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La pénurie de main-d’œuvre est causée par le vieillissement de la population

Les baby-boomers quittent la population active en masse, laissant plus de postes vacants qu'il n'y a de gens pour les occuper, expliquent des économistes.

Un vieil homme s'appuie sur sa canne.

La démographie est à blâmer pour la pénurie de main-d'œuvre, selon des économistes. (Archives)

Photo : iStock

Radio-Canada

Le Canada est en proie à une grave pénurie de main-d'œuvre, mais les économistes affirment que ce n'est pas la faute de la pandémie. Il s'agit plutôt de l'aboutissement inévitable d'un vaste changement démographique qui se prépare depuis des décennies, disent-ils.

[Cette situation] était prévisible il y a 60 ou 65 ans et nous n'avons rien fait pour y remédier, selon Armine Yalnizyan, économiste et membre sur l'avenir des travailleurs de la Fondation Atkinson. Nous savions que cette transition allait se produire.

Selon Statistique Canada, le ratio chômage/emplois vacants – une mesure clé qui sert à comparer le nombre de Canadiens à la recherche d'un emploi au nombre d'emplois disponibles – se situe actuellement à un niveau historiquement bas dans chaque province. En fait, ce ratio est nettement inférieur à ce qu'il était avant le début de la pandémie de COVID-19.

Il y a moins de travailleurs disponibles pour occuper les emplois disponibles. Selon les économistes, le baby-boom de l'après-guerre explique cette situation.

Pas assez de remplaçants

Les personnes âgées de 55 ans et plus quittent la main-d'œuvre canadienne, un exode qui, selon certains économistes, a été accéléré par la pandémie, car de nombreux travailleurs âgés ont opté pour une retraite anticipée. Et il n'y a tout simplement pas assez de jeunes travailleurs pour les remplacer.

En fait, la participation au marché du travail des personnes âgées de 25 à 54 ans approchait les 88 % en mai, soit une hausse de plus d'un point de pourcentage par rapport à février 2020, avant que la pandémie ne s'installe au Canada.

Les baby-boomers quittent [le marché du travail] et il n'y a pas assez de personnes qui entrent en scène, a déclaré Mme Yalnizyan. Nous avons en fait une part plus élevée que jamais de la population en âge de travailler qui travaille.

 

Cela contredit la théorie selon laquelle une sorte de grande démission parmi les Canadiens en âge de travailler, dont beaucoup ont profité des soutiens au revenu pandémiques, est à blâmer pour tous ces emplois vacants, selon Ian Lee, professeur associé à la Sprott School of Business de l'Université Carleton.

J'ai trouvé [cette hypothèse] très douteuse, car à moins d'être financièrement indépendant... La plupart d'entre nous doivent avoir un revenu pour vivre, a déclaré M. Lee. [Cette idée] n'a tout simplement aucun sens.

Mon premier soupçon en tant qu'économiste du travail est le suivant : est-ce que les gens ne font tout simplement plus partie de la population active? a déclaré Gordon Betcherman, professeur émérite à l'école de développement international et d'études mondiales de l'Université d'Ottawa. Ce n'est pas le cas. Elle est revenue aux niveaux que nous observions avant la pandémie.

Un marché d'employés

Selon les économistes, les données indiquent plutôt l'émergence d'un marché où les travailleurs jouissent d'un énorme pouvoir sur les employeurs.

Il est indéniable que l'équilibre entre les demandeurs d'emploi et les postes vacants a totalement changé, a déclaré M. Betcherman.

Selon Statistique Canada, cela a entraîné des pénuries de main-d'œuvre quasi sans précédent dans presque tous les secteurs d'emploi.

En particulier, le secteur de la construction et le secteur manufacturier ont du mal à recruter des travailleurs qualifiés. Même chose du côté des secteurs de l'hébergement et de la restauration, ce qui comprend les hôtels, les restaurants et les bars.

Il n'y a tout simplement pas assez de personnes prêtes à occuper des emplois mal payés.

Une citation de Armine Yalnizyan, économiste et membre sur l'avenir des travailleurs de la Fondation Atkinson

Les travailleurs ont beaucoup plus de choix maintenant, a convenu M. Lee. Si vous avez plus de choix et que vous n'êtes pas obligé de travailler dans cet secteur d'activité, vous irez travailler dans un secteur où il y a de meilleurs parcours professionnels, où les salaires sont plus élevés et où les horaires sont plus prévisibles.

Les salaires devraient augmenter

Cela pourrait forcer les employeurs de certains secteurs d'activité à augmenter les salaires, a déclaré M. Lee.

Je ne veux pas dire que la demande pour ces emplois va disparaître : ce n'est pas le cas, a-t-il déclaré. Mais je crois que nous allons assister à une inflation salariale assez substantielle dans ces secteurs au cours des prochaines années.

Selon Mme Yalnizyan, ce nouvel environnement concurrentiel signifie que les employeurs de certains secteurs devront augmenter les salaires s'ils espèrent conserver les travailleurs qualifiés.

Nous perdons des gens qui ont une formation d'éducateur de la petite enfance parce que nous ne les payons pas plus que les toiletteurs pour animaux. Pourquoi resteraient-ils s'ils peuvent obtenir un meilleur emploi dans un autre secteur?

C'est ce que confirment les données de Statistique Canada, qui montrent que le salaire d'acceptation – le taux horaire minimum auquel les demandeurs d'emploi sont prêts à accepter un poste – dépasse le salaire actuel offert dans presque tous les secteurs, alors que les travailleurs canadiens ont toujours été prêts à se contenter de moins.

Des employés dans un McDonald du Canada.

Le salaire d'acceptation dépasse le salaire actuel offert dans presque tous les domaines.

Photo : Radio-Canada

Les économistes estiment qu'il existe d'autres conséquences possibles, notamment une automatisation accrue pour combler le vide laissé par la pénurie de main-d'œuvre.

Certains secteurs pourraient également faire appel à davantage de travailleurs étrangers temporaires pour combler les lacunes au bas de l'échelle du marché du travail, ce qui pourrait atténuer les gains réalisés par les travailleurs nationaux.

Selon Mme Yalnizyan, la hausse des salaires pourrait contribuer à effacer certaines des inégalités causées par un marché du travail qui, pendant des années, a bien payé certains travailleurs et mal payé les autres.

Si nous améliorons réellement les salaires et les conditions de travail, en particulier au bas de l'échelle, nous pourrions créer les conditions nécessaires à l'émergence d'une classe moyenne plus résistante, capable de se permettre d'acheter des biens. C'est ce qui nous échappe depuis un certain temps déjà, a-t-elle déclaré.

Le vieillissement de la population peut être notre ami, pas notre ennemi. Mais nous devons le traiter comme quelque chose de plus qu'une simple pénurie de main-d'œuvre pour les entreprises. Nous devons le traiter comme une occasion de faire de chaque emploi un bon emploi.

Avec les informations d'Alistair Steele, CBC

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