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L’accord sur les céréales ukrainiennes signé à Istanbul

Il instaure des couloirs sécurisés pour les navires marchands en mer Noire, selon le principe de neutralité.

 Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, aux côtés du Russe Sergei Shoigu et du président turc Erdogan.

Cet accord, âprement négocié depuis avril sous l'impulsion de M. Guterres (à gauche), va soulager les pays qui dépendent des marchés russe et ukrainien.

Photo : Reuters / Umit Bektas

Agence France-Presse

L'Ukraine et la Russie ont fini vendredi par signer, avec la Turquie et l'ONU, l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes en mer Noire, lors d'une cérémonie inédite entre pays en guerre.

Kiev et Moscou ont signé deux textes identiques mais séparés, à la demande de l'Ukraine qui refusait de parapher tout document avec la Russie.

Les quatre délégations se sont retrouvées dans l'enceinte du palais de Dolmabahçe, sur les rives du Bosphore à Istanbul, en présence du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, du président turc Recep Tayyip Erdogan ainsi que des ministres turc et russe de la Défense et du ministre ukrainien des Infrastructures.

La cérémonie s'est déroulée sous les drapeaux des protagonistes, ceux de la Russie et de l'Ukraine, soigneusement séparés par les bannières bleue de l'ONU et rouge de la Turquie qui s'offre en médiatrice depuis le début de l'invasion russe, le 24 février.

Cet accord, âprement négocié depuis avril sous l'impulsion de M. Guterres, va soulager les pays qui dépendent des marchés russe et ukrainien. Les deux pays assurent à eux deux 30 % du commerce mondial du blé.

« Un accord important », selon Zelensky

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, cette entente pourrait permettre à l'Ukraine d'exporter ses récoltes accumulées, qu'il estime à 20 millions de tonnes de grain. Il évalue que ces réserves ont une valeur de 10 milliards de dollars.

C'est une autre preuve que l'Ukraine peut résister à la guerre, a dit M. Zelensky lors de son adresse quotidienne. Il a qualifié l'accord conclu vendredi d'important pour son pays.

Avec des informations de Reuters

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

Le patron de l'ONU a remercié la Russie et l'Ukraine qui ont surmonté leurs divergences pour faire place à une initiative au service de tous.

Maintenant, l'accord doit être pleinement mis en œuvre, a-t-il souligné.

M. Erdogan a reconnu qu'il n'avait pas été facile d'en arriver là et espéré que la signature de cet accord, qui intervient près de cinq mois après le début du conflit, allait renforcer l'espoir de mettre fin à cette guerre.

Des silos de stockage de blé dans la région de Donetsk.

Selon Volodymyr Zelensky, l'Ukraine dispose d'environ 10 milliards de dollars de céréales disponibles à l'exportation.

Photo : AFP / Miguel Medina

Quelque 25 millions de tonnes de céréales sont entassées dans les silos ukrainiens, alors que 47 millions de personnes supplémentaires sont exposées à une faim aiguë depuis le début de la guerre, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

Collaboration inédite

À quelques heures de la cérémonie, l'Ukraine a précisé qu'elle ne signerait aucun document avec la Russie, mais uniquement avec la Turquie et l'ONU. Les Russes ont paraphé de leur côté un accord identique avec ces deux parties.

M. Guterres a toutefois relevé le caractère sans précédent de cet accord conclu entre deux pays en guerre.

Aux termes de cet accord, des couloirs sécurisés permettront la circulation des navires marchands en mer Noire au départ et l'arrivée des ports ukrainiens d'Odessa, de Pivdenny et de Tchornomorsk.

Les parties ne mèneront aucune attaque contre les navires marchands, indique le texte de l'entente.

Les négociateurs ont renoncé à nettoyer la mer Noire des mines – principalement posées par les Ukrainiens pour protéger leurs côtes : Déminer aurait pris trop de temps, a justifié l'ONU, qui a précisé que des pilotes ukrainiens ouvriraient la voie aux cargos dans les eaux territoriales.

Le président de l'Ukraine Volodymyr Zelensky parle aux micros devant un bosquet d'arbres.

Le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, a affirmé qu'il incombait aux Nations unies de « garantir le respect de l'accord ».

Photo : Getty Images / LUDOVIC MARIN

L'Ukraine a suggéré que ses exportations commencent à partir de trois ports – Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk – et espère pouvoir accroître leur nombre à l'avenir.

L'accord sera valable pendant 120 jours, soit quatre mois, le temps de sortir les quelque 25 millions de tonnes entassées dans les silos d'Ukraine alors qu'une nouvelle récolte approche.

Un Centre de coordination conjoint (CCC) doit être établi dès ce week-end à Istanbul avec des représentants de toutes les parties et des Nations unies.

Des inspections des navires qui partent des ports ukrainiens et qui s'y dirigent auront lieu sous le contrôle du CCC, dans l'un des ports d'Istanbul, afin de répondre aux inquiétudes de Moscou, qui veut avoir la garantie que les cargos n'apporteront pas d'armes à l'Ukraine.

Un premier cycle de négociations entre experts militaires des trois pays concernés et de l'ONU avait eu lieu le 13 juillet à Istanbul, d'où avait percé un certain optimisme.

Puis l'incertitude l'avait emporté après des exigences formulées par Moscou à l'issue du sommet tripartite Iran-Russie-Turquie mardi à Téhéran.

Méfiance

La Russie a finalement obtenu la garantie que les sanctions occidentales ne s'appliqueront pas, ni directement ni indirectement, à ses propres exportations de produits agricoles et d'engrais.

Même si les produits [agricoles] russes ne sont pas concernés par les sanctions, il y a des blocages concernant le transport maritime, les assurances et le système bancaire, expliquait jeudi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.

En outre, a indiqué un diplomate à New York, les États-Unis ont offert des garanties afin que des bateaux de gros tonnage soient fournis à la Russie pour faciliter l'exportation de ses céréales et de ses engrais.

En raison des sanctions, les sociétés logistiques internationales qui possèdent de tels bâtiments rechignent à travailler pour Moscou.

Les États-Unis avaient salué jeudi l'accord et indiqué qu'ils tenaient la Russie pour responsable de [sa] mise en œuvre.

Mais la méfiance reste de mise à Kiev : Nous avons confiance en l'ONU mais pas en la Russie, a déclaré vendredi soir le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.

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