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Les épaulards résidents du Sud ne mangent pas à leur faim, selon une étude

Un épaulard résident du sud nage devant un banc de saumon près du fleuve Fraser, en Colombie-Britannique.

Trois des six années de déficit alimentaire ont eu lieu en 2018, 2019 et 2020.

Photo : La Presse canadienne / Keith Holmes

La population en danger des épaulards résidents du Sud, au large de l’île de Vancouver, manque de saumons pour combler ses besoins caloriques, conclut une étude publiée dans la revue scientifique PLOS One (Nouvelle fenêtre) (en anglais).

Les cétacés se sont retrouvés en déficit énergétique pendant six des quarante années étudiées.

Surtout, sur ces six années de déficit, trois se sont déroulées de 2018 à 2020. La différence moyenne d'énergie s'est élevée à plus de 28 000 calories, soit environ 17 % de l'énergie quotidienne requise pour un épaulard adulte moyen, selon les auteurs. Les autres années de déficit ont été 1983, 2008 et 2012.

Les besoins énergétiques des grands mammifères marins à sang chaud sont particulièrement élevés en raison des exigences pour réguler la température de leur corps et pour la recherche de nourriture, précise l’étude.

Fanny Couture, écologiste marine à l'Institut des pêches et des océans de l’Université de la Colombie-Britannique, et co-autrice de l’étude, explique que tout cela est inquiétant parce que les résidents du Sud sont une très petite population.

Alors que les épaulards résidents du Nord ont une population d'environ 300 individus, ceux du Sud sont davantage menacés et ne comptent que 73 individus. Depuis 2008, l’espèce est classée comme espèce en voie de disparition aux États-Unis et au Canada.

Les menaces pour les épaulards résidents du Sud sont notamment le trafic maritime et le bruit sous-marin associé, les contaminants toxiques et la diminution des ressources alimentaires.

[Il faudra faire de futures recherches] pour comprendre comment ce déficit énergétique, donc le fait que les [épaulards] ne mangent pas assez, influe [sur] leur comportement, mais aussi influe [sur] les trajectoires démographiques de cette population, c'est-à-dire les naissances ainsi que les morts.

Une citation de Fanny Couture, écologiste marine, Université de la Colombie-Britannique

Les saumons chinook représentent 90 % de leur alimentation

Les épaulards résidents du Sud passent environ 80 % de leur temps dans la mer des Salish pendant les mois d'été, et voyagent beaucoup à travers le détroit Juan de Fuca, le détroit de Haro et la partie sud des îles San Juan.

Au cours des dernières années, les observations de ces cétacés en Colombie-Britannique sont étroitement liées aux remontées de saumons de mai à octobre à l'extrémité sud de l'île de Vancouver.

Les saumons chinook représentent jusqu'à 90 % de l’alimentation des épaulards résidents du Sud pendant les mois d'été. Mais la plupart des populations sauvages de ce poisson du nord-est du Pacifique ont récemment connu un déclin.

Il y a de plus en plus d'images, notamment en utilisant des drones qui montrent que les [épaulards] deviennent de plus en plus maigres et perdent leurs réserves de graisse.

Une citation de Fanny Couture, écologiste marin, Université de la Colombie-Britannique

L’étude n’a pas pu recueillir des données en hiver, car on ne sait pas où se trouvent les épaulards résidents du Sud pendant cette saison. Fanny Couture précise qu’il y a de plus en plus [d'indices] qui montrent que les [épaulards] résidents du Sud seraient capables de diversifier un peu ce qu'ils mangent pendant l'hiver.

Un groupe d'épaulard avec un traversier qui passe derrière.

Les épaulards résidents du sud sont menacés par les activités humaines qui créent de la pollution et des nuisances acoustiques dans l'eau.

Photo : C. Emmons/NOAA Fisheries

À la fin du mois de septembre et en octobre, les épaulards résidents du Sud ont tendance à se nourrir également de saumons coho et kéta, ce qui confirmerait qu’ils s’adaptent alors que leur mets favori se fait rare.

En comparant des chiffres entre 1979 et 2020, les chercheurs ont constaté que l'abondance globale des poissons avait diminué d’environ 20 à 40 %.

La consommation saisonnière de saumon chinook par les épaulards d'avril à octobre aurait varié d’environ 216 000 à 166 000 poissons entre 1979 et 2020. La consommation la plus élevée aurait été en 1993, et la plus basse en 2018.

Des saumons prisés des otaries

Dans un communiqué, l'auteur principal de cette étude, le Dr Carl Walters, explique que la pêche commerciale du saumon chinook au Canada a été réduite à la fin des années 1990 à la suite d'observations d'une baisse de l'abondance.

[Mais] ces déclins se sont poursuivis malgré de graves réductions de la pêche, écrit-il. Selon lui, l'augmentation massive de l'abondance des otaries de Steller depuis le milieu des années 1980 pourrait expliquer le déclin des saumons chinook.

Outre la prédation d’autres espèces, d’autres facteurs pourraient expliquer leur déclin, comme la pêche, le réchauffement de l’eau et peut-être une augmentation des maladies liées aux changements climatiques, énumère Fanny Couture.

Quant aux épaulards résidents du Nord, les chercheurs ne savent pas s’ils sont eux aussi en déficit énergétique, cela pourrait donc faire l’objet d’une future recherche, dit l’écologiste.

Les chercheurs concluent que les décisions futures en matière de conservation et de gestion des pêches doivent se concentrer sur le rétablissement des différents saumons du Pacifique.

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