De jeunes musiciennes de l’armée entrevoient l’avenir avec optimisme
Les Forces armées ont été critiquées pour leur gestion des plaintes d'inconduites sexuelles.
Sandra Veilleux et Marie-Pier Tardif se trouvent chanceuses de pouvoir compter sur l'appui et la protection de personnes comme Marielle Audet (à gauche).
Photo : Radio-Canada / Julie Landry
La façon dont de nombreuses femmes ont été traitées dans les Forces armées canadiennes pourraient décourager certaines de s’y enrôler ou d'y rester. Toutefois, quelques-unes considèrent que leur employeur est prêt à changer la culture de l'institution. C'est le cas de trois femmes musiciennes de la base navale des Forces canadiennes Esquimalt, près de Victoria, en Colombie-Britannique.
Je me sens bien ici
, lance la matelote de 1re classe Marie-Pier Tardif, qui est clarinettiste dans l’ensemble de musique Naden, de la Marie royale canadienne depuis l’année dernière.
Elle est au courant de toutes les allégations liées aux inconduites sexuelles dans l’armée et du rapport accablant de Louise Arbour sur ces inconduites. Mais elle ne vit pas cette réalité au sein de l’ensemble musical.
Je trouve que c'est une branche qui est consciente de ces enjeux-là
, constate-t-elle, après avoir découvert au sein de l’ensemble une prise de conscience, un espace de discussion et de questionnement sur ce qui est éthique ou non.
« Je sens que s’il m'arrive quelque chose, les ressources sont accessibles. Je sais à qui parler. »
Matelote de 1re classe et percussionniste au sein de l’ensemble depuis 2020, Sandra Veilleux est totalement d’accord avec sa collègue. Ayant toujours travaillé dans un monde d’hommes comme percussionniste, elle a pu constater que le sexisme est un problème de société plus général.
Elle a également observé, à son arrivée sur la côte ouest, que son entourage se posait des questions sur ce qui est correct ou non et sur la façon dont on peut s'améliorer.
Elle se réjouit également ravie qu'il existe des ressources en santé mentale. Puis c'est le fun aussi d'être dans une atmosphère où on peut avoir des vraies conversations
, ajoute-t-elle.
Marie-Pier Tardif, pour sa part, observe aussi des changements dans l’armée, par exemple, la nouvelle plateforme de soutien par les pairs des victimes lancée récemment.
Mission : protéger les femmes
La maître de 1re classe et multiinstrumentiste Marielle Audette est dans les forces canadiennes (armée de terre, forces aériennes et marine) depuis 1985. Elle joue de plusieurs instruments, dont la clarinette basse, dans l’ensemble Naden depuis 2010.
Les bonnes paroles de ses collègues l'enchantent. Cela fait du bien à entendre, parce que c'est certain que cela n'a pas toujours été comme ça, même dans la branche de la musique
, affirme-t-elle.
Sans dévoiler de détails, elle admet avoir été témoin de situations répréhensibles. Il y avait justement des cas de personnes en position de pouvoir qui n'étaient pas vraiment justes dans la façon dont elles agissaient avec les gens. Elles n’essayaient pas de comprendre
, affirme la maître de 1re classe.
Elle reconnaît aussi la présence d’alliés masculins, comme le directeur actuel de l’ensemble musical Naden, le lieutenant de vaisseau Ben Van Slyke.
« On dit à quel point c'est merveilleux ici, mais c'est important de noter que la réalité pour les femmes dans les forces n’est pas aussi belle dans le reste de la profession des armes. »
Elle s’est donc donné une mission : protéger les autres. Moi, les jeunes femmes qui rentrent dans l'unité, elles sont mes protégées
, affirme celle qui se donne le surnom de maman ourse.
Marielle Audet a fait partie des discussions qui ont mené à la création de la plateforme de soutien par les pairs et d'une initiative de justice réparatrice. Elle se réjouit de voir enfin un programme qui prend en considération les besoins des victimes.
Un avenir prometteur
Sandra Veilleux et Marie-Pier Tardif se trouvent très chanceuses de pouvoir compter sur des femmes comme Marielle Audet ou l’ancienne directrice de l’ensemble de musique, la lieutenante de vaisseau Catherine Norris, qui a été mutée à Ottawa.
Sandra Veilleux affirme que le fait d'avoir été dirigée par une femme a été un choc parce que ses supérieurs avaient toujours été des hommes. La représentation, c'est important.
Le fait que ces femmes occupent ces positions et y excellent est une inspiration pour ces jeunes musiciennes qui sont convaincues que tout est possible pour elles dans l’armée.