Qualité de l’air : des Rouynorandiens expriment leurs inquiétudes à une assemblée publique
L'assemblée publique s'est tenue à la salle de spectacles Le QG de Rouyn-Noranda.
Photo : Radio-Canada / Andrei Audet
Plusieurs personnes ont verbalisé mercredi soir leurs craintes en lien avec la qualité de l'air à Rouyn-Noranda lors d'une assemblée publique, organisée par le mouvement citoyen Mères au front et la députée solidaire, Émilise Lessard-Therrien.
Pendant près de deux heures, des citoyens, des médecins et des représentants d’organismes ont pris tour à tour la parole. Ils ont partagé leur point de vue sur les rejets de particules d'arsenic et d'autres métaux lourds de la Fonderie Horne et ses possibles conséquences sur la santé de la population.
Des résidents du quartier Notre-Dame, situé à proximité des installations de la Fonderie Horne, étaient parmi les personnes présentes à l'assemblée publique.
« C’est dégueulasse chez nous, je m'excuse, mais c’est dégueulasse. C’est vraiment un quartier écœurant. C’est sale. [...] Il y a une sensation lorsqu’on marche dans les rues, ça pogne à la gorge. On a constamment des effets sentis des polluants émis [par la Fonderie Horne]. »
La tenue de l'assemblée publique a été annoncée peu de temps après que Radio-Canada eut révélé à la fin du mois de mai que les risques de développer un cancer du poumon sont plus élevés à Rouyn-Noranda qu'ailleurs au Québec. Le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, a confirmé ce fait mercredi lors de la présentation de l'étude menée par l'Institut national de la santé publique (INSPQ) à ce sujet.
Des citoyennes s'expriment
Julie Fortier est ravie que l'enjeu de la qualité de l'air à Rouyn-Noranda soit de plus en plus abordé.
Je suis contente qu’on en entende plus parler au niveau public, qu’on a enfin une voix. J’ai l’impression qu’on a vraiment une voix massive au sein de la communauté. Je veux juste arrêter d’être inquiète lorsque j’ouvre mes fenêtres
, soutient-elle.
Marie-Ève Duclos juge que le gouvernement du Québec n'agit pas suffisamment afin de protéger la santé des résidents de Rouyn-Noranda.
Aujourd’hui, je suis rendu à un stade où je suis complètement indignée de l’inaction répétée des gouvernements, sachant que depuis des années, voire des décennies, il y a des recommandations qui sont faites et ne sont pas suivies
, stipule-t-elle.
Julie Côté se dit prête à militer pour prouver à l'Institut national de la santé publique et au gouvernement provincial que la Fonderie Horne doit respecter la norme québécoise d'émissions d'arsenic dans l'air, chiffrée à trois nanogrammes par mètre cube.
Si on nous relance le pouvoir citoyen, on va le prendre parce que le changement social, ça se passe par le monde. Ce que je trouve plate, c’est qu’il existe une norme de 3 nanogrammes au Québec alors qu’aujourd’hui, on nous dit que ça dépend de l’acceptabilité sociale à Rouyn. Est-ce qu’on va accepter plus? Je pense que non
, dit-elle.
Un besoin
La députée solidaire de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, a pris la parole à deux reprises lors de l'assemblée publique. Le besoin des citoyens de s’exprimer est bien présent, selon elle.
Il y a des gens qui n’ont jamais osé prendre la parole sur la place publique auparavant pour partager ce qu’ils ont vécu, partager l’injustice qu’ils sentent vivre au quotidien
, constate-t-elle.
« Ce n'est qu'un début »
La co-coordinatrice de Mères au front, Johanne Alarie, est impressionnée par le nombre de gens qui ont pris part à la soirée.
Nous sommes vraiment très satisfaites de la soirée. Ce n’est qu’un début. On continue nos actions, ça fait des années qu’on sait des choses, il est vraiment le temps que ça bouge
, fait-elle remarquer.
Le mouvement Mères au front compte prendre part à la période de questions de la séance du conseil municipal de Rouyn-Noranda, le 11 juillet. Il demandera alors à l'administration de la mairesse Diane Dallaire d'exiger du gouvernement Legault qu'il impose à la Fonderie Horne le respect de la norme québécoise de rejets d'arsenic dans l'air, soit 3 ng/m3.