Pénurie de main-d’œuvre : des services de transport et de santé réduits à Kingston
D’autres réductions de services publics sont possibles, reconnait le maire, mais il espère qu’elles ne seront pas nécessaires.

Le Centre des sciences de la santé de Kingston doit temporairement réduire le nombre de patients qui seront vus au centre de soins d'urgence de l'Hôtel Dieu.
Photo : Centre des sciences de la santé de Kingston
À compter de mercredi, le centre de soins d’urgence de l’Hôtel Dieu de Kingston ne pourra recevoir que 120 patients ou moins par jour. De plus, la fréquence de quatre de ses trajets d’autobus sera temporairement réduite de moitié.
Le maire de Kingston et le directeur médical des services d’urgence de l'hôpital ont tous deux expliqué qu’il n’y avait simplement plus assez de personnel pour maintenir le niveau de service habituel.
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Le maire de Kingston, Bryan Paterson, dit que la pénurie se fait sentir dans tous les secteurs, publics comme privés, de la municipalité.
C’est le problème économique le plus important pour la Ville en ce moment
, assure-t-il.
Dans les magasins, les restaurants, ou d’autres lieux, il faut attendre beaucoup. [...] Toutes les activités de la vie normale sont plus compliquées et prennent plus de temps.
Le manque de chauffeurs d’autobus a mené la Ville à réduire son service de transport à partir de jeudi. Les trajets d’autobus 4, 11, 12 et 15 seront desservis chaque heure, plutôt que chaque demi-heure, du lundi au samedi.
Moins de patients acceptés
Dès mercredi, le nombre de patients qui seront acceptés quotidiennement au centre de soins d’urgence de l’Hôtel Dieu de Kingston sera limité à 120.
Le plafond sera un nombre flottant, en fonction du personnel disponible, du moment de la journée, de la complexité des cas, de la longueur du temps d’attente et de la situation aux urgences de l’Hôpital général de Kingston
, précise Tim Chaplin, directeur médical des services d’urgence du KHSC .
Le service d’urgence ferme normalement à 20 h. Le Dr Chaplin estime que le maximum de 120 patients est généralement dépassé deux ou trois fois par semaine, généralement après 17 h.
Le médecin-chef du KHSCcauseront des inconvénients à certains membres de la communauté
.
Nous avons épuisé toutes les autres options
, assure-t-il cependant dans un communiqué.
Les patients qui ne seront pas admis seront encouragés à utiliser d’autres services, comme des médecins de famille ou des cliniques communautaires, si leur problème n’est pas trop urgent.
L’urgence de l’Hôpital général de Kingston restera par ailleurs ouverte 24 heures sur 24.
Le Dr Chaplin espère que les services à l'Hôtel Dieu reviendront à la normale vers la fin de l'année. Il estime qu'il faudrait cependant embaucher cinq ou six médecins et de nombreuses infirmières supplémentaires.
Des villes prospères
plus vulnérables
David Gray, professeur en sciences économiques à l’Université d’Ottawa, souligne que la pénurie de main-d'œuvre est mondiale en ce moment.
D’une part, parce que la relance économique a été plus rapide que quiconque s’y attendait, dit-il.
De l’autre, l’offre de travail a été choquée par la pandémie. Il y a plus de retraites et plus de démissions que d'habitude
.
L'économiste souligne cependant que paradoxalement, des villes relativement prospères comme Kingston peuvent y être plus vulnérables.
D’habitude le taux de chômage n’est pas très élevé, donc ça peut être logique
, ajoute-t-il.
Il croit par ailleurs que le secteur de la santé ontarien a de graves problèmes de rétention de personnel qui ne s’expliquent pas totalement par le contexte économique mondial.
D’ailleurs l’Hôtel Dieu s’ajoute cette semaine à une longue liste d'établissements qui ont récemment dû réduire ou interrompre leurs services d'urgence par manque d’employés.
Le gouvernement provincial assure de son côté qu’il investira des millions de dollars pour recruter de nouveaux travailleurs de la santé dans les prochaines années. Il affirme qu’il a déjà ajouté quelque 10 000 employés au réseau depuis le début de la pandémie.