Des patientes qui perdent leur oncologue ignorent ce qui les attend

Linda Vienneau, une patiente du Centre d'oncologie de Moncton, reçoit actuellement des traitements pour soigner son cancer du sein.
Photo : Radio-Canada
- Maya Chebl
Marie-Ève Paulin et Linda Vienneau ont deux choses en commun : elles ont reçu un diagnostic de cancer du sein et sont toutes les deux sur le point de perdre leur médecin oncologue. En tout, 1200 patients sont touchés par le départ de trois spécialistes en oncologie à Moncton.
Vendredi, Radio-Canada Acadie apprenait qu’un troisième spécialiste du Centre d’oncologie du CHU Dr-Georges-L.-Dumont démissionnait en l'espace de quelques semaines. Il avait avisé le Réseau de santé Vitalité de sa démission, sans toutefois expliquer les raisons de son départ. Un autre spécialiste avait déjà démissionné l'année dernière.
Fin mai, deux oncologues avaient décidé qu’ils quitteraient leurs fonctions à la fin du mois de juillet. La pdg de Vitalité, la Dre France Desrosiers, avait alors évoqué en entrevue des relations de travail laborieuses
. Cette situation avait créé des insatisfactions
au niveau des conditions de travail et de la rémunération, avait-elle notamment précisé.
Linda Vienneau, qui réside à Petit-Rocher-Nord, dans la Baie-des-Chaleurs, n’a pas encore été avisée par l’hôpital du départ du Dr Skander Ghedira. Elle fait partie des 1200 patients affectés par la démission de trois oncologues en l'espace de seulement quelques semaines.
Les patients de l'oncologue qui a démissionné en 2021 ont déjà été redirigés vers un autre spécialiste.

Linda Vienneau se dit choyée d'avoir pu compter sur l'appui de sa communauté, à Petit-Rocher-Nord.
Photo : Radio-Canada
D'ailleurs, c’est la deuxième fois que son dossier est transféré en moins d’un mois. Elle était auparavant la patiente du Dr Ali Benjelloun, l’un des deux spécialistes qui a remis sa démission en mai.
J’essaye de pas trop me stresser, parce que tous les traitements et ce processus-là est déjà assez difficile à vivre
, confie la coiffeuse qui est en arrêt de travail sans solde depuis deux mois. Mais, somme toute, elle se sent choyée d’avoir le soutien de sa communauté qui l’aide financièrement à traverser cette période éprouvante.
Mon but numéro un, c’est de guérir, et j’aimerais retourner au travail en novembre. Je fais tout mon possible pour rester positive.
C’est grâce à cet optimisme qu’elle demeure confiante qu’un autre capitaine de la barque
, – c'est ainsi qu'elle surnomme les oncologues – assurera bientôt son suivi.
Il faut qu’il y ait le capitaine, et il faut que le capitaine soit bien
, est convaincue Linda Vienneau. C’est dommage que le capitaine doit s’en aller pour des raisons personnelles.
Un roulement un peu inquiétant
Marie-Ève Paulin a terminé depuis un an ses traitements pour soigner son cancer du sein. Elle a désormais un rendez-vous tous les six mois avec un médecin du Centre d’oncologie Dr-Léon-Richard.

Depuis son diagnostic de cancer du sein, Marie-Ève Paulin a été prise en charge par trois oncologues.
Photo : Radio-Canada
Depuis qu’elle a reçu son diagnostic, cette résidente du Village de Bertrand, dans la Péninsule acadienne, a été suivie par trois spécialistes à Moncton. Jusqu’à tout récemment, elle était la patiente du Dr Ghedira.
Elle soutient que la transition s’est toujours bien déroulée. Ça a toujours été des médecins compétents et des bons médecins aussi
, dit-elle, basée sur sa propre expérience.
C’est sûr que c’est plate qu’il parte et de devoir changer encore de médecin, mais je suis certaine que le centre d’oncologie va faire [en sorte que] la transition se fasse quand même bien.
La semaine dernière, après la démission du Dr Ghedira, le Réseau de santé Vitalité a réitéré qu’il déploie actuellement un plan pour assurer la continuité des soins de tous les patients en oncologie.
Le mois dernier, la Dre France Desrosiers avait aussi soutenu que, malgré ces départs, les délais de traitement seront respectés.
Marie-Ève Paulin admet tout de même que le roulement est un peu inquiétant
. On se demande pourquoi les médecins ne veulent pas rester à Moncton ou au Nouveau-Brunswick
, renchérit-elle.
Un oncologue c’est trop, quatre, c’est terrifiant
, conclut-elle.
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Avec des informations de Serge Bouchard et de Pascal Raiche-Nogue
- Maya Chebl