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Qualité de l’air : le ministre de l’Environnement rencontre les élus à Rouyn-Noranda

Près de 40 personnes étaient réunies mercredi peu avant 11 h près des bureaux où le ministre de l'Environnement doit rencontrer élus et représentants de comités citoyens.

Près de 40 personnes étaient réunies mercredi peu avant 11 h près des bureaux où le ministre de l'Environnement doit rencontrer élus et représentants de comités citoyens.

Photo : Radio-Canada / Andrei Audet

Radio-Canada

Le ministre québécois de l'Environnement, Benoit Charette, a rencontré mercredi différents élus et représentants d'organismes à Rouyn-Noranda concernant les émissions polluantes de la Fonderie Horne. Le ministre a proposé certaines pistes de solutions pour améliorer la qualité de l'air. Certains déplorent tout de même l'absence d'engagements clairs de sa part.

La porte-parole du Comité Arrêt des rejets et émissions toxiques de Rouyn-Noranda (ARET-RN), Valérie Fournier, mentionne que le ministre de l’Environnement a fait preuve d’une plus grande ouverture que dans le passé.

Clémentine Cornille, Jacinthe Châteauvert et Valérie Fournier près des bureaux du ministère de l'Environnement.

Clémentine Cornille et Jacinthe Châteauvert du Conseil régional en Environnement de l'Abitibi-Témiscamingue et Valérie Fournier du comité ARET quelques minutes avant leur rencontre avec le ministre.

Photo : Radio-Canada / Thomas Gerbet

Valérie Fournier ajoute que le fait qu’il n’ait pris aucun engagement clair inquiète tout de même le comité.

C’est sûr que, pour nous, c’est encore de l’attente, de l’insécurité, on devra attendre encore plusieurs semaines avant d’avoir des vrais chiffres et de pouvoir analyser cette nouvelle proposition [attestation d’assainissement] pour juger si elle correspond à nos attentes et des citoyens, souligne-t-elle.

Qualité de l'air à Rouyn-Noranda

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Des maisons du quartier Notre-Dame près de la Fonderie Horne.

Manifestation devant les bureaux du ministère

Deux femmes tiennent une banderole mentionnant « Pas d'arsenic dans notre pique-nique ».

Le mouvement citoyen Mères au front organisait une manifestation dès 10 h 30 devant les bureaux du ministère de l'Environnement.

Photo : Radio-Canada / Alexia Martel-Desjardins

Quelques personnes se sont réunies près du bâtiment où se trouve Benoit Charette. Les participants réclament que le ministre impose à Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne, la norme provinciale de 3 nanogrammes par mètre cube pour les rejets de particules d’arsenic dans l’air.

Une centaine de citoyens s'étaient d'ailleurs rassemblés lundi pour rappeler leurs demandes aux élus du conseil municipal.

André Cyr, de Rouyn-Noranda, ne comprend pas pourquoi l’entreprise est autorisée à émettre 30 fois plus d’arsenic dans l’air que l’autorise la norme provinciale.

J’ai appris dernièrement qu’une industrie comme la Fonderie Horne ne respecte pas les normes, qu’il y a quelqu’un quelque part qui a signé pour l'autoriser à ne pas respecter les normes. Je ne comprends pas cette personne-là, j’aimerais savoir c’est qui, indique M. Cyr.

Tout ce que la population demande, en fait, c’est le respect des normes et la possibilité de respirer le même air que partout au Québec. C’est un droit, il me semble.

Une citation de André Cyr

M. Cyr s’inquiète à la fois pour la santé des citoyens de la ville et pour l’économie locale.

Qui va venir s’installer à Rouyn-Noranda après une nouvelle comme ça? Moi, dernièrement, comme plusieurs probablement, je me suis dit : "Je vais m’en aller." Mais m’en aller où, au fond? C’est ma ville. Mes amis et ma famille sont ici, illustre-t-il.

Celui qui participait à la manifestation près des bureaux du ministère de l’Environnement soutient qu’il revient à l’entreprise de s’ajuster sans délai pour respecter les normes en matière d’émissions de contaminants.

À quoi ça sert une norme comme ça si les principaux intéressés n'y sont même pas assujettis? demande Jenifer Ricard-Turcotte, une citoyenne venue manifester.

Émile Cloutier-Brassard à la manifestation devant les bureaux du ministère de l'Environnement.

Émile Cloutier-Brassard espère voir les choses changer dans une ville qui cohabite avec une industrie.

Photo : Radio-Canada / Andrei Audet

L’idée, c’est de [se] faire entendre et d’en arriver à une situation qui n’est plus juste d’accepter qu’une industrie s’installe chez nous et fasse ce qu’elle veut. Que le dialogue s’établisse et que le respect mutuel soit là, pense Émile Cloutier-Brassard.

Ce qui est vraiment frustrant, c’est que ça semble pencher vers le statu quo et que ça ne bouge vraiment pas suffisamment vite. Il n’y a pas de compromis ou de calculs à faire avec notre santé. On exige le respect des normes maintenant, c’est tout, souligne Émilie Robert, porte-parole de Mères au front Rouyn-Noranda.

