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L’Ontario limite les admissions en éducation à l’Université de l’Ontario français

Malgré la pénurie d'enseignants, seuls 40 étudiants par année pourront être admis à ce programme, et ce, jusqu’en 2029.

Le logo de l'Université de l'Ontario français.

Seulement 40 futurs enseignants pourront s'inscrire chaque année à l'Université de l'Ontario français.

Photo : Radio-Canada

Alors qu’il manque actuellement plus d’un millier d’enseignants francophones dans les écoles de l’Ontario, seulement 40 étudiants par année pourront être admis au nouveau baccalauréat en éducation de l’Université de l’Ontario français, et ce, jusqu’en 2029, a appris Radio-Canada.

La décision, qui relève ultimement du ministère des Collèges et Universités, est détaillée dans une lettre (Nouvelle fenêtre) envoyée au recteur Pierre Ouellette en mai dernier.

Le lancement du programme, très attendu dans le milieu de l’éducation et initialement planifié pour l’été 2022, est aussi retardé parce que l’établissement attend toujours le feu vert de l’Ordre des enseignants, prévu d’ici la mi-novembre.

Le nombre d’étudiants que l’UOF pourrait accueillir est lié au niveau de subventions reçues, explique la vice-rectrice adjointe au recrutement et aux communications de l'UOF, Carole Nkoa.

L’UOF, dit-elle, fait partie de la solution à long terme dans la pénurie de la profession.

Pour l’instant, l’impact de l’UOF risque en effet d’être limité : un groupe de travail a estimé l'an dernier (Nouvelle fenêtre) qu’il faudrait former au minimum 520 enseignants francophones supplémentaires par année pour régler le problème.

Les 40 places qui seront ajoutées sont donc insuffisantes pour répondre aux besoins de personnel qualifié dans les écoles de langue française, explique par courriel la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens, Anne Vinet-Roy.

Une femme pose pour la photo.

Anne Vinet-Roy, de l'AEFO, estime que le nombre de places est bien insuffisant.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Olivier Bernatchez

C’est inquiétant et surprenant d’avoir une limite d’étudiants comme ça pour un programme pour lequel il y a un aussi fort besoin, ajoute le directeur général du Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO), François Hastir.

Le gouvernement Ford s’est pourtant engagé à embaucher 500 nouveaux enseignants francophones par an, notamment en recrutant des diplômés de l’UOF. En attendant que cette promesse se matérialise, les écoles de la province sont contraintes d’embaucher un grand nombre d’enseignants non qualifiés.

C'est très décevant d'apprendre ça, dit le directeur général de l'Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques, Yves Lévesque. La province ne semble pas saisir l'urgence d'agir, dit-il, en ajoutant que si la solution ne passe pas par l'UOF pour l'instant, la province devrait autoriser des programmes accélérés de formation des enseignants francophones de l'élémentaire dans d'autres établissements.

Un écueil supplémentaire

La limite du nombre d'admissions pourrait être un autre pavé dans la mare pour l’établissement francophone de Toronto, qui doit accueillir 1500 étudiants à temps plein d’ici 2026 afin de respecter son entente de financement avec l’Ontario et le gouvernement fédéral.

Le bureau de la ministre des Collèges et Université, Jill Dunlop, affirme d’ailleurs que ces cibles demeurent inchangées. D’autant plus que l’UOF, dit le bureau, aurait suggéré elle-même la limite de 40 étudiants.

Il y a une incohérence, croit François Hastir du REFO. D’un côté, on met des objectifs ambitieux de recrutement, mais de l’autre côté on limite le programme pour lequel il y aurait le plus de demandes.

Mme Vinet-Roy estime de son côté que la structure des programmes des établissements postsecondaires et le nombre de places disponibles doivent être revus afin de permettre à un plus grand nombre d'étudiants d’être formés en enseignement.

Pour atteindre son objectif de recruter 1500 étudiants d’ici quatre ans, l’université devra visiblement faire gonfler le nombre d’étudiants dans ses programmes moins conventionnels, tel le baccalauréat en études de la pluralité humaine, qui ont été critiqués par certains acteurs du milieu.

Pour l’instant cependant, les élèves franco-ontariens continuent de les bouder.

L'enseigne de l'UOF sur la devanture de l'édifice.

L'Université de l'Ontario français à Toronto

Photo : Radio-Canada / Pierre-Mathieu Tremblay

En date du 15 juin, 22 finissants du secondaire avaient choisi l’université pour la prochaine rentrée, selon le Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario.

Si la tendance se maintient, la solution devra passer par les adultes et les demandeurs hors province et internationaux, qui sont 649 à avoir soumis une demande pour septembre. L’an dernier, l’UOF a accueilli environ 150 étudiants, dont la grande majorité provenait de l’étranger.

Questionnée à ce sujet, Carole Nkoa écrit que la modélisation et les projections d’inscriptions continuent d’évoluer en fonction des conditions dans lesquelles l’UOF a démarré et continue de se développer.

Depuis 2020, le gouvernement canadien finance entièrement l’UOF, qui a reçu plus de 40 millions de dollars jusqu’ici. Dès 2023, ce sera au tour de l’Ontario de délier les cordons de la bourse, pour un total de 63 millions sur quatre ans.

L’entente fédérale-provinciale ne prévoit pas de pénalités et ne contient pas de directives sur l’atteinte des objectifs d’admissions, mais stipule qu’après l’année 2027, ce sera à la province de décider des critères de financement de l’université.

Dans une entrevue récente avec Radio-Canada, l’ancienne patronne du Conseil de gouvernance, Dyane Adam, confiait que l’UOF espère lancer d'autres programmes, notamment en santé mentale et en droit.

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