Des refuges pour animaux débordés doivent refuser des chiens et des chats

À la SPA du Littoral au Bas-Saint-Laurent, on note que le taux d'abandon a probablement presque triplé dans les derniers mois, alors que les adoptions ont diminué sûrement de 75 %. (archives)
Photo : Radio-Canada / Samuel Ranger
Les centres de services animaliers de l'Est-du-Québec sont actuellement débordés. Les places pour les chats et les chiens dans les refuges sont rares au lendemain des déménagements du 1er juillet, mais aussi après deux ans de pandémie, où le nombre d'adoptions, et d'abandons, a grimpé en flèche. Certains centres sont forcés de refuser des animaux, faute de place.
À la Société protectrice des animaux du Littoral, à Saint-Anaclet-de-Lessard au Bas-Saint-Laurent, un peu moins de 80 chats et chatons y sont hébergés. Ce nombre est sans compter ceux qui sont en famille d'accueil temporairement, en attendant qu'il y ait plus de places au refuge.
Du jamais vu pour l'établissement, qui constate une avalanche
d'abandons dans les derniers mois.
Le taux d'abandon a peut-être presque triplé dans les derniers mois, alors que les adoptions ont diminué sûrement de 75 %
, expose la bénévole et responsable des soins animaliers, à la Société protectrice des animaux du Littoral, Andrée Boisselle.
La semaine dernière, elle a accueilli un peu plus d'une dizaine d'animaux abandonnés, à Mont-Joli et dans les environs.
En temps normal, la SPABeaucoup de personnes prennent un chat, prennent un chien, puis au bout d'un certain temps, on n'en veut pas, on en dispose
, déplore la bénévole.
« On le met [l'animal] sur le bord de la route comme des gros meubles. [...] C'est très fréquent. »
Elle qui œuvre au sein du centre animalier depuis ses tous débuts en 2013, se voit forcée de refuser des chats abandonnés. Ceux qui se font refuser leur demande peuvent mettre leur nom sur une liste d'attente. On a souvent des listes d'attente entre 5 et 10 chats [...] et ça rentre au compte-gouttes [au refuge]
.
Toutefois, Andrée Boisselle assure qu'aucun animal n'est euthanasié en raison du surnombre à la SPAirrécupérables
sont euthanasiés.
Des propriétaires qui refusent les animaux de compagnie
C'est le même son de cloche à Sept-Îles, où la SPCA
de la Côte-Nord affiche complet depuis le mois de mars.La directrice, Daphnée Gwilliam, peine à trouver de nouvelles familles pour les animaux de son refuge.
Une crise qui ne s'est qu'exacerbée avec la semaine de déménagements entourant le 1er juillet, comme c'est le cas chaque année.
Beaucoup de propriétaires refusent d'accueillir des animaux de compagnie dans leurs logements, ce qui force les locataires à faire un choix déchirant, met de l'avant Daphnée Gwilliam. À Sept-Îles, on n'en a plus d'endroits qui acceptent les animaux
.
« Au bout du téléphone, on voit la détresse des gens, qui nous appellent deux, trois fois par jour pour nous dire : "je ne sais plus quoi faire, je n'ai pas de logements, je n'ai pas personne pour prendre mon animal. Vous êtes pleins, c'est quoi ma solution?" »
Daphnée Gwilliam se désole que le Québec soit encore une des seules provinces du Canada où il est permis de refuser des animaux dans les logements.
Animaux COVID
Andrée Boisselle n'est pas tendre envers ceux qui ont adopté un animal sur un coup de tête pendant la pandémie. Il faut regarder plus loin que la journée, la semaine ou le mois. Il faut [être conscient] que cet animal-là va vivre plusieurs années
, met-elle en garde.
Elle rappelle que, par exemple, un chat peut vivre une quinzaine d'années.
La bénévole soutient même que certains animaux hébergés dans son établissement en sont à leur deuxième et troisième abandons.
La stérilisation comme solution
La solution passe par la stérilisation, selon Mme Boisselle, pour diminuer la reproduction des animaux de compagnie.
Elle expose également qu'il est actuellement difficile de prendre un rendez-vous avec un vétérinaire, ce qui empêche certains propriétaires de faire stériliser leurs animaux, entraînant plusieurs conséquences, comme les chaleurs chez les femelles ou des mâles qui urinent à des endroits inappropriés. Toujours selon la bénévole, ceci peut être un facteur qui augmente les risques d'abandons.
Avec les informations d'Édouard Beaudoin