La recette derrière le succès de Canada Sauce

Canada Sauce produit de la relish sucrée, de la moutarde et du ketchup aux tomates.
Photo : Radio-Canada / Roby St-Gelais
Le fabricant de condiments Canada Sauce, qui a su prévoir l'avenir et venir à la rescousse des consommateurs lors d'une pénurie de moutarde, fait les manchettes depuis l'annonce de son contrat avec Costco. En réalité, cet accomplissement n'est qu'un objectif de l’entreprise parmi tant d'autres. Il s’agit même d’une première étape vers de plus grands défis.
Infirmier de formation, le propriétaire de Canada Sauce, Simon-Pierre Murdock, s’est toujours senti interpellé par l’entrepreneuriat. Cette fibre coule littéralement dans ses veines, puisque sa famille œuvre dans le monde des affaires depuis plusieurs décennies à Chicoutimi.
En 2008, le jeune entrepreneur a fondé l'entreprise Morille Québec. Cette première expérience en affaires lui a permis de faire des essais, des erreurs et des apprentissages.
Dix ans plus tard, la fermeture des usines d’une multinationale de production de condiments en Ontario a eu l’effet d’un déclic.
« C'est là où je me suis dit: ''Pourquoi, au Québec, on ne serait pas propriétaire d'une entreprise qui fabrique des condiments?'' J'ai convaincu mes associés d'embarquer dans une espèce de conquête du marché. »
Saveurs locales
Canada Sauce est une entreprise de fabrication de condiments aux ambitions internationales. Malgré tout, le marché local demeure une priorité. Tous les ingrédients des recettes proviennent d'ailleurs du pays, de la province ou de la région.
Le meilleur vendeur est le ketchup, qui est fait à partir de tomates de l’Ontario. L’autre variante, le « Quetchup », est le premier ketchup de la province produit avec des tomates québécoises.
La moutarde, vendue chez Costco, est produite avec de la farine et des graines de moutarde commandées de l’Ouest canadien. Ces graines sont aussi utilisées dans la relish à l’ancienne de la compagnie. Les concombres proviennent des serres Toundra de Saint-Félicien.
Succès fulgurant
Avec 20 % à 40 % de croissance par année, l'entreprise va bien, même trop bien. L’équipe limite ses engagements pour s’assurer de pouvoir répondre à la demande. Neuf produits attendent toujours d'être lancés.
À l'usine de Chicoutimi-Nord, 35 employés travaillent sur toutes les étapes, de la production jusqu'au marketing. Les condiments sont entièrement concoctés sur place.
Ça fait seulement trois ans. On est une jeune gazelle qui va vite et on veut s'assurer de ne pas prendre de mauvaises décisions, explique Simon-Pierre Murdock. On a des produits qui s'en viennent dans les prochaines années, mais pour l'instant on se concentre vraiment sur nos trois condiments qui sortent bien en magasin.
Vers le marché américain?
Après trois ans d'existence, l’entreprise détient entre 8 % et 10 % des parts du marché québécois grâce à sa présence dans 2000 points de vente. À court terme, le but est de doubler ces chiffres.
Simon-Pierre Murdock affirme qu’il a des discussions avec des distributeurs un peu partout au Canada. Il a aussi des visées sur le marché américain.
« On a un potentiel de 5000 points de vente pour le Canada et dans un second temps, on va regarder du côté du marché américain pour avoir des contrats avec des marques pour fabriquer des condiments de qualité pour nos voisins du Sud. Notre plus grand rêve, c'est la maison de la tomate. On parle d'un projet de 50 millions. »
Malgré l'inflation et la hausse des coûts de fonctionnement, l’entreprise n'a pas augmenté ses prix auprès des consommateurs. L'équipe a plutôt décidé d'augmenter sa productivité, en misant sur l'automatisation de la production. Bien qu’elle soit à la conquête du continent, il n’est pas question pour l’entreprise de Saguenay de prioriser la quantité au détriment de la qualité.
Que le meilleur gagne. Nous, on regarde en haut et on se concentre sur nos forces et pas sur les faiblesses de la concurrence
, conclut l'entrepreneur.
D'après les informations de Béatrice Rooney