Une église critiquée pour vouloir « protéger les enfants » durant le Mois de la Fierté
Stephen MacIsaac, choqué et blessé par une publication de l’église communautaire de Summerside, a décidé de ne plus jamais la fréquenter et il a fait faire un tee-shirt sur lequel il est écrit que Jésus aime tout le monde, les personnes LGBT comme celles hétérosexuelles.
Photo : Radio-Canada / Jessica Doria-Brown
Un résident de la région de Summerside claque la porte d’une église en raison d’une publication qu’il juge homophobe.
La Summerside Community Church, dans une publication en ligne, a invité ses membres à un webinaire, le 17 juin, offrant des conseils pratiques aux parents et aux grands-parents pour protéger les enfants de ce qui se passe durant le Mois de la Fierté
.
L’activité rassemblait un pasteur de la Colombie-Britannique, Kevin Cavanaugh, qui interviewait Wilna Van Beek, auteure du livre intitulé When Gay Comes Home, qui raconte son propre cheminement contre son homosexualité en embrassant plutôt la foi envers Jésus.
Stephen MacIsaac, un membre de la communauté LBGTQ+ de l’Île-du-Prince-Édouard qui fréquente cette église depuis des années, estime que cette publication est homophobe
et qu’elle penche grandement vers la thérapie de conversion
.
Les thérapies de conversion, qui cherchent à changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne pour qu'elles correspondent à celles qui lui ont été assignées à sa naissance, sont interdites à l’Île-du-Prince-Édouard depuis 2019 et elles sont illégales au Canada depuis décembre 2021.
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M. MacIsaac dit être déçu de cette vision des choses de la part de l’église qu’il fréquentait pour avoir du réconfort. C’est très décourageant
, souligne-t-il.
Il a définitivement cessé de fréquenter cette église. Il dit chercher maintenant une autre communauté confessionnelle où il se sentira le bienvenu.
Nous faisons confiance au dessein de Dieu
Une dirigeante de l’église communautaire de Summerside, la pasteure Tracy Linkletter, ne présente pas d'excuses pour la publication en question, qui a été supprimée du site web de l’église et des médias sociaux.
Tracy Linkletter dit comprendre que les gens ont des visions très différentes de la vie. En tant qu’église chrétienne, dit-elle, nous faisons confiance au dessein de Dieu pour la sexualité et le genre
. Elle ajoute que toute personne est la bienvenue pour écouter le message de Jésus qui sauve la vie
et change la vie
.
La pasteure ne précise pas ce qu’elle entend par le dessein de Dieu en matière de sexualité et de genre et elle ne fait pas de commentaire sur les thérapies de conversion.
Quant à la perte d’un paroissien, Tracy Linkletter affirme que c’est le genre de chose qui arrive de temps en temps. L’important, dit-elle, c’est que les gens trouvent un endroit où ils se sentent chez eux.
Incertitude et inquiétude
La publication en question est une source d’incertitude et d’inquiétude, estime Scott Alan, coordonnateur des programmes jeunesse de l’organisme PEERS Alliance, qui appuie la communauté LGBTQ+ . Il se demande ce que cette église entend par protéger les enfants
durant une célébration de la diversité des genres.
Scott Alan dit avoir toujours cru que les églises sont des endroits où les gens peuvent se sentir aimés et acceptés. Il juge que l’inverse se produit dans ce cas et que c’est un peu troublant
.
Stephen MacIsaac et Scott Alan croient que Jésus aime tout le monde, peu importe l’orientation sexuelle ou le genre.
D’après un reportage de Jessica Doria-Brown, de CBC