Biden en Arabie saoudite : un poing-à-poing et une mise en garde contre la répression
Le président américain Joe Biden et le prince héritier Mohammed ben Salmane à Djeddah
Photo : via reuters / BANDAR ALGALOUD
Le président américain Joe Biden, en visite en Arabie saoudite, a prévenu Riyad d'une « réponse » en cas de nouvelles attaques contre des dissidents, après une rencontre avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré par Washington comme le commanditaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Air Force One a atterri à Djeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, après un vol direct depuis Israël, une première alors que Washington cherche à normaliser les relations entre ses deux plus importants partenaires au Moyen-Orient.
Joe Biden a été accueilli au palais royal de Djeddah par Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, faisant un poing-à-poing avec le jeune et puissant dirigeant de facto du royaume saoudien, âgé de 36 ans.
À Djeddah, Joe Biden a aussi rencontré le roi Salmane, malade et âgé de 86 ans, avant une session de travail
menée par le prince Mohammed, incontournable sur tous les dossiers, du pétrole au militaire.
Baisser le prix de l'essence avant les élections de mi-mandat
La rencontre entre MM. Biden et ben Salmane est le point d'orgue de cette tournée au Moyen-Orient, alors que Washington cherche à convaincre le royaume d'ouvrir les vannes de sa production pétrolière. L'enjeu : abaisser le prix du gallon d'essence à l'approche des élections de mi-mandat aux États-Unis.
Mais lorsqu'il était encore candidat, Joe Biden avait promis de traiter l'Arabie saoudite en paria
, en particulier à cause de l'assassinat en 2018 du journaliste et critique saoudien Jamal Khashoggi. Une fois élu, il avait déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité du prince dans ce meurtre.
À Djeddah, Joe Biden a déclaré avoir prévenu le prince héritier d'Arabie saoudite d'une réponse
de sa part si de nouvelles attaques contre des dissidents devaient se produire, qualifiant de scandaleux
le meurtre de Khashoggi.
J'ai juste fait comprendre que, si une telle chose se reproduit, ils auront cette réponse et bien plus encore
, a-t-il déclaré devant des journalistes, disant avoir évoqué cette affaire au tout début
de la réunion avec MBS.
La veuve de Jamal Khashoggi interpelle le président Biden
Les autorités saoudiennes ont toujours nié la responsabilité directe du prince héritier dans ce meurtre.
La veuve du journaliste, Hatice Cengiz, s'est adressée au président Joe Biden sur Twitter.
Imaginant ce que son compagnon aurait tweeté, elle a écrit : Est-ce là votre façon de faire rendre des comptes aux responsables de mon meurtre? Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains
.
La visite de Joe Biden a été particulièrement critiquée par les défenseurs des droits de la personne, la puissante monarchie du Golfe étant accusée de graves violations et d'une répression féroce de ses opposants.
Loin des questions des droits de la personne, parmi les objectifs de la tournée de Joe Biden figurent les tentatives de rapprochement entre Saoudiens et Israéliens.
Durant sa prise de parole à Djeddah, Joe Biden a annoncé que les forces internationales de maintien de la paix, y compris les troupes américaines, quitteront Tiran, un des deux îlots stratégiques, avec Sanafir, situés en mer Rouge, entre l'Égypte, Israël et l'Arabie saoudite.
Deux initiatives pour la normalisation avec Israël
Le départ de cette force, installée depuis 40 ans, doit se produire d'ici la fin de l'année
, a précisé la Maison-Blanche dans un document, après qu'Israël eut indiqué n'avoir aucune objection
au transfert des deux îlots de l'Égypte à l'Arabie saoudite.
Dans le même temps, Riyad a de son côté annoncé l'ouverture de son espace aérien à tous les transporteurs
, y compris israélien, une décision historique
pour Joe Biden.
Ces deux initiatives pourraient, selon des analystes, ouvrir la voie à un éventuel rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël, pays qui a normalisé notamment ses relations en 2020 avec deux autres pays du Golfe : les Émirats arabes unis et Bahreïn.
L'annonce saoudienne est intervenue avant le vol direct inédit Tel-Aviv/Djeddah (ouest) de M. Biden, le premier du genre d'Israël vers l'Arabie saoudite qui ne reconnaît pas officiellement l'État hébreu. Son prédécesseur, Donald Trump, avait effectué un vol en sens inverse, de l'Arabie saoudite vers Israël.
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Sommet des dirigeants des monarchies arabes
Samedi, M. Biden participera à un sommet des dirigeants des monarchies arabes du Golfe auquel assisteront également d'autres leaders arabes, qui ont commencé à arriver samedi soir.
Une occasion de pousser la normalisation engagée par Israël avec plusieurs pays arabes, dans le but notamment de faire face à l'Iran.
Or, Riyad subordonne l'établissement de liens officiels avec l'État hébreu à une résolution de la question palestinienne, et dénonce régulièrement l'occupation et la colonisation des territoires palestiniens.
Avant d'arriver en Arabie saoudite, Joe Biden a annoncé une aide de 100 millions de dollars au réseau hospitalier de Jérusalem-Est, secteur palestinien de la Ville sainte occupé par Israël.
Il a ensuite rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas à Bethléem, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.