Québec veut faire cohabiter des maisons des aînés avec des garderies
Au moins cinq projets de jumelage dans un même bâtiment verront le jour. Une formule gagnant-gagnant.

Le concept de cohabitation intergénérationnelle va se développer au Québec.
Photo : getty images/istockphoto / romrodinka
Inspiré d'un concept très populaire en Europe du Nord, la cohabitation entre des garderies et des milieux d'hébergement pour personnes âgées va se développer au Québec en 2023. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) profitera de la construction de maisons des aînés pour offrir un espace locatif à des centres de la petite enfance (CPE), à la même adresse.
Le directeur du CPE
Cachalot, Stéphane Cadieux, a hâte d'ouvrir une nouvelle installation de 80 places dans la maison des aînés toute neuve de Châteauguay, qui verra le jour au printemps prochain. Il imagine déjà la coopération qui pourra se faire entre les générations.Ça serait intéressant que les enfants puissent rendre visite aux personnes âgées et inversement
, dit-il. On pourrait faire des activités avec eux comme de la peinture, de la danse...
Précision :
Dans une première version de ce texte, il était écrit que le CPE Cachalot allait déménager dans la maison des aînés, mais c'est plutôt un CPE additionnel tout neuf, L'Océan des petits, qui s'y établira, avec le même directeur.
Selon le concept envisagé par le gouvernement, le MSSS
est propriétaire du bâtiment hébergeant la maison des aînés et louera un espace au CPE qui sera responsable d'aménager ses locaux.Au moins cinq projets déjà confirmés :
- CPE Cachalot (80 places) dans la maison des aînés de Châteauguay
- CPE Mon monde à moi (80 places) dans la maison des aînés de Carignan
- CPE La Campinoise (80 places ) dans la maison des aînés de Salaberry-de-Valleyfield
- CPE L’arbre enchanté (70 places) dans la maison des aînés de Trois-Rivières
- CPE des Cantons (42 places) dans la maison des aînés de Rivière-du-Loup
D'autres projets pourraient voir le jour, selon le gouvernement du Québec.
Un concept qui donne déjà des résultats positifs au Québec
Quelques rares exemples de cohabitation entre une garderie et un milieu de vie pour aînés existent dans la province. Il y a une garderie en milieu familial dans le CHSLD
Yvon-Brunet, à Montréal, où les six enfants mangent avec les aînés. Une autre petite garderie de six enfants existe depuis près de 30 ans au sein du CHSLD privé Manoir Soleil, à Chambly.Pour contrer la solitude des personnes aînées, un CPE
de 80 places est jumelé au Domaine Saint-Dominique, à Québec, depuis trois ans. Les enfants et les aînés partagent des activités comme le jardinage à ce CHSLD privé, mais ils ne vivent pas dans le même bâtiment.L'exemple qui ressemble le plus au modèle d'arrimage souhaité par le gouvernement, c'est celui du CPE
Les Petits Mulots à Québec. Une des installations, la Ribambelle des souriceaux, compte 61 enfants et se trouve dans la même bâtisse que le CHSLD Champlain-des-Montagnes où sont hébergés 93 aînés. Ils ont même une grande salle commune.« C’est comme si on était dans une maison et qu’on se réunissait tous dans le salon. »
On vit ensemble
, explique la directrice générale Louise Touchette, en poste depuis 17 ans. Quand les aînés font une activité, ils nous invitent. Et quand, au CPE , on fait quelque chose qui pourrait les intéresser, on les invite.
Quand l'orchestre des Violons du Roy est venu au CHSLD
, les enfants ont été conviés. Quand un clown est venu au CPE , les aînés ont été invités.« Les aînés aiment beaucoup leur présence, surtout ceux qui ne voient pas beaucoup leurs petits-enfants ou arrière-petits-enfants. »
Le mercredi, les enfants de 3 ans et plus montent sur les étages du CHSLD
. Ils font toutes sortes d'activités avec les personnes âgées : zoothérapie, jeux de mémoire, activités physiques… Il y a aussi l'heure du conte.Ce sont les aînés qui racontent l'histoire aux enfants, ajoute Louise Touchette. Et ils en ont des choses à dire, ils en ont, ils en ont…
Les enfants trouvent ça drôle d'aller sur les étages
, poursuit la directrice. Certains s'amusent à peser sur les pitons pour remonter le lit. Des fois, ça rentre dans la chambre et ça dit à l’aîné : "Pourquoi t’es pas encore habillé?"
Les personnes aînées qui ne sont pas intéressées à recevoir de la visite ne seront pas dérangées.
« Pour les aînés, quand on amène les poupons, ça fait leur année. C’est du bonheur pas cher qu’on leur procure. »
La directrice relate souvent l’histoire d’un vieux monsieur qui ne sortait jamais de sa chambre et qui ne parlait plus depuis qu’il était au CHSLDT’es donc bien beau en grenouille!
Louise Touchette s'en félicite : Ça a été sa joie de l’année.
Évidemment, durant la pandémie, les activités communes ont pris fin et la directrice a bien hâte qu'elles reprennent. Mais les aînés ont quand même pu regarder les enfants jouer dans la cour par la fenêtre de leur chambre.