Un rappel des demandes de la Ville

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, a eu l’occasion de s’entretenir avec le ministre Charette durant le passage de celui-ci en ville afin de discuter du dossier de la qualité de l’air et des émissions de contaminants dans l’atmosphère par la Fonderie Horne.

Mme Dallaire souligne qu’elle en a profité pour rappeler les demandes de la Ville au ministre.

On a demandé un plan global centré sur la santé et on a demandé aussi le resserrement des délais pour les attestations d’assainissement. Ça a été une bonne rencontre aujourd’hui pour porter haut et fort les inquiétudes des citoyens et citoyennes.

Une citation de Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda
Diane Dallaire dans les studios de Radio-Canada à Rouyn-Noranda.

La mairesse de Diane Dallaire affirme avoir porté « haut et fort » les inquiétudes des citoyens.

Photo : Radio-Canada / Andréi Audet

Diane Dallaire assure que le ministre Charette s’est montré réceptif et que la rencontre a permis le partage d’informations intéressantes.

« Le ministre est venu nous dire que la prochaine attestation d’assainissement serait plus contraignante. Il reste des choses à définir de ce que j’en comprends, mais on parle de cibles intermédiaires. On parlait aux cinq ans, mais là, les cibles intermédiaires, par exemple, après un an, après deux ans, après trois ans, un suivi plus étroit », rapporte-t-elle.

Le ministre Charette et la mairesse Dallaire ont également évoqué la possibilité d’y aller avec des normes quotidiennes, de sorte que la Fonderie Horne ne puisse pas dépasser le seuil sur une journée donnée. Le Devoir rapportait que les mesures d’arsenic dans l’air ont excédé 1000 nanogrammes par mètre cube à cinq reprises entre janvier 2017 et mars 2021, alors que le seuil est fixé à 100 nanogrammes par mètre cube depuis février 2020.

Pas de statu quo, dit le syndicat

Le président du syndicat des travailleurs de la mine Noranda, Stéphane Larente, se dit préoccupé par les récentes études au sujet des données sur les risques de cancer du poumon à Rouyn-Noranda.

Le syndicat réclame à la multinationale Glencore et au gouvernement du Québec la plus grande réduction techniquement possible des émissions d'arsenic de la fonderie.

On a une responsabilité sur le plan de la santé. En tant que représentant syndical, on a aussi la responsabilité de garder nos emplois, mais pas à n’importe quel prix. Il faut qu’il y ait des ajustements. Il faut que ça change également. Il y a des choses qui ne doivent plus demeurer au stade où on en est. C’est évident qu’il n’y aura pas de statu quo, a mentionné Stéphane Larente à l’émission Des matins en or mercredi.

Stéphane Larente, président du Syndicat des travailleurs de la Mine Noranda (STMN–CSN).

Stéphane Larente, président du Syndicat des travailleurs de la Mine Noranda (STMN–CSN).

Photo : Radio-Canada / Thomas Gerbet

Rappelons que la Fonderie Horne peut émettre jusqu'à 100 nanogrammes (ng) d'arsenic par mètre cube (m3) annuellement. La norme québécoise est fixée à 3 ng/m3.

Le ministère de l’Environnement et Glencore négocient actuellement pour fixer le nouveau plafond. Le cabinet du ministre Benoit Charette a signalé qu’une norme quotidienne pourrait être imposée.

Des stations de captage sans autorisation

De son côté, l'ex-président et officier de la Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda (CCIRN), Jean-Claude Loranger, considère sa rencontre avec le ministre de bonne. Il n'y a pas d'agressivité, de reproches sur les sorties médiatiques qu'on a faites. On a senti que nous étions à la même place par rapport à ça, une volonté de régler, d'aider nos entrepreneurs, relate-t-il.

Jean-Claude Loranger.

Jean-Claude Loranger.

Photo : Radio-Canada / Andrei Audet

Jean-Claude Loranger tient à noter un aspect qu'il juge intéressant par rapport aux pouvoirs du gouvernement dans le suivi de la qualité de l'air à Rouyn-Noranda.

« Ce que le ministre nous a mentionné, c'est que le gouvernement peut installer des stations de captage, le cas échéant, sans nécessairement l'autorisation de Glencore », indique-t-il.

Une députée mécontente

La députée solidaire de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien.

La députée solidaire de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien.

Photo : Radio-Canada / Andrei Audet

La députée solidaire de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, est pour sa part déçue de sa rencontre avec le ministre. Elle déplore que M. Charette n'ait pas partagé d'intentions claires quant au niveau d'émissions d'arsenic de la Fonderie Horne.

Je suis insatisfaite. J'aurais aimé qu'il se prononce davantage sur la prochaine cible et qu'il arrive en mode écoute, qu'il vienne écouter ce que les gens de Rouyn-Noranda souhaitent. Comment ça se fait qu'il arrive à Rouyn-Noranda sans être capable de nous dire elle apparaît où, la norme québécoise, le trois nanogrammes?

Une citation de Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue

- Avec les informations d'Andrei Audet et Alexia Martel-Desjardins

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