Des organismes d’accès au logement s’inquiètent de l’augmentation de l’itinérance

Habituellement, le Saskatoon Housing Initiatives Partnership effectue un recensement tous les deux ans, mais la pandémie de COVID-19 a entraîné son annulation en 2020. (archives)
Photo : Radio-Canada / Matt Garand
Lors du dernier recensement sur l'itinérance effectué par le Saskatoon Housing Initiatives Partnership, l'organisme a dénombré 550 personnes vivant dans les rues de Saskatoon. C'est une hausse de 15 % par rapport à 2018.
Or, selon la coordonnatrice des communications de l'organisme, Brenna Sych, le nombre de personnes vivant en situation d'itinérance est probablement beaucoup plus élevé.
Elle explique que le décompte ne se fait qu'au cours d'une seule journée et que les recenseurs ne peuvent pas recenser ceux qui vivent sur le canapé d'un proche ou qui se cachent.
Compte tenu de ces facteurs, le fait d’avoir trouvé qu'il y a plus de personnes sans-abri que jamais montre à quel point le problème est grave
, souligne Brenna Sych.
Sur les 550 personnes recensées, 83 % se disent d'origine autochtone, et 43 % affirment avoir déjà vécu dans la rue par le passé.
La majeure partie des personnes interrogées disent qu’elles n’ont pas suffisamment de revenus pour se loger. Beaucoup d’entre elles affirment souffrir des changements apportés au programme d’aide sociale.
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Le programme d’assistance sociale de la Saskatchewan accorde en moyenne 600 $ par mois pour le logement, et 315 $ de plus par mois, pour la nourriture et les autres dépenses. Le montant est déterminé en fonction de la situation du bénéficiaire et réévalué tous les mois.
Brenna Sych croit toutefois que ce n’est pas suffisant. Elle explique qu'un appartement avec une chambre peut coûter entre 800 $ et 1000 $.
De plus, elle constate que les demandeurs ont du mal à obtenir de l'aide sociale sans adresse fixe ou accès à un moyen de transport. Parfois, les personnes vivant en situation d'itinérance ne possèdent pas non plus de pièce d’identité.
Brenna Sych affirme que le problème de l'itinérance surpasse les ressources disponibles n pour le gérer. Cette ne situation risque de s’aggraver avec la hausse du coût de la vie, ajoute-t-elle.
Cela ne concerne pas seulement les personnes qu'on voit dans les rues. Cela concerne aussi des enfants, des membres de notre famille. Ils peuvent être à une urgence près de se retrouver sans-abri.
Critiqué à ce sujet, le directeur du programme provincial d'aide sociale, Jeff Redekop, soutient que la Saskatchewan fait partie des provinces qui supportent le mieux les besoins essentiels de ses habitants grâce à une aide sociale similaire ou même meilleure que celle que l'on retrouve dans d'autres régions du pays.
La toxicomanie, un obstacle aux programmes de logement
La directrice générale de Prairie Harm Reduction, Kayla DeMong, estime que trop de gens sont laissés sans soutien parce que les programmes de logement refusent les personnes souffrant d'une dépendance.
Or, sur les 550 personnes recensées par le Saskatoon Housing Initiatives Partnership, 86 % ont déclaré avoir des problèmes de toxicomanie.
Kayla DeMong aimerait qu'il y ait plus de financement pour des logements n'exigeant pas l’abstinence.
Lorsque nous observons les programmes de logement partout au pays, les plus efficaces sont ceux qui offrent des services complets
, dit-elle.
Selon Kayla DeMong, les gens ont besoin d’un toit, mais aussi d’un gestionnaire et d'un conseiller qui comprennent la santé mentale, la dépendance et le support culturel.
À écouter :
Avec les informations de Kendall Latimer