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Pêche à la crevette : la saison ne sera pas rentable, selon les acteurs de l’industrie

Des crevettes nordiques.

Des crevettes nordiques pêchées au large de Sept-Îles (archives).

Photo : Radio-Canada

Bien que la pêche à la crevette n’ait débuté officiellement que le 9 juin après des semaines de négociations, la saison s’annonce déjà difficile, autant pour les pêcheurs que pour les transformateurs. Des deux côtés, on affirme d’avance que la saison ne sera pas rentable et qu’on s’y attendait.

C’est sûr qu’une partie de la flotte va devoir absorber des déficits cette saison-ci. […] Du point de vue économique, du point de vue rentabilité, c’est sûr que ce ne sera pas une bonne année pour les pêcheurs, explique le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Element.

« Cette année, on n’est pas dans un mode de partage de profits, on est dans un mode de partage de pertes. »

— Une citation de  Patrice Element, directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec

Le directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), Jean-Paul Gagné, fait le même constat. Pour l’instant, ce n’est pas rentable et on ne s’attend pas à ce que ce soit rentable. Ça va être une année déficitaire.

Jean-Paul Gagné, directeur de l'AQIP.

Jean-Paul Gagné, le directeur général de l'AQIP (archives)

Photo : Radio-Canada / Joane Bérubé

Plusieurs facteurs sont en cause lorsqu'il est question de la rentabilité de l’industrie. Pour les transformateurs, c’est principalement l'augmentation du prix au débarquement, fixé à la suite de pourparlers tenus ce printemps, qui a eu d'importantes répercussions.

Les usines avaient accepté de payer 1,60 $ pour la grosse crevette, 1,38 $ pour la crevette de deuxième catégorie et 1,22 $ pour la petite crevette à la fin des négociations qui ont duré plusieurs semaines.

Jean-Paul Gagné affirme que les transformateurs ont accepté les prix demandés par les pêcheurs seulement pour conserver leurs employés et leurs marchés. Selon lui, il n’a jamais été question de rentabilité dans cette prise de décision.

Avec le prix qu’ils ont demandé pour aller à la pêche, ils devaient penser avoir une certaine rentabilité ou au moins ne pas être déficitaires. On a accepté leur prix pour qu’il y ait une pêche, mais pas parce que ça valait ce prix pour nous, rappelle M. Gagné.

La reprise encore fragile des marchés internationaux et la hausse des coûts d'opération des usines expliquent également cette perte de profits.

Le marché européen ne s’est pas amélioré et il n’y a pas d’augmentation non plus sur le marché québécois, lance le directeur général de l’AQIP.

Patrice Element.

Le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Element (archives)

Photo : Radio-Canada / Bruno Lelièvre

Du côté des crevettiers, même si le prix à quai est meilleur que celui de l’an dernier, la baisse des quotas et l'augmentation du prix du carburant touchent durement les flottes.

Bien que le coût de l'essence ait diminué dans les dernières semaines, les pêcheurs paient encore presque le double de la facture de l’année dernière, rappelle le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Element.

La rentabilité de la pêche dépendra donc de la capacité de chaque pêcheur à absorber les déficits de cette saison. M. Element souligne que la situation sera différente pour chacun d'eux.

Il soutient que ceux qui ont de plus gros quotas et moins de dettes seront avantagés, alors que  ça risque d’être plus difficile  pour ceux qui ont acheté des entreprises de pêche à fort prix dans les dernières années et qui ont des dettes importantes.

« Un pêcheur qui a des quotas plus importants va avoir un plus grand volume pour absorber ses coûts fixes, comme les permis et les réparations. Il y a aussi la dette, parce que les gens qui ont acheté une entreprise de pêche dans les dernières années ont des paiements à faire que d’autres n’ont pas. »

— Une citation de  Patrice Element, directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec

Le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec ajoute qu’une fois que le prix de vente du produit est fixé, l'un des seuls autres facteurs pouvant affecter la rentabilité est le taux de capture.

Depuis que la pêche à la crevette a débuté, M. Element observe que les captures dans la zone d’Anticosti sont plus faibles et moins intéressantes que celles enregistrées dans les zones de Sept-Îles et de l’Estuaire.

Pour ceux qui ont une part plus importante de leur quota dans la zone d'Anticosti, ça va être plus difficile aussi, prévient-il.

Zones de pêche à la crevette dans le golfe du Saint-Laurent.

Les zones de pêche à la crevette dans le golfe du Saint-Laurent (archives)

Photo : Radio-Canada

Les transformateurs et les crevettiers ne baissent toutefois pas les bras. Plusieurs mesures seront mises sur pied cet automne afin de stimuler la demande de la crevette québécoise à l'international, et ce, à l'aide du Fonds canadien d’initiatives en matière de poissons et de fruits de mer.

Le directeur général de l’AQIP parle d’un programme de promotion de la crevette qui serait d’une durée de trois ans et qui se ferait en collaboration avec le Nouveau-Brunswick, qui vit  la même situation que nous .

Les provinces sont toujours en attente d’un retour du fédéral, mais Jean-Paul Gagné est convaincu que la réponse sera positive.

« On veut que ça débloque, le marché de la crevette. On veut que ça revienne comme ça a déjà été et on est [loin] de ça présentement. »

— Une citation de  Jean-Paul Gagné, directeur général de l’AQIP

Patrice Element ne perd pas espoir lui non plus. On a bon espoir que ça va s’améliorer dans les prochaines années. Déjà, il y a des indicateurs positifs du côté des marchés. Ça ne changera rien pour cette saison, mais c'est une lumière au bout du tunnel.

Un bateau de pêche à la crevette ancré au port de Matane.

La saison de pêche à la crevette a débuté plus de 10 semaines après la date officielle autorisée pour partir en mer (archives).

Photo : Radio-Canada / Joane Bérubé

La saison de pêche se terminera quand les crevettiers auront pris leurs quotas. Au rythme actuel, M. Element s’attend à ce que la majorité termine autour de la fin de septembre ou de la mi-octobre. Il ajoute tout de même que la saison peut se poursuivre jusqu'au 31 décembre.

De son côté, Jean-Paul Gagné espère que les transformateurs et les pêcheurs s’entendront mieux dans les années à venir.

Je souhaite qu’on travaille davantage ensemble. On n’a pas le choix, donc je pense qu’avec les années, il faudrait qu’on puisse mieux s’entendre dès le départ et trouver des solutions ensemble.

Avec les informations d’Alice Proulx.

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