L’inflation bondit à 7,7 % en mai, la plus forte hausse depuis janvier 1983
Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 9,7 %, ce qui correspond à la hausse enregistrée en avril.
Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn
On s’attendait à une hausse, mais pas de cette ampleur. L’inflation a poursuivi sa progression pour atteindre 7,7 % en mai au Canada, la plus forte augmentation depuis janvier 1983, signale Statistique Canada mercredi.
Il s’agit également d’une forte augmentation par rapport à la hausse de 6,8 % enregistrée en avril dernier.
Ce sont les prix de l’essence, qui ont augmenté de 12 % par rapport à avril, qui expliquent cette accélération de la croissance au cours du mois de mai, indique Statistique Canada.
Comparativement à mai 2021, les consommateurs ont payé 48,0 % de plus pour l'essence en mai à cause de la majoration des prix du pétrole brut, qui s'est aussi traduite par une hausse des prix du mazout et autres combustibles (+95 %), souligne Statistique Canada.
En excluant les prix de l’essence, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 6,3 % d'une année à l'autre en mai après avoir augmenté de 5,8 % en avril
, précise Statistique Canada.
Les prix à la hausse pour les services, notamment les hôtels et les restaurants, y ont eux aussi contribué. Les prix des aliments et du logement sont restés élevés en mai, leur taux de croissance d'une année à l'autre étant le même
, peut-on lire dans le rapport.
En mai, les frais de logement ont augmenté de 7,4 % d'une année à l'autre, ce qui correspond à la hausse observée en avril.
Le document indique que d’une année à l'autre, la hausse du coût de remplacement par le propriétaire a été inférieure en mai (+11,1 %) par rapport au mois précédent (+13,0 %).

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Le panier d’épicerie coûte toujours aussi cher
Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 9,7 %, ce qui correspond à la hausse enregistrée en avril.
Les prix de presque tous les produits alimentaires ont augmenté, ce qui ajoute de la pression sur les Canadiens.
Cette hausse est entre autres attribuable aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement ainsi qu'à la hausse des prix du transport
.
Le coût des graisses et des huiles comestibles a augmenté de 30,0 % par rapport à il y a un an, principalement en raison de la hausse des prix des huiles de cuisson. Les prix des légumes frais ont grimpé de 10,3 %.
L’IPC
a augmenté de 1,4 % en mai après avoir progressé de 0,6 % en avril.Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l'IPC
a augmenté de 1,1 %. Il s'agit de la croissance la plus marquée depuis l'introduction de cette série, en 1992.Par ailleurs, les salaires horaires moyens ont augmenté de 3,9 % d'une année à l'autre en mai. Cela signifie que la hausse des prix a dépassé celle des salaires au cours des 12 mois précédents
.
L'économiste en chef de Desjardins, Jimmy Jean, a affirmé que plus des trois quarts des composantes de l'inflation avaient augmenté de plus de 3,0 %, soit l'extrémité supérieure de la fourchette cible de la Banque du Canada.
Nous avons un taux de chômage record, des salaires en hausse, donc une économie qui est vraiment au-dessus de sa capacité actuelle et qui est vraiment dans l'arrière-cour des banquiers centraux. […] En ce qui concerne la demande intérieure et le fait que la demande est trop forte pour le niveau d'approvisionnement existant, c'est vraiment leur responsabilité [celle de la Banque du Canada, NDLR ]
, a souligné M. Jean.

Le taux de l’inflation est de 7,7 % pour le mois de mai, encore plus que ce à quoi les experts s'attendaient. Il s'agit de la plus haute augmentation depuis janvier 1983. Les explications de l'économiste Daniel Denis.
La croissance de l’IPC
est plus prononcée dans toutes les provinces des Maritimes, mais c’est l’Île-du-Prince-Édouard qui est en tête de liste avec un taux de 11,1 %. En avril, la province affichait 8,9 %.En revanche, la Saskatchewan enregistre le taux le plus bas en avril à l’échelle du pays avec 7,0 %, alors qu’elle enregistrait 5,9 % le mois précédent.
Pour ce qui est du Québec, la province enregistre 7,5 %, contre 6,8 % en avril.
Les taux doivent augmenter
La sous-gouverneure principale de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, a déclaré mercredi que l'inflation nuit aux Canadiens et rend les biens et services inabordables.
Nous savons que l'inflation empêche les Canadiens de dormir la nuit, elle nous empêche de dormir la nuit et nous n'aurons pas de repos tant que nous ne l'aurons pas ramenée à la cible
, a affirmé Mme Rogers lors d'une activité publique à Toronto.
Nous avons toujours été clairs : l'économie est en demande excédentaire, l'inflation est trop élevée, les taux doivent augmenter
, a-t-elle affirmé.