Le président du Conseil du patronat du Québec de passage sur la Côte-Nord

Karl Blackburn
Photo : Radio-Canada/Lisa-Marie Fleurent
Le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, est de passage sur la Côte-Nord. En entrevue au Téléjounal Est-du-Québec, il a fait le point sur les défis et les enjeux auxquels les entrepreneurs de la Côte-Nord font face, notamment en lien avec la pénurie de logements et de travailleurs.
Quelles sont les préoccupations majeures des entrepreneurs de la Côte-Nord?
Karl Blackburn : J'ai eu l'occasion et le privilège de rencontrer plusieurs employeurs et entrepreneurs sur l'immensité du territoire et les enjeux que ceux-ci m'ont soulevés sont exactement les mêmes que les enjeux des employeurs de toutes les régions du Québec.
La pénurie de main-d'œuvre est vraiment un problème important qui freine des investissements et qui fait en sorte que des employeurs doivent refuser des contrats.
L'autre problème qui est également soulevé et qui est directement en lien avec la capacité d'accueil des gens, c'est la pénurie de logements. Malheureusement, dans les régions, il y a une pénurie de logements qui vient freiner l'arrivée de travailleurs potentiels.
Alors, dans ce contexte, ce sont vraiment des préoccupations importantes.
Parmi les solutions pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre, le Conseil du patronat dit qu'il faut miser sur l'immigration et augmenter les seuils à au moins 80 000 personnes par année. Est-ce que c'est possible dans un contexte de rareté de logements dans des régions comme la Côte-Nord?
Karl Blackburn : Il y a exactement un an, nous avons rendu publique une étude qui venait prioriser ou indiquer comment on pouvait arriver à régler la pénurie de main-d'œuvre. Nous avons présenté dix solutions. Dix solutions, dont la formation, des rehaussements des compétences, une amélioration de la littéracie, la reconnaissance des diplômes étrangers, les travailleurs expérimentés qui restent plus longtemps sur le marché du travail et, également, l'immigration.
Alors, l'ensemble de ces solutions permettraient, on en est convaincu du côté du Conseil du patronat, de régler la pénurie de main-d'œuvre.
Pour votre information, en 2017, le gouvernement avait établi que pour pallier les départs à la retraite de 1,2 million de travailleurs et une légère croissance économique jusqu'en 2026, nous avions besoin d'avoir 1,4 million de travailleurs.
Ces 1,4 million de travailleurs proviennent d'où? 50 % des besoins vont être pourvus par ceux qui sont aux études actuellement, 25 % des besoins par ceux qui sont un peu plus éloignés du marché du travail et 25 % des besoins devraient être pourvus par l'immigration. Et, à ce moment-là, le seuil établi par le gouvernement était de 64 000 immigrants par année.
Malheureusement, depuis 2017, ce seuil n'a jamais été atteint.
Vous connaissez bien l'industrie forestière, M. Blackburn, l'industrie qui joue un rôle important sur la Côte-Nord, mais il y a des défis. On pense à l'usine de Produits forestiers Résolu, à Baie-Comeau, qui est fermée depuis plus de deux ans. Quel avenir y a-t-il pour cette industrie, selon vous, dans la région?
Karl Blackburn : J'ai eu l'occasion de rencontrer des gens de l'industrie, justement, dans ma tournée de la Côte-Nord concernant l'aménagement forestier, concernant les travaux sylvicoles, concernant les opérations à la scierie des Outardes, entre autres.
Il y a énormément de potentiel et de perspectives [d'avenir].
Ces installations, à l'intérieur même du réseau, se classent avantageusement par rapport à la productivité et par rapport à la capacité de celle-ci de pouvoir s'intégrer.
J'ai eu l'occasion d'entendre dans la dernière semaine, des projets reliés avec la fibre forestière qui est ici, sur la Côte-Nord, et la volonté des gens de faire de cette ressource naturelle encore un fleuron qui va permettre une croissance économie.
Il y a des projets avec un potentiel intéressant. Quels seront-ils? Je n'ai pas la réponse, mais il est clair que les gens n'ont pas baissé les bras.
Vous avez vu les consultations sur le caribou dans les dernières semaines, qui opposaient parfois deux visions sur la Côte-Nord : celle de l'industrie forestière, pour protéger les emplois, l'autre sur la protection de l'espèce menacée. On l'a vu à Baie-Comeau. Au Conseil du patronat, comment voyez-vous cela?
Je pense que c'est important de maintenir le canal de communication. Il y a des objectifs qui sont poursuivis par certains groupes, certaines personnes, de protection, mais également, il y a des besoins reliés à l'utilisation des ressources.
En maintenant le dialogue, je crois qu'on est capables d'en arriver à des consensus. Il faut continuer ce dialogue qui est extrêmement important.
Lorsqu'on arrive à discuter avec les bons arguments, les bons points, et surtout, en faisant une très grande place à la science, ça peut nous guider dans nos décisions collectives et dans l'équilibre qui est extrêmement important [à conserver] dans notre société.