Fusillade à Saanich : qu’est-ce qui a pu pousser ces jeunes hommes à la violence ?

Six policiers ont été blessés lors de la fusillade devant une succursale de la Banque de Montréal à Saanich.
Photo : La Presse canadienne / Chad Hipolito
Un peu plus d’une semaine après un braquage de banque à Saanich, en banlieue de Victoria, qui s’est soldé par un échange de coups de feu entraînant la mort des deux principaux suspects, il est toujours difficile de comprendre comment ces deux jeunes hommes ont pu verser dans la violence à ce point.
Vers 11 heures le 28 juin, les frères Mathew et Isaac Auchterlonie, âgés de 22 ans, sont entrés dans une succursale de la banque BMO, à Saanich. Au total, six policiers ont été blessés lors de la fusillade et, mardi, trois se trouvaient toujours à l’hôpital.
La police n’a toujours pas confirmé les raisons qui auraient poussé les deux jeunes hommes à commettre un tel crime, mais assure que l’enquête suit son cours.
Pour la professeure en psychologie à l’Université du Québec à Montréal et directrice du Réseau des praticiens canadiens pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent (CPN-PREV), Ghayda Hassan, plusieurs facteurs peuvent mener une personne à commettre un acte de violence.
Décortiquer est important parce qu’on a besoin de comprendre quels sont les facteurs, les causes possibles, les conditions qui ont fait en sorte qu’à un moment donné, deux jeunes se disent : "on est capable de faire ça et c’est correct de le faire”
, explique-t-elle.
Cela permet aux praticiens à travers le Canada de reconnaître les signaux et d’interférer si possible avant qu’une personne ne commette un acte violent, dit-elle, en ajoutant qu’il ne faut cependant pas se restreindre au seul facteur de la santé mentale.
Ça nous biaise sur notre capacité de comprendre les causes qui ont poussé la personne à agir de manière violente
, explique-t-elle, en plus d’ajouter à la stigmatisation des personnes atteintes d’un trouble de santé mentale.
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L'effet d'imitation en cause?
Sans vouloir s’avancer sur les causes qui auraient pu mener les frères Auchterlonie à exécuter leur plan de braquage de banque, la professeure indique tout de même qu’une montée de la haine et de l’extrémisme violent est perceptible dans la société.
Il y a comme un bouillon social qui fait qu’il y a plusieurs facteurs qui commencent à interagir ensemble de manière beaucoup plus dynamique et faire en sorte finalement que des choses qui n’auraient pas été envisageables il y a quelques années le sont de plus en plus
, souligne-t-elle.
Il y a un effet catalyseur qu’il ne faut réellement pas négliger, qui est l’accès à l’armement et l’influence que le monde d’Internet peut avoir.
Isaac Auchterlonie avait partagé sur Instagram, dans un compte qui a depuis été supprimé, une vidéo marquant le 24e anniversaire d’un braquage de banque à North Hollywood où deux suspects, lourdement armés, avaient fait feu dans une banque et sur la police de Los Angeles. Au total, douze officiers et huit civils avaient été blessés.
Je vois des similarités frappantes entre le braquage perpétré par les frères Auchterlonie et la fusillade dans la banque américaine en 1997
, assure Michael Arntfield, criminologue et professeur à l’Université Western de l’Ontario. L’armement est similaire, le même type de préparation pour tirer sur autant de policiers possibles
, illustre-t-il.
C’est ce que la directrice du CPN-PREV, Ghayda Hassan, appelle l’effet d’imitation. Quand un événement arrive, qu’il est médiatisé, qu’il devient connu et que d’autres gens y sont exposés, ça invite à l’imitation
, souligne-t-elle. Selon elle, il est donc essentiel de doser la couverture de ce type d’événements.
Elle invite également les proches d’une personne qui semble se radicaliser à rapidement intervenir et chercher de l’aide avant qu’il ne soit trop tard. Le CPN-PREV a mis en place une carte interactive incluant une liste des ressources disponibles afin d’aider les proches dans leur lutte contre la radicalisation.
Avec des informations de Karin Larsen