à Saint-Louis-de-Gonzague.

À la communauté du Manoir, située dans la MRC de Bonaventure, les membres doivent offrir 42 heures de leur temps par semaine et l'entièreté de leurs revenus à la collectivité. C’est le prix à payer afin d'habiter la demeure qui les accueille.

La maison où vivent les membres de la communauté.

La maison où séjournent tous les membres de la communauté le Manoir.

Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

La communauté du Manoir, formée il y a sept ans, estime que le mode de vie proposé préserve les membres de la conjoncture économique, soit l'inflation et la crise du logement qui sévissent au Québec.

C’est certain qu’on est plus forts vu qu’on partage nos revenus et qu’on s’entraide. On arrive aussi à diminuer de beaucoup nos dépenses en vivant dans la même maison. On diminue les factures d’électricité et on fait des tours de repas, ce qui nous libère du temps, affirme Vincent Blouin, un des membres fondateurs.

On appelle ça une communauté intentionnelle. On est des gens qui ont envie de vivre ensemble pour entre autres réduire notre impact environnemental, avoir une meilleure justice sociale, et cetera, et on croit que le fait de vivre ensemble et de mettre en commun nos revenus nous rend plus forts et meilleurs pour arriver à ces objectifs.

Une citation de Vincent Blouin, membre fondateur de la communauté du Manoir
Un homme devant la ferme de la Communauté du Manoir.

Vincent Blouin, membre fondateur de la Communauté du Manoir

Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Dans la communauté du Manoir, aucun leader n'est désigné. Chaque semaine, les huit membres se réunissent lors d’une réunion où ils déterminent ensemble les priorités des jours à venir. Pour qu’on s’entende et qu’il y ait moins de chicane, c’est important que ce soit le groupe qui décide des priorités de notre temps de travail, estime M. Blouin.

Au quotidien, les participants font à peu près tout en groupe. L’heure des repas ne fait pas exception et l'assiette est composée en presque totalité de produits cultivés dans leur cour arrière. On vise l’autosuffisance parce que d’avoir des jardins près de chez soi nous permet de vivre près de la nature et d’avoir une relation avec elle. On est aussi dans cette vision d’agriculture biologique qui est plus proche de la nature, ajoute le membre fondateur.

Or, l'autosuffisance n'est pas encore atteinte, ce qui les force parfois à se rendre à l’épicerie. Comme les membres se déplacent dans les villages aux alentours pour commercialiser leurs produits ou faire des achats, ils prennent part au reste de la société.

Je pense que le projet est quand même bien enraciné dans la communauté en Gaspésie. Je m’occupe beaucoup du volet des potagers partagés, donc le fait de travailler pour cette entreprise et d’avoir à sortir pour aller vendre les légumes fait que je ne me sens pas recluse, indique Solange Lecot, membre du Manoir depuis mai 2018.

C’est à la fois beaucoup de responsabilités et beaucoup de liberté en même temps.

Une citation de Solange Lecot, membre de la communauté du Manoir
Une membre de la Communauté le Manoir.

Solange Lecot, membre de la Communauté autosuffisante le Manoir

Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Comme les membres se côtoient presque chaque heure de la journée, la communauté du Manoir se permet de bien sélectionner les futurs résidents. On a un formulaire et beaucoup de documentations que les gens consultent pour voir si c'est vraiment ce qu’ils veulent. Après on fait une visite de deux semaines, puis si la visite va bien, il y a une période de probation de six mois , explique Vincent Blouin.

À Saint-Louis-de-Gonzague

Le village de Saint-Louis-de-Gonzague à Carleton-sur-Mer a été fermé en 1974. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, le lieu est habité par une communauté qui souhaite vivre autrement. Une grande part de l'alimentation des habitants du secteur est issue du maraîchage de quelques membres de cette communauté d’une douzaine de personnes.

On pourrait dire que Saint-Louis est une mosaïque villageoise. Au gré de cette configuration, il y a des organisations avec des missions plus spécifiques qui se déploient et ça amène des activités d’entraide ou des activités individuelles que les gens organisent comme ils veulent, explique un producteur maraîcher et résident de Saint-Louis-de-Gonzague, Gaspar Lépine.

Un membre de la communauté autosuffisante.

Gaspar Lépine, producteur maraîcher et résident de Saint-Louis-de-Gonzague

Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Dans cette communauté, contrairement à celle du Manoir, les membres n’habitent pas obligatoirement ensemble. M. Lépine affirme que ce qui unit sa communauté est avant tout l’intention de résider au village. Ensuite, il y a des affinités politiques clairement, dans le sens où on choisit des modes d’organisations différents comme notre modèle démocratique beaucoup plus horizontal qui rejette les principes de base du capitalisme, commente-t-il.

Ça demande du travail autant que n'importe quel autre emploi, sauf que notre travail reste à nous. On récupère nos efforts.

Une citation de Gaspar Lépine, producteur maraîcher et résident de Saint-Louis-de-Gonzague

Les habitants de Saint-Louis-de-Gonzague s’estiment eux aussi, moins touchés que le reste de la population par les changements économiques actuels. C’est sûr qu’on est affectés par le prix du gaz et le prix de l’épicerie, mais on est capables de produire une portion des aliments et de limiter notre usage de l’essence, donc en fin de compte, on est un petit peu plus à l'abri, affirme Gaspar Lépine.

Il considère toutefois que ce mode de vie n’est pas une solution à tout. Encore faut-il apprendre à vivre ensemble. Il s'agit du réel défi, selon le résident de Saint-Louis-de-Gonzague.

Une résidente de la communauté autosuffisante de Saint-Louis-de-Gonzague.

Maude Prud'homme, résidente de Saint-Louis-de-Gonzague.

Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Le plus grand défi, c’est de faire communauté. Ça implique de travailler sur soi, sur nos relations, sur nos connaissances du lieu qu’on habite, sur l’histoire des territoires qu’on habite. Ça implique plusieurs remises en question, fait-valoir Maude Prud’homme, résidente de Saint-Louis-de-Gonzague depuis 13 ans, mais ça permet aussi d’apprendre à faire avec ce qu’on a.

Avec les informations de Louis Pelchat-Labelle

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