Un projet pilote pour aider des hommes arrêtés pour de la violence conjugale

En vertu du projet pilote, une intervenante entre en contact avec un présumé conjoint violent pour le diriger vers de l'aide professionnelle dans les heures qui suivent son arrestation.
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La Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent et l'organisme Entraide pour hommes mènent un projet pilote fort prometteur pour assurer un suivi professionnel auprès d'hommes arrêtés pour des actes allégués de violence conjugale.
En mai, une intervenante psychosociale de l'organisme communautaire a été assermentée pour consulter les rapports confidentiels des policiers qui couvrent 17 municipalités en Montérégie après leurs interventions en matière de violence conjugale.
Cela permet à l'intervenante d'entrer en contact avec le présumé conjoint violent pour le diriger vers de l'aide professionnelle dans les heures qui suivent son arrestation.
Quand un homme est arrêté pour violence conjugale à son domicile, très souvent, il finit par retourner chez lui, sans suivi, sans ressources d'aide. En colère et humilié, le milieu de vie familial devient anxiogène. Et cette anxiété qu'il ressentira augmente de beaucoup le risque de récidive envers la conjointe
, commente Geneviève Landry, directrice générale à l'Entraide pour hommes.
Dans la majorité des cas de féminicides, le conjoint violent était déjà connu des services policiers. Et plus de 30 % avaient déjà un interdit de contact
, ajoute-t-elle pour appuyer ses propos.
Cela prouve que le système judiciaire à lui seul ne freine pas la violence conjugale. De là, l'importance d'associer le milieu communautaire en intervention sociale avec les corps policiers pour donner des résultats concrets.

Geneviève Landry est directrice générale à l'Entraide pour hommes.
Photo : Gracieuseté
Une aide reçue positivement chez les personnes arrêtées
Le projet est né de l'initiative de Mme Landry qui, après plus de 20 ans dans le milieu de la violence conjugale, connaît bien les faiblesses du système judiciaire pour protéger les femmes.
La directrice générale de l'Entraide pour hommes affirme sans détour qu'il y a une grande ouverture des hommes arrêtés par la police pour accepter l'aide qui leur est offerte.
Plus de la moitié des hommes arrêtés acceptent de parler à notre intervenante. Comme elle n'est pas policière, elle s'engage à garder confidentiels ses échanges. L'autre moitié des hommes qui ne se tournent pas vers elle affirment avoir entrepris des démarches pour demander de l'aide psychologique
, affirme Mme Landry.
Le projet pilote qui est sur les rails pour un an amène déjà des résultats positifs, affirme le capitaine Francis Lepage, de la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent.
La collaboration d’intervenants spécialisés, qui possèdent une formation spécifique, une expertise pointue et une riche expérience dans le domaine, ne peut qu’améliorer l’efficacité de nos interventions. Nous sommes extrêmement fiers de ce partenariat prometteur, qui s’inscrit dans notre volonté de constamment optimiser nos méthodes d’intervention
, affirme le policier.
Seulement en 2021, nos agents ont été appelés à intervenir dans pas moins de 670 situations de violence conjugale. C’est près de deux par jour, uniquement sur notre territoire.
Geneviève Landry a pris soin de documenter les résultats concrets des interventions effectuées en suivi pour désamorcer des actes de violence envers les femmes.
Elle souhaite avoir la possibilité de rencontrer Geneviève Guilbault, la ministre de la Sécurité publique, pour que ce projet pilote devienne un programme étendu dans tout le Québec. Il importe pour la directrice générale de l'Entraide pour hommes que plus aucun homme ne se retrouve livré à lui-même, sans aide professionnelle, une fois entré dans le système judiciaire.