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Une proposition de centre d’hébergement pour Inuit crée des remous à Ottawa

Maquette d'un bâtiment de 6 étages en briques.

La construction du nouveau bâtiment de Larga Baffin sera située route Hunt Club, dans le sud-est d'Ottawa.

Photo : Fotenn/Ville d'Ottawa

Radio-Canada

Un projet de centre d’hébergement à Ottawa pour les Inuit ayant des besoins médicaux est au coeur de tensions entre ses promoteurs et les habitants de la capitale fédérale.

Le projet vise à donner de nouveaux locaux à Larga Baffin, un centre d’hébergement pour les Inuit qui se rendent à Ottawa pour des rendez-vous médicaux nécessitant des séjours de courte ou de longue durée. Le nouvel immeuble serait situé route Hunt Club, dans le sud-est de la ville.

Les locaux actuels, situés route Richmond, ne suffisent plus à la demande, et des résidents doivent être envoyés à l’hôtel.

La population divisée

À l’approche d’une séance lors de laquelle le comité de planification de la Ville doit se prononcer notamment sur la possibilité d’augmenter la hauteur du bâtiment, les résidents des environs qui se sont exprimés à propos du nouveau projet semblent divisés.

Parmi les quelque 350 commentaires reçus, une centaine étaient favorables au projet, alors que 250 y étaient opposés. Les employés de la Ville recommandent néanmoins d’aller de l’avant.

Parmi les raisons citées par les opposants au projet, il y a d’importantes inquiétudes liées à une possible augmentation de la criminalité et de l’usage de drogues, de même qu’à l’effet de l’arrivée du centre d’hébergement sur la valeur des propriétés avoisinantes.

Certains résidents croient que la résidence servira uniquement à des personnes qui ne sont pas d’Ottawa et n’a donc aucun avantage direct pour la communauté, ajoute le rapport.

Nous sommes fiers d’accueillir ce genre de résidence dans notre ville, mais il faut s’assurer que [le projet est] compatible avec le quartier dans lequel il s’installe et que les inquiétudes du voisinage trouvent une réponse, explique de son côté la conseillère municipale locale, Diane Deans.

Maquette d'un nouveau bâtiment de 6 étages.

Le comité de planification de la Ville d'Ottawa doit se prononcer sur la dernière version du projet lors d'une rencontre prévue le 23 juin.

Photo : Fotenn/Ville d'Ottawa

L’impact sur les familles

Parmi les Nunavummiut qui ont bénéficié des services de Larga Baffin, il y a la mère de Katherine Takpannie.

Cette dernière, qui est aujourd’hui hospitalisée dans la capitale, a résidé à Larga Baffin pendant qu'elle subissait des chirurgies de remplacement des genoux et de traitement pour une tumeur au cerveau.

Katherine Takpannie, une artiste vivant à Ottawa, déplore la teneur du débat à propos du nouveau projet de résidence. Il y a eu beaucoup de commentaires déplacés et racistes, affirme-t-elle.

Selon elle, la mentalité du pas dans ma cour n’est qu’une barrière de plus visant à empêcher les Inuit d’obtenir des soins de santé adéquats.

Les commentaires liés à la proposition de Larga Baffin ont également eu l’effet d’une douche froide sur la pasteure de la résidence, Manitok Thompson.

Lorsqu’elle a eu vent du projet, elle s’est permis de rêver à un lieu où les mères pourraient venir avec leurs enfants, où il y aurait un terrain de jeu, une bibliothèque et une salle de couture, par exemple.

Elle est toutefois choquée par certains des commentaires qu'elle a entendus, qu’elle décrit comme des propos racistes à l’ancienne.

« Notre but n’est pas de mettre les gens mal à l'aise. Nous sommes là parce que nous souffrons. »

— Une citation de  Manitok Thompson, pasteure, Larga Baffin

Des inquiétudes infondées, dit le gestionnaire du projet

Nous essayons de minimiser l’impact de la circulation et nous nous assurons qu’il y a une zone tampon entre [le nouvel immeuble] et les quartiers résidentiels, explique Bill McCurdy, de la firme Creva Group, qui gère le projet au nom de Larga Baffin.

Lorsqu’ils arrivent à Ottawa, les Nunavummiut sont conduits à Larga Baffin, qui s’occupe de les emmener sur les lieux de leurs rendez-vous.

Selon Bill McCurdy, cette circulation sera inférieure à celle que génèrent actuellement les entrepôts et les commerces qui occupent le terrain où est prévu la construction du nouveau bâtiment.

Quant au risque de voir les résidents fumer sur les trottoirs, il précise que la question a été posée lorsque Larga Baffin s’est installé dans son immeuble actuel, mais que la création d’une zone réservée aux fumeurs dans la propriété a réglé le problème.

Selon les plans déposés à la Ville, le bâtiment prévu offrirait 220 chambres pouvant héberger jusqu’à 350 Nunavummiut. Il compterait également une cuisine, des espaces communautaires et un terrain aménagé.

Si les changements de zonage sont approuvés, la construction devrait être terminée d’ici trois à cinq ans.

Avec les informations de Sara Frizzell

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